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Guyane: les grévistes rejettent la proposition du gouvernement
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les négociations sont toujours au point mort. Le collectif de grévistes a rejeté, dimanche 2 avril, l'offre du gouvernement de plus d'un milliard d'euros pour trouver une issue au mouvement social dans le département d'outre-mer. "Nous exigeons 2,5 milliards d'euros tout de suite", a lancé Olivier Goudet, un porte-parole du collectif, depuis le perron de la préfecture à Cayenne. Le Premier ministre Bernard Cazeneuve doit réunir plusieurs ministres à Paris, lundi après-midi, pour discuter de la situation.
Une offre encore insuffisante. Le collectif a jugé insuffisante la proposition de la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, de débloquer un plan d'urgence de 1,085 milliard d'euros. "La ministre fait comme si elle ne savait pas que nous avons 50 ans de retard, qu'on subit, que nous voyons de la misère dans notre pays, a estimé Olivier Goudet. Nous allons lui montrer."
Le gouvernement compte maintenir son plan d'urgence. Il"répond aux préoccupations prioritaires exprimées par les différentes parties prenantes regroupées en collectifs, notamment en ce qui concerne l'éducation, la sécurité, la santé ou la commande publique", selon un communiqué d'Ericka Bareigts.
Vers un durcissement du mouvement ? Olivier Goudet a annoncé dimanche que "tous les barrages seraient fermés"lundi. "La fusée restera au sol tant que la Guyane ne décollerapas", a ajouté Mickaël Mansé, un porte-parole des 500 Frères. Une manifestation a été annoncée mardi à 9 heures à Kourou, près du site de lancement des fusées Ariane.
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En Guyane, récit d’une négociation dans l’impasse
Le collectif Pou Lagwiyann dékolé exige 2,5 milliards d’euros en plus des mesures d’urgence proposées. Ericka Bareigts rentre à Paris sans accord.
La ministre des outre-mer, Ericka Bareigts, est repartie de Guyane, dimanche 2 avril en fin de journée, sans avoir obtenu un accord avec le collectif Pou Lagwiyann dékolé (« pour que la Guyane décolle », en créole), qui représente le mouvement social débuté depuis deux semaines et qui freine l’activité du département.
Les représentants du collectif ont rejeté le protocole d’accord qui leur avait été soumis dans la matinée, estimant que le plan d’urgence de 1,085 milliard d’euros annoncé la veille par le gouvernement est du « saupoudrage ».
De même, malgré les accords sectoriels qui ont pu être signés dans la nuit de samedi à dimanche et pendant la journée de dimanche, des revendications essentielles en matière d’éducation, de santé ou encore de culture ne sont toujours pas satisfaites. Le collectif exige une enveloppe supplémentaire et immédiate, « non négociable », de 2,5 milliards d’euros.
Récit de la dernière séance de négociations qui a débuté à 18 h 30, heure locale. Alors que toutes les composantes du collectif étaient présentes, seuls les porte-parole des 500 Frères contre la délinquance se sont exprimés.
« Nous prenons acte de votre volonté de travailler sérieusement. Des accords importants ont été signés, nous en prenons acte, déclare préalablement le premier d’entre eux. Vous voudriez que les mesures qui ont été actées passent en conseil des ministres. Il y a quand même un point important. Deux secteurs, la sécurité et l’économie, ont obtenu satisfaction sur l’essentiel de leurs revendications. Mais il n’est pas possible de démobiliser la Guyane si d’autres secteurs comme la santé et l’éducation n’ont pas des moyens significatifs. »
« Cette enveloppe n’est pas négociable »
« Nous estimons les besoins, hors plan d’urgence et pacte d’avenir, à 2,5 milliards d’euros, poursuit-il. Nous nous sommes arrêtés sur un chiffre qui nous paraît réaliste. Pour nous, cette enveloppe n’est pas négociable. Ce n’est pas une base à négocier à la baisse. Nous attendons que le gouvernement se positionne sur cette enveloppe. »
Mme Bareigts prend la parole à son tour. « Je suis allée au bout de l’expérience collective. Beaucoup de secteurs, pas seulement deux, ont fait l’objet d’avancées significatives et d’accords signés, assure-t-elle. Je souhaiterais, à partir du moment où nous avons fait ce travail collectif, où il y a eu des avancées significatives, que les écoles puissent rouvrir, que les entreprises puissent fonctionner, que l’activité reprenne. »
« Je fais cette demande forte par rapport à la négociation. Après, chacun devra prendre les responsabilités qui sont les siennes, insiste-t-elle. J’ai une réunion demain [lundi] à Paris avec le premier ministre et tous les ministres pour présenter les décisions qui ont été actées, pour qu’elles puissent passer en conseil des ministres mercredi. »
De nouveau, un représentant des 500 Frères prend la parole. « Vous nous demandez que demain reprenne l’activité comme si tout était réglé. Nous sommes déterminés. On ne peut pas, rétorque-t-il. La Guyane ne sera plus jamais laissée pour compte. C’est fini ça. Depuis 1946, on est département français. On est en 2017 : soixante et onze ans. Soixante et onze ans qu’on nous dit toujours “attendez, attendez, attendez”. On ne peut plus attendre. La Guyane doit être placée en urgence absolue. Il faut débloquer les fonds. »
Nouveau rassemblement prévu mardi à Kourou
La ministre met alors un terme à l’échange. « J’ai entendu, je prends acte. Vous voulez aller vite, je suis allée très vite. Je vous remercie. » La séance est levée.
Les représentants du collectif se dirigent alors vers le balcon de la préfecture, au pied de laquelle sont massés plusieurs milliers de personnes, derrière la chaîne formée par les 500 Frères, tout de noir vêtus et cagoulés. Une foule « déterminée » à poursuivre la mobilisation.
« Très bientôt, nous devrons faire une nouvelle démonstration de force, annonce Olivier Goudet, un des porte-parole du collectif. Encore une fois, l’Etat a décidé de nous laisser des miettes mais cette fois, avec dignité, avec solidarité, avec classe, nous leur avons dit non. On va devoir dire à laFrance, c’est fini, c’est fini, c’est fini. Maintenant, les Guyanais doivent avoir ce qui leur est dû. »
Le nom du président de la République, François Hollande, est longuement hué. Dès lundi, de nouvelles initiatives de mobilisation sont en préparation. Un grand rassemblement est prévu mardi matin à Kourou, non loin de la base spatiale. « A l’image de la fusée Ariane, la Guyane doit décoller », lance Mikael Mancée, un autre porte-parole du collectif, du haut du balcon, tandis que la foule reprend en chœur chants et slogans, avant de se disperser.