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Italie : nouvelle débâcle électorale pour Matteo Renzi
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Plusieurs bastions de la gauche sont tombés dimanche lors d'élections municipales qui marquent la renaissance de la droite… avec le M5S en embuscade.
Pour Matteo Renzi, les scrutins se suivent et se ressemblent. Dimanche, dix millions d'Italiens étaient appelés à voter pour le second tour d'élections locales partielles. Ce fut une quatrième défaite consécutive pour le Parti démocrate (PD) depuis qu'il est dirigé par l'ancien maire de Florence. Plus qu'une défaite, une débâcle. Sur les 22 chefs-lieux de province en jeu, la gauche a perdu 9 des 16 mairies qu'elle administrait. Des défaites arithmétiques mais également symboliques. En Ligurie, le PD perd La Spezia mais surtout Gênes, fief de la gauche surnommé « Stalingrad ». En Émilie-Romagne, autre bastion « rouge », la gauche fait un grand chelem à l'envers en ne s'imposant dans aucune des 6 grandes villes. À L'Aquila, le maire PD Massimo Cialente, le « Rudolph Giuliani » du tremblement de terre des Abruzzes, a perdu. Matteo Renzi avait prévu la défaite, et le siège national du PD est resté fermé durant la soirée électorale. Un petit air de la rue de Solférino...
La défaite en trompe-l'œil du M5S
Le PD paie la récente scission qui a vu le départ de ténors du calibre de Pier Luigi Bersani ou de Massimo D'Alema. Si Matteo Renzi a triomphé en mars dernier lors des primaires (70 % des voix), le PD n'est plus en phase avec les Italiens. Alors qu'il piaffait de provoquer des élections anticipées pour revenir au pouvoir, l'ancien président du Conseil va désormais chercher à gagner du temps. Ainsi, paradoxalement, la défaite du Parti démocrate prolonge la vie du gouvernement de Paolo Gentiloni… lui-même issu du PD.
Le Mouvement 5 étoiles (M5S) de l'humoriste Beppe Grillo n'emporte aucun chef-lieu de province et sort également battu du scrutin. Il y a à peine un an, le M5S s'était imposé à Rome et à Turin. Mais le mouvement a commis des erreurs grossières, dont l'expulsion du maire de Parme Federico Pizzarotti, triomphalement réélu dimanche sur une liste citoyenne. Toutefois, cette défaite est en trompe-l'œil. Le scrutin local majoritaire favorise en effet les candidats qui passent des alliances au second tour. Mais, drapé dans le mythe de sa pureté et de sa différence avec les autres partis, le M5S a refusé de s'allier. Or, l'analyse des voix et les sondages en vue d'une consultation nationale démontrent que le parti populiste continue de croître dans les intentions de vote. Reste que le scrutin déchaînera les luttes internes au sein d'un M5S de plus en plus partagé entre « orthodoxes » et « pragmatiques ».
Un Berlusconi rayonnant
En conquérant 16 chefs-lieux alors qu'elle n'en détenait que 6, la droite a sablé le prosecco dimanche soir. C'est un Silvio Berlusconi rayonnant qui a annoncé dès les premiers résultats la mise en chantier du programme électoral qui pourrait le ramener au pouvoir. Un enthousiasme un peu excessif. Tout d'abord parce que l'ex-Cavaliere n'est pas éligible en raison d'une condamnation pour fraude fiscale et il semble très improbable que le recours qu'il a présenté devant la Cour européenne lui donne raison avant la tenue des élections.
Surtout, ce n'est pas sa ligne qui l'a emporté dimanche. Silvio Berlusconi refuse en effet d'envisager une alliance nationale avec la Ligue du Nord, alignée sur les positions du Front national. Or, localement, ce sont les candidats appuyés par Forza Italia et la Ligue du Nord qui ont gagné. En outre, c'est la Ligue du Nord qui est le plus souvent arrivée en tête au premier tour. La leçon politique du scrutin est donc que, pour vaincre, la droite doit se présenter unie et que la Ligue du Nord est en mesure de prendre les rênes de la coalition de droite. Exactement le contraire de la stratégie de Silvio Berlusconi qui rêvait d'une « grande coalition » avec le seul responsable politique qu'il estime : Matteo Renzi.