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Retrait de la CGT du salon aéronautique du Bourget !
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le Salon du Bourget se déroule depuis hier jusqu au 25 juin. La Fédération CGT de la métallurgie (FTM), associée avec la Fédération nationale des travailleurs de l’État (FNTE) et le journal NVO, y tiennent un stand.
Le Bourget, c’est la grand-messe du secteur aéronautique et spatial mondial. C’est avant tout un salon commercial fait pour les entreprises du secteur. Pendant une semaine plus de 2000 exposants vont rivaliser pour capter des parts de marché, signer des commandes.
C’est aussi un salon de l’armement. L’industrie aéronautique et spatiale est depuis ses débuts une industrie militaire. Rappelons que l’essor de la production d’aéronefs s’est fait durant les guerres impérialistes de 1914-1918 et 1939-1945. Aujourd’hui encore, un pan entier du secteur produit du matériel militaire, et ces industriels dont les très connus Airbus ou Dassault vont venir exposer et vendre leurs engins de mort au Bourget (avions, hélicoptères, missiles, drones, satellites…).
Le salon du Bourget, c'est la vitrine de l’impérialisme français et cette industrie est stratégique pour lui, pour des raisons économiques et militaires évidentes. Alors pendant une semaine, le ministère des armées va faire la promotion de l’armement « made in France » sur un stand de 2500m². De son côté, Macron se fera le VRP des grands groupes français du secteur auprès des Etats.
Bref, un joli tableau… Mais que va donc faire la CGT là-bas ?
Collaboration de classe et illusions réformistes
Dans un supplément de la NVO, édité pour le salon du Bourget, la FTM avance ses revendications pour le secteur aéronautique et spatial (voir également ci-contre).
Pour elle le problème, c'est celui de la « financiarisation » de cette industrie. Cette politique « cour-termiste » où « les actionnaires se gavent sur le dos des travailleurs » mettrait l’industrie en péril. Le secteur vit aujourd’hui sur des carnets de commandes pleins, mais l’avenir est incertain. Partant de ce constat, la CGT indique la marche à suivre : une politique ambitieuse de réindustrialisation de la France, et d’investissement dans la recherche et le développement (R&D) pour pérenniser le secteur.
Ce que la CGT dit en clair, c’est que l’avion est mal piloté, et qu’elle se verrait bien co-pilote ! En proposant des lignes directrices, des plans de relance, des idées d’innovation, bref en se positionnant comme un partenaire social responsable, la CGT se met du côté des capitalistes de l'aéro pour les accompagner dans leur course au profit ! Cela porte un nom, c’est de la collaboration de classe !
En plus d’un positionnement de classe douteux, les solutions avancées par la CGT-FTM interpellent. Réindustrialiser la France, est-ce possible ?
Nous vivons sous le règne de l’impérialisme, dans un monde où la concurrence fait rage, entre travailleurs, mais aussi entre capitalistes, qui se livrent une véritable guerre économique sans merci. Un monde caractérisé par le développement inégal entre pays impérialistes (dont la France) et pays dominés, par une division internationale du travail toujours plus poussée.
Et le secteur aéronautique et spatial n’échappe aux lois qui régissent notre monde. Ainsi les activités stratégiques (R&D, assemblage) ou à forte valeur ajoutée restent dans les pays impérialistes tandis que les activités moins qualifiées sont de plus en plus délocalisées dans des pays dominés, avec des conditions d’exploitation d’autant plus accrue. Les donneurs d'ordres ont quasiment tous des filiales : en Tunisie plus de 6000 personnes travaillent pour Stélia, Latélec, Mecaprotec, Figeac Aéro, Mecahers, ThyssenKrupp et bien d’autres. Au Maroc se sont plus de 10000 personnes qui travaillent pour Boeing, Stelia et cie. Ou encore au Mexique où rien que 6000 personnes travaillent pour Safran.
