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Manif du 12 septembre, une journée pour commencer

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Lien publiée le 14 septembre 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://paris-luttes.info/loi-travail-2-manifestation-du-12-8678

Petit compte rendu partiel et subjectif de la manifestation du 12 septembre. 
Retrouvez également le suivi de la grève et de la journée de manifestation dans le live.

Pendant que Jupiter nous méprisait en se cassant dans les îles pour la rentrée sociale, nous les fainéants, les cyniques et d’autres extrémistes défilions massivement à Paris et ailleurs en France.

En début de manif, vers 13h30 sur la place de la Bastille l’ambiance était surtout tenue par les camions des centrales syndicales : CGT, SUD, Front social, CGC, mais aussi FO, CFDT métallos du nord et quelques retrouvailles de cortèges pink, Witch bloc. Pendant ce temps les lycéens partaient de la place de la République pour nous rejoindre. Peu de flics en vue à ce moment là, pas de fouilles, l’ambiance était plutôt détendue.

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Dans les cortèges syndicaux : il y a plein de trous, certains cortèges traînent, les gens en ont un peu marre de poireauter étant donné la lente progression de ces cortèges et de l’affluence. On entend quelques slogans :
"A bas ! à bas la loi travail !"
"Est-ce que notre usine elle est viable ? oui ! Est-ce qu’on va la laisser fermer ? Non !"
"On n’en veut pas de cette société là !"
"Macron t’es foutu les feignasses sont dans la rue !"
"Ni chômeurs ! ni précaires ! On’s’ laissera pas faire !"
"Ordonnances Macron ! Ordonnances des patrons !"
"À bas l’État, ses lois et ses patrons ! Vive la lutte des classes ! Et vive l’autogestion !"

En remontant au niveau de la tête du cortège encore immobile, on découvrait outre les nombreuses sono habituelles de la CGT, du Front social, un stand des insoumis, les manèges des forains en t-shirt... Peu à peu la tête de manif s’est reformée à l’avant entre lycéens, witch block, cortèges pink et féministe, jeunes, vieux, syndicalistes et blacks blocks. Ah, le beau mélange du cortège de tête ! Et il y avait même des maos (si si ça existe encore) et des Jeunesses communistes (JC, organisation du PCF pour les jeunes). D’ailleurs, personne n’a songé à contester notre rôle de tête de manif, désormais bien intégré par tou.te.s. Personne n’a aperçu les fameux syndicalistes/policiers VIGI qui avaient promis de venir y faire la loi...

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De cette manifestation, il faut d’abord retenir la foule présente au rendez-vous ! A 15 h, il y avait encore pas mal de monde sur la place de la Bastille. Cela donne l’idée de l’ampleur du cortège, et du nombre de gens qui ont pris la rue, défiant Macron/Jupiter et le climat d’incertitude qui avait précédé la mobilisation. La manif a été massive, dense et joyeuse. Il y avait une bonne ambiance, très détendue. Pour remonter le cortège vers sa tête, il fallait se frayer difficilement un passage dans la foule et marcher une bonne demi-heure, voire plus. De ce point de vue là, c’est une réussite.

Certains signes semblaient indiquer que la base des syndicats s’était mobilisée, au-delà des ordres de "Thug Life Martinez". Pêle-mêle, citons le syndicat CGT Randstad qui après un discours appelant à continuer la mobilisation a improvisé une scénette de théâtre, un syndicaliste CGT qui s’adressant à ses camarades leur conseillait de lire tel ou tel sociologue et même le dernier cortège CGT qui a sûrement produit la pire batuccada de l’histoire, mais bien loin des sempiternelles niaiseries crachées habituellement sur les sonos ("motivés, motivés" ou "clandestino" en boucle).

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Citons également les petits cortèges CFDT et FO, venus sans l’approbation de leur maison mère (ils avaient d’ailleurs l’air assez déprimé). Les prises de parole s’enchaînaient sur les camions pour expliquer les ordonnances et les conséquences de ces nouvelles attaques du droit du travail. Pas des milliers de slogans, mais de l’explication de texte.

La CGT et FO avaient sorti le grand jeu niveau S.O., garnissant l’avant de "leur" cortège de tête de plusieurs dizaines de gros bras, casqués et masqués. Positionnés en une double ligne en plus des groupes mobiles à l’attitude viriliste et menaçante, ils semblaient jouer à se faire peur, tant la menace fantasmée du cortège de tête, de la police très discrète sur une bonne partie du parcours ou des forains, tenus à distance, paraissait lointaine.

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Pendant que les forains entamaient la Marseillaise (avec en réponse quelques huées et des slogans comme "tout le monde déteste la Marseillaise" scandés depuis la tête du cortège), d’autres manifestants enlevaient des drapeaux français accrochés à des feux rouges sur le carrefour d’Austerlitz. Chez les forains, il y avait une ambiance citoyenniste et nationaliste : ils appelaient à soutenir au micro les "gypsies" autant que les flics et les chômeurs etc. (confusionnisme ?), rappelant bien qu’ils n’étaient pas révolutionnaires mais juste de bons citoyens. Les discours rappelaient bizarrement les publicités pour le cirque que l’on peut entendre sortir des camions itinérants qui passent parfois sous nos fenêtres. Des ballons, des clowns, un bateau tirant des confettis et une fanfare étaient de la partie. En passant leurs slogans nationalistes et pas très inspirés, les forains ont été un élément de nouveauté dans la composition sociale de la manif. Pas forcément positif, mais à réfléchir et à prendre en compte.

