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Débat sur le protectionnisme avec Daniel Tanuro

Lien publiée le 31 mai 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.anti-k.org/2017/05/31/debat-sur-le-protectionnisme-avec-daniel-tanuro/

Corinne Morel Darleux (Parti de gauche) au cours du débat que j’ai eu avec elle hier à Thorens, organisé par les Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui (CRHA). Chouette débat. Accord sur beaucoup de points entre nous. Désaccord sur le protectionnisme: Corinne pense que la gauche aurait dû être protectionniste plus tôt, que cela aurait empêché le développement du FN ; qu’une taxe à l’importation sur les produits de pays à bas salaire serait un acte internationaliste, encourageant les travailleurs de ces pays à s’interroger sur ce qu’ils produisent et pourquoi… Là on est vraiment pas d’accord.

Manech Dreven Je suis intéressée d’entendre tes arguments à ce sujet 

Pierre de Noel moi aussi !

Daniel Tanuro Eh bien, je vous réponds plus bas…

Peter Drucker Je suis contre le protectionnisme de droite, pour ce qu’on a appelé « protectionnisme asymmétrique » (pour protéger les marchés des pays dépendents à basse productivité) – mais je trouve aussi que la gauche radicale doit urgemment faire beaucoup plus pour développer des réponses qui défendent les ouvriers des pays du Nord contre les effets de la mondialisation néoliberale (et qui défendent le climat contre les effets du commerce inutile !).

Marie Deries Un débat qui m’intéresse aussi beaucoup. Le journal Fakir avait fait une enquête sur l’affaire Doux (Bretagne), et une série d’articles sur la filière du poulet « Un monde est mort, il court encore: la preuve par le poulet », qui montre bien, selon moi, l’imbrication des enjeux sociaux et de relocalisation de la production: voici le chapitre qui montre le point de vue africain: http://www.fakirpresse.info/Un-monde-est-mort-il-court…

Jean-Michel Lega Qu’ on s entende bien : il s’agit d’un protectionnisme solidaire basé sur des indices de protection sociale et environnemental . Quel autre moyen pour casser le fond de commerce du FN qui dénonce un monde dans lequel des esclaves chinois fabriquent pour des chômeurs occidentaux.

Yves Juin Je suis plutot d’accord avec Daniel … mais n’emp^eche que dans une periode de transition il faudra bien protéger les salaries …

Daniel Tanuro Dans l’article ci-dessous (entre autres), Michel Husson répond beaucoup mieux que je ne pourrais le faire en montrant très rigoureusement que toute cette frénésie protectionniste « de gauche » est biaisée avant tout par une vision fausse de la réalité, qui 1°) surestime l’impact réel de la concurrence des pays à bas salaire sur l’emploi dans les pays « développés » par rapport à l’impact de la hausse de la productivité; 2°) escamote la question de la concurrence destructrice que les exportations des pays développés peuvent avoir dans les pays du Sud, de sorte que ce protectionnisme est toujours asymétrique; 3°) et surtout, détourne l’attention de la contradiction capital-travail en adoptant une vision de l’économie mondiale complètement obsolète car basée sur la concurrence entre pays, alors que le rôle dominant est joué par les multinationales. S’imaginer qu’on va combattre le FN en validant les mythes qu’il propage ne me semble pas une stratégie très convaincante. J’ajouterais pour ma part ceci: une autre raison pour laquelle il est dangereux d’embrayer sur le thème du rôle que l’Etat devrait jouer pour protéger les travailleurs de la concurrence des pays à bas salaire, est qu’il n’y a qu’un pas à faire pour prolonger cette même logique de la « protection » par rapport aux demandeurs d’asile, aux sans-papiers et même aux travailleurs détachés puisque tous représentent pour ainsi dire « un tiers-monde à domicile ». Ce pas a d’ailleurs été franchi aux Pays-Bas par le SP, qui, lors de la dernière campagne électorale, s’est prononcé pour la « préférence nationale » dans l’accès des chômeurs à l’emploi. https://www.contretemps.eu/protectionnisme…/

Protectionnisme et altermondialisme –…

CONTRETEMPS.EU

Jean-Michel Lega Je ne suis ni un fin technicien sur ces questions ni un grand intellectuel mais il me semble logique qu’on ne peut pas accepter les regles du libre échange tel qu’actuellement avec une mise en concurrence sociale et environnementale par le biais des muVoir plus

Daniel Tanuro

La conclusion à tirer est plutôt qu’on ne peut plus accepter les règles du capitalisme, qu’il soit libre échangiste ou protectionniste. Car dans les deux cas de figure, le capitalisme est tout aussi destructeur, socialement et environnementalement. Comme Marx le faisait remarquer, dénoncer le lire échangisme n’implique pas de soutenir le protectionnisme, car le protectionnisme a toujours pour but de développer un capitalisme donné en vue de le renforcer sur le marché mondial, c’est-à-dire en fin de compte dans un cadre libre-échangiste.

