(Arrêt sur images) Qu’ils prennent parti pour un candidat, contre l’abstention, ou, plus fréquemment que d'habitude, pour faire battre la droite, la gauche, le FN ou simplement l’abstention… ces dernières heures, nombre de médias ont pris position dans le débat présidentiel. Tour d’horizon des ralliements et appels au vote.

Mais pour qui appellent à voter les médias ? Dans les dernières heures avant le premier tour, journaux, éditorialistes, sites d’info et présentateurs télé prennent (ou pas) explicitement position dans le débat politique. Il y a d’abord ceux qui appellent à voter pour un candidat. C’est le cas du Figaro.

LE FIGARO SANS GRANDE SURPRISE...

En Une du quotidien ce samedi, l’éditorialiste Paul-Henri du Limbert, n’y va pas par quatre chemins : François Fillon est le "plus crédible" (ce qui n'étonnera pas Nicolas Dupont-Aignan,qui a divulgué les textos de chantage au boycott de l'actionnaire du journal, Serge Dassault).En premier lieu, face à "la vision communautariste" de Macron, et à "la philosophie béate du vivre ensemble", Fillon et "l’arsenal" qu’il propose contre le djihadisme "est le plus convaincant".

Sur le volet économique, également. "Entre le périlleux voyage sans retour que constituerait la sortie de l’euro de Marine Le Pen et le réformisme nébuleux et brouillon d’Emmanuel Macron, François Fillon préconise la seule voie qui puisse remettre la France d’aplomb." Quant aux électeurs tentés par "un vote d’humeur ou de dépit", (aucun nom n'est cité, mais suivez mon regard du côté du susnommé Dupont-Aignan) l’éditorialiste du Figaro à un message pour eux : "A trop disperser leurs voix, ils risquent un second tour Macron-Le Pen. Et donc l’assurance de voir un jour de mai prochain François Hollande accueillir tout sourire sur le perron de l’Elysée, Emmanuel Macron".

LE DIRECTEUR DE L'OBS : "POURQUOI MACRON"

A l’opposé du Figaro, mais tout aussi formel, le directeur de la rédaction de L’Obs, Mathieu Croissandeau, défend son champion dans un édito titré "Pourquoi Macron". Le directeur de la rédaction de l’hebdo en est sûr : le candidat d’En Marche ! présente aujourd’hui "les meilleures garanties de rassemblement" dans l’optique de faire barrage au Front national. "Il faut le reconnaître, il a su, mieux que personne dans cette campagne, incarner à la fois un projet, un élan, un espoir de renouvellement et une volonté de rassemblement", assure Croissandeau, à rebours de son ancienne directrice-adjointe Aude Lancelin, licenciée avec pertes et fracas l'an dernier, qui assure, sur son nouveau site, que Macron est "le candidat du CAC 40"

L’Obs sans surprise pro-Macron ? En pied d’édito un petit encart indique toutefois que l’hebdo est "un journal pluriel et engagé". et que "L’opinion de son directeur ne saurait évidemment recouvrir l’intégralité des points de vue de sa rédaction." Pour autant, pas trace à priori sur le site de l’hebdo historiquement pro-PS de prises de position de dernières minutes en faveur d’autres candidats de gauche.

L'HUMA ET "LES JOURS HEUREUX" AVEC MÉLENCHON

À L’Huma, en revanche, une certitude : ce sera Mélenchon, point à la ligne. Le quotidien historique du parti communiste met le leader de la France insoumise en Une de son édition du weekend titrée "Votre Bulletin pour des jours heureux". L’Huma a également sélectionné pour ses lecteurs dix bonnes raisons de voter Mélenchon.

"DÉGAGER LA GAUCHE" VS "TOUT SAUF EUX" 

Et puis, il y a ceux qui appellent à voter contre. Comme Valeurs Actuelles qui titre en Une de son dernier numéro "Dégageons la gauche !", et n’a pas de mots assez durs pour étriller En Marche "au bord de l’implosion" et "la folie française de Mélenchon".

 

A l’inverse, il y a ceux qui appellent à contrer Fillon et Le Pen. "Tout sauf eux" titre Libé en une de son édition de samedi. En page intérieur, dans son éditorial, "Voter c’est se battre", Laurent Joffrin pointe Fillon et Le Pen comme "les diviseurs des Français, qui récupèrent le drame pour achalander leur douteuse boutique."

