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Les petites affaires des macroniens issus du groupe Danone
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, n’est pas la seule en cause dans le scandale des plus-values réalisées par les dirigeants de la multinationale. Où l’on découvre que plusieurs administrateurs ont fait partie des équipes du candidat Macron.
L’examen dans le détail des publications de Danone montre que le scandale Pénicaud n’affecte pas que l’ancienne DRH du groupe. La quasi-totalité du comité de direction est impliquée, bénéficiant au total de près de 5 millions d’euros de plus-values. Récapitulons l’affaire. L’Humanité du 27 juillet dernier révèle que l’actuelle ministre du Travail a réalisé en 2013 une plus-value de 1,13 million d’euros sur des stock-options perçues en tant que directrice des ressources humaines (DRH) de Danone, profitant de la flambée en Bourse qui a suivi l’annonce de suppressions d’emplois du groupe en Europe et en France.
Le jackpot des stock-options
Rappelons comment marche le jackpot des stock-options. Si le conseil d’administration d’un groupe décide de récompenser une équipe de direction pour sa gestion jugée favorable aux actionnaires, il peut lui attribuer des stock-options. Ces stock-options ne sont rien d’autre que des autorisations d’achat d’actions de la société à un prix avantageux, fixé à l’avance. Au bout de quelques années – quatre le plus souvent –, le bénéficiaire peut lever l’option, acheter les actions proposées à faible prix et les revendre au prix fort. C’est ce qui s’est passé chez Danone. Le 19 février 2013, le groupe détaille le plan de suppression d’emplois annoncé en décembre 2012 et comme le souligne le journal le Monde ce même 19 février, ce plan est « salué à la Bourse de Paris par une hausse du titre Danone de 5 % dès l’ouverture ». La DRH du groupe et le comité de direction ne peuvent alors ignorer l’information. Durant cette période, le cours de l’action Danone évolue ainsi : 48,07 euros fin décembre 2012, 52,101 euros fin février, 58,41 euros fin avril 2013 lorsque Muriel Pénicaud vend ses titres. Elle les a achetés 34,85 euros l’unité. Elle réalise une plus-value de 23,46 euros par action, le bonus total, compte tenu du nombre d’actions vendues, s’élève à 1,13 million d’euros.
La garde plus ou moins rapprochée du candidat Emmanuel Macron
Une somme plus que rondelette qui s’ajoute à la rémunération courante versée par le groupe à sa DRH. Lors de sa nomination comme ministre du Travail, en 2017, Muriel Pénicaud déclare à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) avoir perçu les rémunérations suivantes lors de ses dernières années d’activité chez Danone : 1,2 million d’euros en 2012, 1,14 million en 2013, 2,4 millions en 2014. On suppose que ces sommes n’intègrent pas le 1,1 million d’euros de plus-value. S’ajoutent à cela les jetons de présence perçus en tant qu’administratrice d’Orange : 39 000 euros en 2012, 58 000 euros en 2013, 30 739 euros en 2014. Mais Muriel Pénicaud n’est pas toute seule à profiter des malheurs du monde. Avec elle, huit autres membres du comité de direction participent à la curée. À eux neuf, ils empochent un pactole de 4,8 millions d’euros (voir encadré) ! 4,8 millions pour 900 postes supprimés, soit 5 371 euros par emploi !
Qui donc a présidé à ce scandale ? Le conseil d’administration, sachant qu’à de rares exceptions, le vote de ces dispositions par les assemblées générales d’actionnaires n’est qu’une formalité. Et surprise ! Que découvre-t-on à l’examen des curriculum vitae des administrateurs ? Trois d’entre eux feront partie quelques années plus tard de la garde plus ou moins rapprochée du candidat Emmanuel Macron. Un quatrième viendra les rejoindre en 2014.
Une conception de la gestion des entreprises est en cause
Jean-Michel Severino, Monsieur Afrique de Macron.
Le plus « capé » en 2013 est Jean-Michel Severino, sorte de Monsieur Afrique d’Emmanuel Macron. Il est l’ancien directeur général de l’Agence française du développement.
Jacques-Antoine Granjon, PDG de Ventes privées,
Deuxième administrateur de Danone, agent actif de la filière yaourt de la Macronie, Jacques-Antoine Granjon, patron de Vente privée, un site en vogue de vente sur Internet.
Bruno Bonnell, PDG de Robopolis
Suit, enfin, le trublion de cette filière lactée installée alors au conseil d’administration de Danone : Bruno Bonnell, ancien patron d’Infogrames puis dirigeant d’une société de robotique. Candidat de la République en marche à Villeurbanne, il a débarqué Najat Vallaud-Belkacem aux législatives et a été élu député. Durant la campagne électorale, Mediapart l’a mis en cause pour avoir créé une société dans un paradis fiscal, au Delaware, aux États-Unis.
Lionel Zinsou, ancien de la banque Rothschild
Viendra les rejoindre en 2014 une recrue de poids : Lionel Zinsou, promu récemment président du think tank Terra Nova, un groupe de réflexion et de proposition proche du PS il y a peu encore, mais qui tend à se macroniser. L’homme, un Franco-Béninois, a été premier ministre du Bénin, petit État africain coincé entre le petit Togo et le grand Nigeria. Ancien de la banque Rothschild, comme Macron, il a été l’un des conseillers pour l’Afrique de ce dernier lors de la campagne électorale.
En 2017, trois de ces hommes siégeaient toujours au conseil d’administration de Danone. Bruno Bonnell, lui, n’a pas été reconduit. Évidemment, rien ne donne à penser qu’il y a eu action concertée entre les futurs macroniens du conseil d’administration et la future macronienne du comité exécutif, c’est un système qui est en cause, une culture (lire ci-contre), une conception de la gestion des entreprises pour laquelle les salariés ne sont que des pions. C’est aussi cela qu’il faut changer.
UN PACTOLE DE PRÈS DE 5 MILLIONS D’EUROS
Sur les dix membres du comité exécutif de Danone en 2013, neuf ont levé des options d’achat d’actions de Danone puis les ont vendues, réalisant ainsi en cumulé 4,8 millions d’euros de plus-values. Trois personnes, liées respectivement à Franck Riboud, le PDG du groupe, Emmanuel Faber, directeur général délégué, et Bernard Hours, autre DG délégué, ont gagné au total 714 500 euros. Bernard Hours lui-même a empoché 646 000 euros ; Francisco Camacho, directeur de la division eaux, 108 000 euros ; Thomas Kunz, directeur du pôle produits laitiers, 1,3 million d’euros ; Félix Martin, directeur général de la division nutrition infantile, 97 000 euros ; Flemming Morgan, directeur de la nutrition médicale, 750 000 euros ; Jean-Philippe Pare, directeur R&D, 131 000 euros. Enfin, Muriel Pénicaud a touché 1,13 million d’euros.