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Globalement il y avait une bonne ambiance dans un cortège de tête massif (plus de 5000 personnes avec ou sans K-way), on était mieux là qu’a piétiner derrière des sonos et des camions parce que certains syndicats ne veulent pas se mélanger. Les gens ne savaient d’ailleurs pas trop à quoi s’attendre vu le niveau de violence policière subi pendant la loi travail 1, tout étant un peu trop calme au début... Le changement de stratégie marqué par le dispositif policier, qui a gardé une certaine distance, et produit d’abord une sensation étrange et bizarre de liberté : on s’était préparé au pire, et au final tout était relativement tranquille sur la majeure partie du parcours.

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Le calme avant la tempête ? Il faudra s’interroger sur les raisons qui ont poussé la police à ce changement dans la "gestion" de la manif et au retour à l’ancien, ainsi que sur les effets et les conséquences que cela produira : peut-être qu’ils pensent de cette manière désamorcer la contestation et empêcher l’enchaînement des manifs dans un nouveau mouvement de longue durée. Dans ce cas, on devra être capables de démontrer qu’ils se trompent et garder l’initiative ! Peut être aussi que la grève des CRS (35% se seraient fait porter pâles mardi d’après les mass médias) aura réduit les effectifs disponibles pour encadrer la manifestation ou que cette contestation des chiens de garde contre la dégradation de leurs conditions de travail aura dissuadé le gouvernement de trop les risquer sur le terrain ? Dans ce cas, on devra maintenir la pression jusqu’aux 100% de CRS malades les jours de manif.

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Sur le parcours et en tête donc, chacun se sentait plus tranquille pour taguer les murs sans risque d’interpellation surprise... il y a donc eu un certain nombre de tags, beaucoup d’affiches aussi ont été crées pour l’occasion et collées à la place des pubs dans les sucettes Decaux, dont une très belle affiche, "retour à l’anormale" avec des moutons colorés.

Très peu de keufs étaient en vue pendant un bon moment aux abords de la manif, jusqu’à l’arrivée à proximité de la place d’Italie où la présence policière s’est faite de plus en plus visible et provocatrice. Postés derrières de lourdes grilles anti-émeutes, les flics filmaient boulevard Saint-Marcel puis de plus en plus près au fur et à mesure jusqu’à se positionner directement au contact du cortège à partir du métro Campo-Formio.

Au niveau du commissariat d’arrondissement, deux camions canons à eaux attendaient postées dans 2 rues en tirs croisés, et c’est à cet endroit, que l’essentiel des affrontements ont eu lieu. Le commissariat a été rapidement pris pour cible par l’avant du cortège. Les flics ont chargé et le canon à eau à fini de scinder le cortège en deux. Plusieurs arrestations ont eu lieu à ce moment là.

Il a été très difficile pour le gros du cortège resté à l’arrière d’avancer et plusieurs tentatives de rejoindre le groupe isolé à l’avant ont été empêchées par des grenades de désencerclement et et la pression de flics flashball en joue sur la foule. En effet, une grande partie du cortège qui le suivait ne semblait pas se risquer à traverser, et ce malgré plusieurs banderoles renforcées en tête qui auraient peut-être pu lui permettre d’avancer plus rapidement.

On peut toujours réécrire les manifs, mais il faut aussi dire que quand le cortège de tête est aussi gros, il y a forcément une certaine inertie qui s’installe. La rançon du succès !

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Alors que les jets d’eaux et les charges de flics à la matraque avaient dissuadé un instant les manifestants d’avancer, a surgi tout à coup un type à poil avec une guitare qui marche seul et décidé face aux flics. Intrigués, de nombreux manifestants suivent alors sans hésiter. S’ensuivent quelques affrontements au contact avec les flics. Une diversion inattendue qui semble avoir aussi permis au cortège d’avancer.

Pour récapituler, au niveau répression gros changement de tactique : les flics étaient loin et ne cherchaient pas trop (du moins jusqu’aux abords du comico). Ils ont fait ça à l’ancienne : un peu de lacrymo et pas mal de matraque. Quand même quelques grenades, et la nouveauté des canons à eau : au moins 4 présents (dont 2 qui n’ont pas approché la manif et dont plusieurs semblent neufs) et qui ont été utilisés assez vite mais relativement mollement, personne ne semble s’être trop pris le jet dans la gueule à part quelques banderoles renforcées. Le jet a servi à soutenir une charge.

Côté syndical, la manif défile encore longuement après la dispersion du cortège de tête (plus de deux heures). À la toute fin de la manif, un tout petit cortège CFDT métallos ! Et derrière, en exclusivité internationale, un cortège LO ! Ils avaient descotché leurs banderoles pour suivre la manif et sortir (enfin !) de leurs points fixes.

Une rentrée mobilisée donc, mais où chacun cherchait sa place et ses marques et de nouvelles stratégies pour ce nouveau round de contestation. On s’est vu, on s’est compté, à nous maintenant de renouveler nos stratégies pour être plus offensifs.