Alors voter, mais pour qui ? "On se gardera bien, dans ce premier tour imprévisible, de jouer les directeurs de la conscience de gauche", prétend Joffrin, qui voit pour l’électeur de gauche"trois choix rationnels" : Hamon, Macron et Mélenchon. Mais Joffrin déplore : "On eût préféré un seul candidat qui réunisse les gauches, qui conjure le spectre du conservatisme et du nationalisme et qui place le pays sur la voie du progrès social. Il n’existe pas." Et de renvoyer chacun en définitive, à son "coeur" et à sa "raison".

LE MONDE, TOUT SAUF LE PEN

Au Monde aussi on tente d’expliquer le positionnement du journal et du site. Et c’est le directeur du journal qui s’y colle, Jérôme Fénoglio, dans un édito intitulé "Les valeurs d’un vote". Fenoglio y affirme que : "Le Monde n’a pas vocation à soutenir un candidat, et encore moins à appeler à voter pour l’un d’entre eux à la veille d’un premier tour de présidentielle."

Toutefois, explique Fenoglio, Le Monde défend certaines valeurs. À commencer par "la construction européenne", "la démocratie". "Depuis les origines, notre engagement nous situe également du côté des libertés publiques, de la cohésion sociale et de la solidarité entre classes et générations", poursuit Fenoglio. Voilà qui, pour Le Monde, rend en tout cas une candidature "incompatible, en tous points, avec nos valeurs et nos engagements: celle de Marine Le Pen."

MÉLENCHON ? TRÈS PEU POUR QUATREMER ET OUEST FRANCE 

Un édito qui a fait sursauter, semble-t-il, le monsieur UE de Libération, le journaliste Jean Quatremer, qui comme nous le racontions ici s’est positionné quasi-publiquement en faveur de Macron. Dans un message publié sur Twitter ce samedi, il déplore que Le Monde n’ait pas également mis au ban, en plus de celle de Le Pen, la candidature de Mélenchon. Il écrit :"Pour le Monde, seule la candidature de MLP Officiel est incompatible avec ses valeurs. Pas celle de Jean-Luc Mélenchon. Beuve-Méry (fondateur du Monde) est loin."

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Mélenchon, candidature repoussoir à ranger aux côtés du FN ? C’est aussi, ce qu’affirme Ouest France, le premier quotidien régional de France. Dans son éditorial, OF estime qu'"aujourd’hui, ce qui est en jeu c’est le choix entre une société ouverte (Les Républicains, En Marche !, Parti socialiste) ou une société fermée (Front national, France insoumise)." SelonOuest France, à chacun de décider entre "la fermeture asphyxiante" et "l’ouverture dynamisante".

PLENEL POUR UN FINAL MACRON-MÉLENCHON

Et puis, il y a Mediapart qui "ne saurait s’engager derrière un candidat à l’élection présidentielle". Reste que dans son édito, le cofondateur du site, Edwy Plenel, appelle de ses voeux un second tour Macron-Mélenchon. Une "heureuse surprise", selon lui, que ce duel"qui, sanctionnant le cynisme néoconservateur de François Fillon et la violence post-fasciste de Marine Le Pen, offrirait un vrai débat et un choix loyal entre les deux orientations qui traversent la vie publique depuis le référendum européen de 2005 – où la victoire du «non» fut ignorée par les tenants du «oui»."

Enfin, il y a ceux qui, à défaut de prendre position, appellent à voter tout court, au premier tour… pour faire battre l’abstention. C’est le cas de Yann Barthès. Ce vendredi à la fin de son émission, le présentateur de Quotidien (TMC), s’est adressé directement aux téléspectateurspour les inciter à se rendre aux urnes ce dimanche : "Aucun candidat ne l'a dit. Aucun. Mais nous vivons dans ce qui est certainement l'un des plus beaux pays du monde ou en tout cas l'un des moins pires. Et pour que ça continue, pour que notre pays continue à être l'un des moins pires, votons pour le candidat le moins pire".

Et si en dépit de toutes ces pertinentes consignes, vous hésitez encore, voire songez à vous abstenir, regardez donc, sur notre site, la chronique d'Océanerosemarie, qui culpabilise les abstentionnistes (mais avec beaucoup d'empathie).