Ils ne délocalisent pas par « méchanceté ». Il n’y a pas d’un côté les cupides actionnaires et de l’autre de bon capitaines d’industries. Pour les capitalistes eux-mêmes, c’est vaincre ou mourir. Ne seraient-ce que pour maintenir leur taux de profit, leurs parts de marchés, ils sont poussés à agir de la sorte. Il n’y a pas de capitalisme sans concurrence, sans division internationale du travail et sans domination des puissances impérialistes. D’ailleurs, mêmes nationalisées ces entreprises seraient soumises à ces règles du jeu.
Ainsi, prétendre pousser les patrons de l’aéronautique et les bourgeois français à « réindustrialiser le pays » est profondément illusoire. C’est nier un siècle de développement du capitalisme, aujourd’hui plus que jamais mondialisé. C’est demander aux bourgeois et aux capitalistes d’aller contre… les lois du capitalisme !
Notons que la CGT pointe l'enjeu écologique du secteur aéronautique. C'est assez rare pour le noter, même si dans un même temps elle se gausse de voir le trafic aérien et les fabrications d'avions augmenter. C'est un brin contradictoire de pointer un enjeu écologique en étant si productiviste ! Mais c'est très riche en enseignement, c'est bien d'un capitalisme vert dont rêve la Conf' et notre Fédé.
La FTM et « la grandeur de la France »
Dans un court texte où elle avance ses positions sur la R&D, la FTM développe sur les « bienfaits » de l’industrie aéronautique et spatial pour la France :
« C’est précisément toute la grandeur de celles et ceux qui n’ont pas hésité sur les moyens dédiés à ces aventures. Aujourd’hui nous en récoltons les fruits en termes d’indépendance nationale et de souveraineté par une maîtrise scientifique et industrielle. En ce sens, l’aéronautique et le spatial participent largement à la grandeur de la France. ».
« indépendance nationale et souveraineté », « grandeur de la France » la FTM défend ici un point de vue ouvertement chauvin et pro-impérialiste. Édifiant… Se ranger derrière le drapeau de nos exploiteurs ? Non merci !
Notre syndicalisme c’est la défense des ouvriers et des prolétaires ici comme ailleurs
La FTM dénonce certes les restructurations dans les usines du secteur, le recours de plus en plus poussé à la précarité et des conditions de travail qui se détériorent (se contentant de parler du stress, mais ayant oublié la pénibilité qui a vraiment disparu des radars de la Confédération - voir notre dossier ICI). Mais l’intérim et les CDD, les horaires décalées et le travail posté, les méthodes de management, l’exposition aux produits dangereux… Bref, la précarité et la pénibilité, accrue par la sous-traitance et la guerre économique, sont inhérentes au capitalisme. Tout cela, n’est pas, ou trop peu, abordé. Et pourtant cette exploitation, nous y faisons face tout les jours et en subissons les conséquences dans nos vies de famille, dans nos vies sociales et dans nos corps.
Elle se positionne ainsi avant tout du point de vue de la bonne santé de l’industrie. Nous, notre syndicalisme c’est la défense de l’intérêt des ouvriers et des prolos, ici et ailleurs.
Alors face aux suppressions d'emplois et aux fermetures d'usine, nous devons, dans l'aéronautique et partout ailleurs, nous organiser et nous battre pour « ZERO LICENCIEMENTS ». Aux mots d’ordres chauvins « Produire en France », « Consommons français », opposons notre internationalisme. Tissons des liens de solidarité avec les ouvriers et ouvrières de ces pays pour développer l'organisation et l'action collective,comme nous l'avons fait pour Latélec !
Ce n'est pas dans les salons du Bourget (bourgeois - lol !) qu’on défend nos intérêts ! Au contraire, organisons nous, investissons les syndicats dans nos boîtes de l'aéro. En toute indépendance de classe, combattons la sous-traitance, la pénibilité et la précarité ! La CGT hors du Salon !
Loin de se soucier de la bonne marche de nos entreprises ou de la nation, nous voulons en finir avec l'exploitation !!