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La France insoumise sonde ses troupes
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Mediapart) La consultation des 440 000 soutiens de la France insoumise démarre ce mardi. Les militants pourront dire s’ils veulent voter Emmanuel Macron, blanc ou nul, ou s’abstenir. Le candidat ne devrait pas s’exprimer avant le résultat. De leurs côtés, le PCF et Ensemble appellent à battre le Front national.
La France insoumise, depuis dimanche soir, a pris des airs de France injoignable. Depuis la déclaration de Jean-Luc Mélenchon, quelques heures après les résultats du premier tour de la présidentielle qui le plaçaient quatrième (avec plus de 19 % des voix), dans laquelle il confirmait la tenue d’une consultation, ces jours prochains, des plus de 440 000 soutiens de La France insoumise, l’équipe de campagne du candidat – ce noyau de très proches – est aux abonnés absents. Ou presque. Alexis Corbière, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, était l’invité lundi matin de BFM TV et lundi soir sur France 5. Mais les messages envoyés par les journalistes restent le plus souvent sans réponse. La fameuse consultation, annoncée pour mardi matin, n’a vu le jour qu’en toute fin d’après-midi, à 18 heures. La faute à une série de réunions dans l’équipe de campagne, mais aussi au contrecoup : après des mois d’effervescence, l’équipe prend un peu plus le temps.
La déclaration, dimanche soir, de Jean-Luc Mélenchon, dans laquelle perçait l’amertume, appelle pourtant une suite. Dans cette courte intervention (voir ci dessous), Jean-Luc Mélenchon semblait renvoyer dos à dos les deux finalistes, parlant d’un « second tour entre deux candidats qui approuvent et veulent prolonger, les deux, les institutions actuelles, qui n’expriment aucune prise de conscience écologique, ni sur le péril qui pèse sur la civilisation humaine, et qui les deux comptent s’en prendre une fois de plus aux acquis sociaux les plus élémentaires du pays ».
Quarante-huit heures plus tard ou presque, les choses ont peu progressé. La consultation a été mise en ligne à 18 heures et annoncée par un communiqué. « Elle devrait être mise en ligne sous peu, le texte vient d’être finalisé », nous avait annoncé Éric Coquerel, co-coordinateur du Parti de gauche, peu avant 17 heures. Le communiqué, envoyé par l’équipe presse de Mélenchon, en donne le texte final :
« Aucun d’entre nous ne votera pour l’extrême droite. Pour autant, doit-on donner une consigne de vote ? Nous étions convenus depuis le début de notre campagne que les votes du premier tour ne seraient pas récupérés pour quelqu’un d’autre au second tour. Notre candidat, Jean-Luc Mélenchon, a loyalement respecté son engagement à ce sujet. Donc, comme cela avait été indiqué depuis le lancement de la campagne présidentielle du mouvement de la France insoumise, nous organisons ce jour la prise de parole des insoumis à propos de la position qu’ils adoptent personnellement sur le second tour de l’élection présidentielle. Il ne s’agit pas de donner une consigne de vote mais de faire connaître la position des insoumis. Nous vous invitons donc à nous faire part de votre choix à ce sujet parmi les différentes possibilités ci-dessous. Cette consultation sera close ce mardi 2 mai à 12 h 00 et est réservée aux signataires de la France insoumise enregistrés avant le dimanche 23 avril à 22 h. Ce choix est secret. Nous n’en publierons que le résultat et la liste des participants sera détruite. Comme chacun le sait, le mouvement de la France insoumise est, par définition, lié aux principes de notre devise républicaine “Liberté, égalité, fraternité”. Le vote pour la candidate d’extrême droite ne saurait donc représenter une option.