Peter Drucker Je suis d’accord avec tout ce que Daniel dit. Mais quand même il y a beaucoup de régions dans les pays impérialistes (en Wallonie par exemple) à haut chômage ou les ouvriers blancs votent de plus en plus extrême-droite, et pour lesquel/les le socialisme n’est pas une alternative crédible à court terme. Alors qu’est-ce qu’on a comme réponse ?

Daniel Tanuro La création d’emplois dans la transition écologique, notamment dans l’isolation-rénovation des logements et dans la restauration des écosystèmes. La nécessité que ces emplois soient créés dans le cadre d’entreprises publiques, car la demande solvable n’est pas suffisante. La nécessité que ces entreprises publiques soient décentralisées, placées sous le contrôle actif des citoyens organisés en comités de quartiers, pour éviter la bureaucratie et la corruption et donner une réponse concrète à la crise de la représentation. La réduction massive, collective et sans perte de salaire du temps de travail, avec embauche compensatoire, pour répondre à la fois à la crise écologique (produire moins) et à la crise sociale qui va s’accentuer avec la numérisation. La nécessité de prendre l’argent là où il est. La nécessité, pour mettre tout cela en oeuvre, de désobéir à l’Union Européenne, dans le but de la briser, tout en lançant l’appel à une autre Europe. Voilà, notamment, ce qu’on a comme réponse. En quoi n’est-ce pas crédible? C’est bien plus crédible que les sornettes des fascistes sur le « protectionnisme écologique intelligent », qui ne reposent sur rien!

Marie Deries Très intéressant de séparer lutte contre le libre-échangisme et protectionisme: merci pour ce texte de MH!
Cependant, ce qui parle a beaucoup de gens, je pense, ce sont les enjeux de relocalisation de la production (sur lequel le PG et FI insistent beaucoup) et de rapprochement des centres de décision capitalistes du lieu de production (illustré de façon insistante par F.Ruffin).
Dire comme P.Poutou qu’on est contre le capitalisme et les multinationales, plutôt que contre l’UE? « L’Europe, on la change ou on la quitte », lutter contre le CETA et le TTIP: ça me semble la version concrète immédiate, plus mobilisatrice.
Quant aux travailleurs « a la marge » (demandeurs d’asile, travailleurs détachés,…), j’apprécie votre vigilance anti-raciste. Mais je pense que la meilleure défense est de rappeler ce que savent bien les syndicalistes: la meilleure protection, c’est d’exiger l’égalité de traitement, pour tous le statut complet. Et l’Etat, la loi, ont a y jouer un rôle irremplaçable. Même dans un pays aussi syndicalisé que la Belgique, il y a des secteurs forts et faibles, des grosses et des petites boites…

Daniel Tanuro 1°) « Relocalisation »? S’il s’agit de relocaliser en général, comme principe universel d’organisation d’une société écosocialiste, OUI. S’il s’agit d’exiger que des entreprises délocalisées ferment leurs portes et licencient leurs travailleurs de pays à bas salaire pour être RE-localisées (revenir au pays), NON, car c’est clairement pousser les travailleurs des différents pays à se battre entre eux plutôt que contre les patrons. 2°) « L’UE on la change ou on la quitte »? UE delenda est (doit être détruite). Il ne faut laisser aucune illusion sur la possibilité de « changer » cette machine. Elle est à détruire, mais au nom de la construction d’une autre Europe, pas au nom du repli sur les Etats nations. Il y a donc, sur cette formule « concrète immédiate », un double désaccord. 3°) « L’égalité de traitement »: mais oui, absolument. Il faut donc se tourner contre les patrons, pas… contre les travailleurs détachés « qui viennent prendre le pain de ceux qui sont déjà là » (honteuse déclaration de JLM au parlement européen qui aurait mérité plus de vigilance antiraciste)

Marie Deries Nos positions ne se rapprochent pas vraiment… Mais merci pour votre réponse!