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Le NPA tend la main à Lutte ouvrière pour les législatives
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Lors d’une rencontre vendredi, la formation anticapitaliste a proposé au parti trotskiste un accord de répartition des circonscriptions. Un second rendez-vous demain devrait sceller le sort sur une éventuelle entente de non-concurrence à l'extrême gauche.
Ça bouge dans les rangs trotskistes en vue des élections législatives. «Pour éviter de diviser le petit capital électoral» des deux formations d’extrême gauche, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a proposé à Lutte ouvrière (1,7% des voix cumulées au premier tour de la présidentielle) un accord de répartition des 577 circonscriptions, a-t-on appris à la lecture du dernier numéro de l’hebdomadaireL’Anticapitaliste.
Cette proposition d’accord a été adoptée le 30 avril par le conseil politique national du NPA, avant d’être soumise à LO à l’occasion d’une rencontre entre les dirigeants des deux formations ouvrières, le 5 mai. «L’idée de cet accord ce serait de ne pas se présenter l’un contre l’autre dans les circonscriptions où nous avons chacun des candidats, précise Julien Salingue, membre de la direction du NPA. Mais cela ne veut pas dire que nous présenterions des candidats communs autour d’un programme commun.» En clair : chaque formation serait libre de mener campagne indépendamment sous ses couleurs tout en appelant à voter pour l’autre dans les circonscriptions dont elle est absente.
«A l’état de discussion»
«Ce n’est qu’une proposition et on est en discussion, poursuit Julien Salingue. Mais ils ont acté notre position.» Du côté de Lutte ouvrière, la prudence est tout aussi palpable, à la veille d’une seconde rencontre décisive, vendredi. «Le NPA a sollicité un rendez-vous en vue des législatives. Leur proposition est à l’état de discussion, confirme à Libération Nathalie Arthaud, la porte-parole de Lutte ouvrière, par ailleurs candidate dans la sixième circonscription de Seine-Saint-Denis (Aubervilliers-Pantin). De notre côté, on s’est organisé pour mener notre propre campagne afin de faire entendre le camp des travailleurs.»
LO a présenté ce jeudi même ses candidates et candidats dans 553 circonscriptions, dont quatre militants de Combat ouvrier, une petite formation cousine en Martinique et en Guadeloupe. En revanche, du côté du NPA, la campagne des législatives s’annonce plus compliquée puisque le parti né en 2009 de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) n’a les moyens d’investir qu’un «petit nombre» de prétendants à la députation. «On lancera la machine en début de semaine», annonce tout de même Julien Salingue, qui ajoute qu’une souscription a été lancée pour soutenir le mouvement.
Accord d’union pour les européennes de 2004
Si elle aboutissait, cette entente entre les deux partis d’obédience internationaliste en vue du scrutin législatif serait une première en 13 ans, le dernier accord entre les deux formations datant des élections régionales et européennes de 2004. A l’époque, la LCR (qui n’est pas encore le NPA) et LO sont sorties grandies de l’élection présidentielle de 2002 où leurs candidats Olivier Besancenot (4,25%) et Arlette Laguiller (5,72%) ont totalisé près de 10% des voix. Trois ans auparavant, à l’occasion des européennes de 1999 où ils ont fait liste commune, les deux formations ont même envoyé cinq représentants au Parlement européen dont Alain Krivine pour la Ligue et Arlette Laguiller pour Lutte ouvrière.
Mais les déconvenues électorales de 2004, en dessous de 3% des suffrages exprimés nécessaires au remboursement des frais de campagne des européennes, ont eu raison de l’accord d’union LCR-LO. Et les divergences entre les deux courants du trotskisme ont de nouveau ressurgi jusqu’à l’exclusion, en 2008 des militants de l’Etincelle, un groupe de militants Lutte ouvrière qui participait à la création du NPA.
Aujourd’hui, les relations entre les deux partis sont néanmoins cordiales, notamment sur le terrain lorsqu’il a s’agit de mobiliser les troupes contre la loi travail. «Depuis plusieurs années, nous avons choisi l’un et l’autre de mener nos propres campagnes, explique Nathalie Arthaud. Mais nous sommes proches : nous avons des relations militantes au quotidien dans le monde du travail comme lors des mobilisations et on se voit régulièrement pour faire un point sur la situation politique.» La candidate par deux fois à l’élection présidentielle conclut : «Nous tenons cependant à nos identités et nos orientations. Nous, on pense que c’est du combat des travailleurs que dépend d’abord l’avenir de la société.»