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    Pour les animaux et l’honneur du mouvement ouvrier

    animaux CGT

    Lien publiée le 5 août 2017

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Le 10 juin se tenait à Paris l’édition 2017 de la Marche pour la fermeture des abattoirs. Le fait que la Fédération nationale agroalimentaire et forestière (FNAF, fédération sectorielle de la CGT) y diffuse un tract1 était, a priori, une bonne nouvelle : nous avons besoin de convergences entre les luttes de libération animale et d’émancipation sociale. Malheureusement, le texte en question, non content de violemment prendre à partie les végan-e-s et, plus généralement, les défenseur-se-s des animaux, est une telle caricature et accumule à ce point les contre-vérités qu’il permet difficilement d’engager le débat.

    D’autres se chargeront d’une réponses circonstanciée. Il ne s’agit ici de s’adresser aux militant-e-s qui, ne s’étant jamais penché sur la question, auraient tendance à faire confiance à un syndicat ouvrier.

    Les défenseurs des animaux, des fachos ?

    D’emblée, l’association organisatrice est accusée d’utiliser des « méthodes avérées de groupuscules d’extrême-droite ». Le qualificatif est commode et dispense d’élaborer. On ne saura pas de quelles pratiques il est question mais on est prié de croire qu’elle ne sauraient être, comme les motivations de leurs auteurs, que « nauséabondes ». L’auteur de ces lignes, du temps où il vivait à Nantes et était syndiqué à la CGT, se rappelle que la création d’un collectif CGT contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en 2014, s’était vu comparé par l’UD 44 à un regroupement pro-FN...

    A moins que cela ne concerne l’accusation de « monter des bidouillages vidéos » ? Ces images insoutenables tournées dans les abattoirs seraient donc des faux ? La FNAF se garde bien de l’affirmer (le contraire serait difficile…) mais parle volontiers de « manipulation » de la part d’une association qui « joue sur l’émotion et le sensationnel » (2016-09-21). Pogrom, ratonnade, images-chocs (et, hélas, véritables) : cherchez l’intru...

    Les défenseurs des animaux, responsables du chômage ?

    Poursuivons. « Du fait des attaques haineuses de L-214 […], ce sont déjà plusieurs centaines d’emplois qui sont menacés ». La dangerosité du véganisme croissant à chaque ligne, changement d’échelle un peu plus loin : « Quid des 150 000 emplois que représentent ces filières ? ». Alors qu’un-e marxiste pensera bêtement que le patronat, la bourgeoisie et, plus généralement, le capitalisme sont les causes du chômage.

    Mais pourquoi donc s’arrêter là ? Lutter pour l’interdiction des pesticides les plus toxiques, c’est menacer l’emploi à Monsanto ! Boycotter McDo ou Coca-Cola, c’est vouloir réduire au chômage leurs employés ! Etc. Le parallèle avec le nucléaire est frappant : plutôt que de poser la question de la reconversion du secteur et de tous ses salarié-e-s, on préfère s’arque-bouter à défendre l’indéfendable. Cette reconversion ne pourra que s’appuyer sur les premier-e-s concerné-e-s et de leurs organisations. La FNAF ne semble malheureusement pas prête à suivre cette voie.

    Les défenseurs des animaux, responsables de la faim dans le monde ?

    Mais les végan-e-s ne se contentent pas d’être des fascistes licencieurs : il faut en plus qu’ielles affament leur sembables. Le texte s’interroge gravement : « Quid des millions d’êtres humains souffrant de malnutrition ? ». Il est pénible de devoir rappeler à une organisation a priori au fait de ces questions que l’alimentation végétale permet de nourrir bien plus de personnes que l’alimentation carnée. Défendre la « la liberté de manger de la viande » (car, tant qu’à faire, les végans sont également des ennemis de la liberté) c’est non seulement nier aux animaux le droit à la vie : c’est également se satisfaire de voir d’immenses parties des terres agricoles servir non pas à alimenter les êtres humains mais le bétail qui, au final, n’en nourrira qu’une petite part.

    Les défenseurs des animaux, une conjuration secrète ?

    Arrivé ce point, un doute surgit : qui sont donc ces gens pour accumuler un tel pouvoir de nuisance ? En fait, ce n’est que la partie visible d’un vaste complot. « Nous les soupçonnons même de faire le sale boulot d’autres capitalistes engagés dans la prolifération de produits de substitution à la viande ». Les défenseurs des animaux, barbouzes des géants de l’agro-alimentaire ? Élémentaire, mon cher Watson ! Un communiqué daté du 7 mai 2016 nous révèle d’ailleurs qui se cache derrière L214, organisation « on ne peut plus opaque »  : « Des acteurs économiques puissants, comme la fondation Bill Gates ou le cofondateur de Google […], des mastodontes du soja, dominés par les États-Unis » (et pourquoi pas la CIA ou les illuminatis ?).

    Au delà du grotesque de l’accusation, celle-ci est doublement absurde. Tout d’abord, la grande majorité du soja produit l’est précisément pour nourrir les animaux destinés aux abattoirs. Ensuite, voir une collusion objective entre végan-e-s et industriels du soja, c’est nécessairement en accepter une entre omnivores et industriels de la viande…

    Les défenseurs des animaux, des gens dangereux ?

    Le palmarès est déjà bien fourni. Cependant, la nocivité des partisan-e-s de la protection animale semble croître à chaque communiqué que leur consacre la FNAF (pas moins de 5 en un peu plus d’un an sans compter le tract en question)2. « Illuminés sectaires », « groupuscule sectaire », « secte moyenâgeuse », « croisade intégriste »… alliés aux « chiens de garde à la botte du patronat et de la pensée unique ».

    Ce tombereau d’injures masque mal les failles d’une argumentation qui, c’est à mettre à son crédit, s’en prend nommément au capitalisme et fait porter aux employeurs la responsabilité de la situation dans les abattoirs. Car la perspective d’un « abatage humain » est tout aussi illusoire que celle d’un « capitalisme humain ». Insulter celles et ceux qui se battent contre le meurtre ne renforcera pas la lutte contre l’exploitation. L’inverse est également vrai, d’où cette réponse à un texte qui, tel quel, ne mérite que le mépris.

    Un militant anticapitaliste ET végan


    1 http://fnafcgt.fr/spip.php?article491

    2 http://www.fnafcgt.fr/spip.php?article474

    http://www.fnafcgt.fr/spip.php?article465

    http://www.fnafcgt.fr/spip.php?article463

    http://www.fnafcgt.fr/spip.php?article450

    http://www.fnafcgt.fr/spip.php?article500