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Des Amérindiens accusent les banques de soutenir des projets polluants
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Des Amérindiens du Texas se mobilisent contre trois projets de terminaux de gaz de schiste. Inspirés par la lutte de Standing Rock, ils ont décidé d’interpeller à Paris, BNP Paribas et la Société générale, deux banques parties prenantes de ces infrastructures.
Un second boom des énergies fossiles se prépare aux États-Unis avec la présidence de Donald Trump. 59 installations supplémentaires de production ou de distribution sont prévues en Amérique du Nord, dont trois terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié dans la vallée du Rio Grande, dans le sud du Texas, près de la frontière mexicaine : Texas LNG, Rio Grande LNG et Annova LNG. Ces trois terminaux exporteraient du gaz de schiste, dont la production est interdite en France.
Les populations indigènes vivant sur ces terres s’élèvent contre ces projets et ont décidé de faire entendre leur voix et d’internationaliser leur lutte. Des Amérindiens du Texas ou ayant pris part à la mobilisation contre le Dakota Access Pipeline ont donc fait des milliers de kilomètres à l’occasion des assemblées générales de deux banques françaises les 23 et 24 mai : la BNP Paribas et la Société générale. Ces deux banques soutiennent en effet deux des projets texans.
« Alors que nous avons dépassé le seuil de + 1 °C de réchauffement et que l’accord de Paris est remis en question aux États-Unis, les banques françaises doivent refuser de cautionner la folie climaticide des industriels des énergies fossiles et de l’administration Trump, s’exclame Lucie Pinson, chargée de campagne aux Amis de la Terre France et qui accompagne les porte-parole amérindiens. Il sera difficile d’empêcher le Dakota Access Pipeline de voir le jour, mais il est encore possible d’agir pour les autres projets. »
« On dirait que la banque découvre le projet, comme si elle n’en connaissait pas les impacts »
La Société générale et BNP Paribas jouent un rôle clé dans deux projets de terminaux d’exportation de gaz de schiste situés dans le sud du Texas. Comme l’explique Rebekah Hinojosa, leader de l’organisation communautaire locale Save RGV from LNG, qui signifie « sauver la vallée du Rio Grande du gaz naturel liquéfié », « l’un des projets s’appelle Texas LNG et est soutenu par BNP Paribas, chargée de chercher les financements. L’autre, sept fois plus gros, le Rio Grande LNG, est quant à lui soutenu par la Société générale ».
Vendredi 19 mai, la délégation amérindienne s’est rendue au siège de BNP Paribas, mais ce rendez-vous n’a pas été fructueux : « On dirait que la banque découvre le projet, comme si elle n’en connaissait pas les impacts, dit Lucie Pinson. Nos interlocuteurs nous ont affirmé qu’ils ne sont pas sûrs que le projet soit effectivement construit et qu’ils sont incapables de prendre position aujourd’hui. »
Juan Mancias, chef de la tribu Carrizol Comecrudo au Texas, Rebekah Hinojosa (à droite), leader de l’organisation communautaire locale Save RGV from LNG, et Lucie Pinson, des Amis de la Terre, le 19 mai, à Paris.
Derrière les trois projets de terminaux d’exportation de gaz de schiste Texas LNG, Rio Grande LNG et Annova LNG, il y a également la construction de cinq gazoducs pour approvisionner le site en gaz. « Ces projets n’ont pas encore obtenu toutes les autorisations, mais s’ils étaient construits, on parlerait du plus gros ensemble d’exportation de gaz naturel liquéfié au monde, assure Mme Pinson. Il est présenté comme du gaz naturel, mais il s’agit en fait à 100 % de gaz de schiste. » Il proviendrait de Eagle Ford, énorme bassin de gaz de schiste au Texas. Les Amérindiens craignent que les gazoducs provoquent des pollutions, et qu’ils présentent des risques de fuites et d’explosion. De surcroît, un centre de lancement de fusées, Space X, se trouve à quelques kilomètres de la zone des terminaux projetés.