Je dis mon choix :
Choix 1 : Je vote blanc ou nul
Choix 2 : Je vote Emmanuel Macron
Choix 3 : Je m’abstiens. »
Lundi, sur BFM, Alexis Corbière – qui a écrit de nombreux ouvrages de lutte contre le FN – avait fait part du « terrible dilemme » dans lequel se trouve l’équipe de la campagne. À propos de la consultation, il avait ajouté : « L’affaire est simple, personne ne votera Front national. J’irai voter, mais il va y avoir plusieurs attitudes et elles sont toutes dignes. Mais quelqu’un qui va voter Marine Le Pen se trompe, parce que ça n’est pas avec la xénophobie que l’on va régler le problème. Entre le pire et ceux qui fabriquent le pire, l’un nourrit l’autre. Il faut que tout le monde comprenne bien que nous n’aurons rien à voir avec Emmanuel Macron s’il est élu président de la République. » Le même était le soir sur France 5, sur le plateau de « C à Vous ». Et il l’a redit : « Il n’y aura pas une voix pour le Front national », mais il a également dénoncé la remise en cause, voulue par Emmanuel Macron, « du code du travail par ordonnance ».
Mardi matin, Éric Coquerel a précisé, à propos de la consultation, qu’« il y aura un préalable dans lequel il sera dit que pas une voix ne doit aller au FN. Et ensuite des cases à cocher ». Éric Coquerel précisait : « À la fin, on donnera tous les résultats […] et chacun en conscience décidera. » Le vote devrait donc être clos mardi 2 mai. Jean-Luc Mélenchon ne devrait pas s’exprimer publiquement d’ici là, « du moins, c’est ce qui est prévu », selon Coquerel.
Le Parti de gauche a publié mardi à la mi-journée un communiqué dans lequel il estime que le second tour « ne réglera en rien la situation de la France ». « Il n’y a heureusement aucune chance que la candidate de la haine, de la division et de la xénophobie l’emporte, c’est donc la poursuite de la politique des deux quinquennats passés qui continuera », ajoute le texte. Un conseil national de la formation se réunira samedi pour donner « sa position sur la suite et notamment le second tour des présidentielles », est-il précisé.
Dans un communiqué publié dès dimanche soir, Ensemble, autre parti allié à La France insoumise pour les campagnes présidentielle et législatives, était, lui, clairement en faveur d’un vote de barrage au Front national. « Il faut désormais empêcher une victoire de l’extrême droite qui ferait courir un grave danger aux libertés fondamentales, aux droits démocratiques et sociaux, ce d’autant plus que la Constitution de la Ve République donne des pouvoirs considérables au Président », estime le texte. « Le mouvement Ensemble! appelle à la mobilisation, dans la rue le 1er Mai, en votant contre Le Pen le 7 mai, pour empêcher l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. »
Le Parti communiste français appelle lui aussi clairement à voter contre Marine Le Pen au second tour le 7 mai. « Dans un seul et même mouvement », a déclaré mardi le secrétaire national Pierre Laurent, lors d’une conférence de presse, le PCF appelle « à battre le plus largement possible Marine Le Pen le 7 mai […] et à construire, dès le lendemain, des victoires aux élections législatives dans le maximum de circonscriptions pour pouvoir combattre résolument les choix libéraux d’Emmanuel Macron comme les forces ultra-réactionnaires de l’extrême droite et de la droite ».Pierre Laurent a cependant jugé, lors de cette intervention, « irresponsable » de la part d’Emmanuel Macron « de chercher à faire du vote du second tour une adhésion à son programme ».
Pierre Laurent le 25 avril au siège du PCF © CG
Mais la conférence du PCF avait un autre but qu’un simple appel à faire barrage au FN au second tour. Alors qu’aucun accord n’a encore été trouvé avec La France insoumise pour les législatives de juin, Pierre Laurent a tenté de faire monter la pression. Estimant que ces législatives s’annoncent « cruciales », le secrétaire national a estimé que la dynamique enclenchée lors du premier tour de la présidentielle « se poursuivra à une condition : que les forces qui ont permis ensemble le score de Jean-Luc Mélenchon envoient très vite un signal fort de mise en commun de leurs forces dans cette nouvelle bataille ». « C’est l’appel que je lance, notamment à la France insoumise, dont je ne comprends pas le silence à nos appels pour une discussion commune sur les législatives depuis dimanche, mais aussi à toutes les forces de gauche qui sont prêtes à s’en saisir ».
Il n’y a vraisemblablement pas que les journalistes qui aient du mal à joindre Mélenchon et ses proches ces jours-ci.