« Mon peuple vivait déjà là avant l’arrivée de Christophe Colomb »
Les communautés qui vivent sur ces terres comptent parmi les plus pauvres du Texas : plus de 30 % de la population se situe en-dessous du seuil de pauvreté. Les niveaux de cancers et de maladies cardiovasculaires y sont plus élevés que la moyenne nationale, alors que l’accès à la santé de ces Amérindiens reste compliqué. Ce territoire reste aujourd’hui un des seuls du Texas à ne pas être industrialisé. Le Bahia Grande est une zone humide riche en biodiversité. Elle joue également un rôle important dans la protection contre les tornades et les éléments naturels violents. C’est aussi un lieu classé comme refuge pour la vie sauvage, et une zone d’écotourisme important.
Le Bahia Grande est une réserve naturelle de la vie sauvage.
Les cinq populations qui y vivent se sont toutes opposées aux projets de terminaux gaziers. Leur inquiétude première est qu’ils détruisent l’activité de pêche. « 50 entreprises avec 300 bateaux pêchent le long du canal et dépendent d’une eau fraîche et saine. 1.500 emplois sont en danger », rapporte Rebekah Hinojosa. La région accueille aussi des activités d’écotourisme, qui fournissent plusieurs milliers d’emplois. Des sites sacrés de ce peuple qui vivait au Texas avant l’arrivée des Blancs risqueraient aussi d’être détruits. Pour Juan Mancias, chef de la tribu Carrizo Comecrudo, « les banques françaises n’ont pas d’excuse pour violer nos droits. Elles ne peuvent pas se cacher derrière le gouvernement des États-Unis. Nous voulons faire valoir nos droits sur ces terres et vivre selon nos traditions. C’est très important pour nous de rester connectés et de vivre en équilibre avec la nature et non au-dessus des éléments. Il faut à tout prix éviter la profanation de ces lieux. Mon peuple vivait déjà là avant l’arrivée de Christophe Colomb. Nous avons une connexion particulière avec cette terre ».
« Autant de gaz à effet de serre que les émissions annuelles de 30 centrales à charbon »
Ces projets, Juan Mancias les appelle les « grands serpents » ou « serpents noirs ». Il vit à 10 kilomètres de San Antonio, où est située Eagle Ford, une zone d’extraction de gaz de schiste. Il en constate les conséquences sur sa communauté, notamment sur l’eau et les ressources naturelles. « Nous allons devoir surmonter l’épuration ethnique systématique qui est faite aux États-Unis contre les peuples indigènes, ajoute-t-il. Construire des terminaux près de sites protégés serait tuer mes ancêtres et marcher sur leurs os. En les arrêtant, je veux aussi garantir un avenir avec de l’eau pure et un air respirable pour les générations futures. »
Manifestation sur le tracé de l’oléoduc Dakota Access en septembre 2016, à Standing Rock.
Lucie Pinson rappelle aussi que l’affaire comporte un enjeu climatique : « Brûler le gaz exporté par ces terminaux émettrait autant de gaz à effet de serre que les émissions annuelles de 30 centrales à charbon. Le gaz est souvent mis en avant parce que c’est une énergie moins carbonée que le charbon. Certes, une centrale à gaz émet deux fois moins qu’une centrale à charbon. Par contre, ces terminaux ont une capacité d’exportation bien supérieure à une centrale. Le Texas LNG a un impact équivalent à 7 centrales à charbon et Rio Grande LNG, à 43. Sans compter les fuites de méthane présentes tout au long du processus. Si on veut tout faire dans les cinq prochaines années pour éviter l’emballement du réchauffement climatique, c’est une réalité qu’on ne peut pas ignorer », précise la jeune femme.
Au Texas, la mobilisation se lève contre les politiques de Trump, et les luttes se rejoignent. Selon Rebekah Hinojosa, « la mobilisation grandit comme elle ne l’a jamais fait. Celle contre le Dakota Access Pipeline a inspiré des centaines de personnes à se mobiliser davantage et de manière coordonnée contre les énergies fossiles aux États-Unis. Le Texas était déjà contre Trump, mais nous allons nous battre encore plus. »