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En déroute financière, EELV licencie sans ménagement

Lien publiée le 15 septembre 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.anti-k.org/2017/09/14/en-deroute-financiere-eelv-licencie-sans-menagement/

JED – Le parti institutionnel du capitalisme vert licencie ses salariés. Avec une forte baisse du financement public, il est néanmoins plus riche que le NPA. Il lui reste à redevenir un parti de terrain et à participer, par exemple, aux mobilisations contre la loi travail XXL qu’il est censé combattre, sans que pour autant on ne voie de cortège EELV significatif dans les manifestations.

L’article révèle une information surprenante : Benoit Hamon, qui n’est plus au PS, se serait engagé à ce que le PS rembourse à EELV les frais de campagne de Yannick Jadot.

Reporterre – 13 septembre 2017 / Martin Cadoret (Reporterre)

Confronté à la baisse des financements publics après ses débâcles électorales, le parti écologiste a engagé une procédure de licenciement de 5 salariés sur les 9 qu’il comptait encore. D’une façon jugée par beaucoup contraire aux valeurs que défend EELV.

Ils étaient quatorze, ils ne sont plus que quatre… Quatre salariés au siège d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). L’effectif a d’abord fondu avec le départ volontaire de cinq salariés avant les élections de 2017, puis un licenciement collectif pour raison économique a été mené au début de l’été de cinq autres salariés, au siège du parti. Mais la procédure est vivement contestée par les intéressés, qui ont mis sur pied un site de soutien« Licenciement en plein mois de juillet seulement quinze jours après les élections législatives », absence de discussion et proposition de reclassement minimum… les reproches des salariés sont particulièrement violents.

À la veille du combat contre les ordonnances concernant la réforme du marché du travail, qu’EELV annonce condamner par voie de communiqué, l’affaire fait tache. « Le parti se comporte en complète contradiction avec les valeurs qu’il dit défendre », s’emporte Florent Martinez, porte-parole du syndicat Asso-Solidaires, qui s’est engagé en faveur des salariés. « Engager une procédure de licenciement sur trente jours en plein été… je vous laisse imaginer le dialogue social à EELV ! Ils vont virer quelqu’un qui a près de trente ans de boîte, qui représente la mémoire du parti sur les questions internationales ou encore une femme seule avec enfant, qui compte vingt ans d’ancienneté, dit le responsable syndical. Et, à l’inverse, il y a six mois, David Cormand a embauché un jeune de vingt-cinq ans en CDI comme directeur de cabinet ! »

« On parle d’une division par trois des recettes. Par rapport à nos dépenses, il va nous manquer 315.000 euros par an » 

« Nous avons été contraints d’envisager ces licenciements par la nécessité économique. L’assombrissement lié aux législatives a été déterminant », justifie Thierry Brochot, le trésorier de la formation écologiste. C’est que, en cette rentrée, EELV a la gueule de bois. Le parti ne dispose plus d’aucun député à l’Assemblée nationale, alors que dix-huit avaient été élus sous sa bannière en 2012, dans la foulée de l’élection de François Hollande.

Une débâcle électorale qui va avoir des conséquences concrètes sur les finances du parti écologiste :

  • d’une part, à partir de 2018, le financement public, indexé sur le nombre de voix, va être largement réduit, passant de près de 3 millions d’euros à 1,2 million ;
  • d’autre part, aucun député n’a été élu alors que le budget prévisionnel tablait sur l’élection de trois parlementaires verts. Cela représente un nouveau manque à gagner en matière de subventions publiques (37.500 euros par an et par parlementaire) et de cotisations des élus (fixées à 1.300 euros par mois à EELV). « Chaque député non élu représente donc une perte d’environ 53.000 euros par an », explique le trésorier à Reporterre ;
  • enfin, la fuite des adhérents, au nombre de 4.200 actuellement, grève aussi les comptes du parti, alors que le budget voté tablait sur un chiffre de 7.000.

Au total, « on parle d’une division par trois des recettes. Par rapport à nos dépenses, il va nous manquer 315.000 euros par an », regrette Thierry Brochot.

Florent Martinez, du syndicat Asso, ne conteste pas les difficultés économiques du parti. « Mais la baisse des financements n’aura lieu qu’en 2018. Il reste six mois pour trouver des solutions : baisser des factures de prestation externes, essayer d’augmenter le nombre d’adhérents… » Sans compter la trésorerie du parti, qui s’élève encore à près de 3 millions d’euros. Ce qui aurait pu retarder les licenciements, selon le syndicat. « Ce chiffre de trésorerie élevé n’a pas de réalité concrète, car nous sommes un parti fédéraliste, ce qui veut dire que cette somme est éclatée entre nos vingt-six régions », répond Thierry Brochot.

Le trésorier assure que les solutions prônées par les salariés et le syndicat Asso pour dégager du budget afin de sauver quelques postes — renégocier les contrats d’imprimerie ou réinternaliser les outils web utilisés par le parti — ne sont pas envisageables. « Depuis 2016, nous avons fait toutes les économies possibles et imaginables. On était obligé de procéder à des licenciements. » Et le directeur de cabinet de David Cormand ? « Il avait des compétences en coordination politique que n’avaient pas les salariés en interne », justifie le trésorier.

Profond désarroi des sympathisants et des militants 

Au sein d’EELV, personne n’ignore la situation financière délicate du parti. Pour autant, la manière dont ont été opérés ces licenciements ne passe pas auprès d’un certain nombre de cadres. Jérôme Gleizes, ancien membre du bureau exécutif, a lui-même écrit un long argumentaire en faveur des salariés. Joint par téléphone, il regrette la « brutalité » de la décision de la direction et du secrétaire national, David Cormand. « J’ai vécu un épisode similaire avec le grand licenciement de 2007 où le parti s’était séparé de 9 personnes. Sauf que nous avions discuté avec les salariés qui nous ont apporté des solutions que nous n’avions pas imaginées », explique-t-il. Florent Martinez, représentant syndical des salariés, déplore le service minimal de la direction du parti concernant les indemnités de licenciement ou d’éventuels reclassements : elle a formulé une proposition bien en deçà des espérances des salariés.

Une proposition de médiation a été signée par Michèle Rivasi, députée européenne et des dizaines de cadres locaux du parti. Sur le site de soutien aux cinq salariés, plus de deux cents commentaires laissent entrevoir le profond désarroi des sympathisants et des militants, dont certains pointent la gestion hasardeuse du parti.

« David Cormand a vraiment envie d’ouvrir une nouvelle page tout en détruisant l’ancien chapitre. On n’a plus de local, plus de salarié, plus de député… Le secrétaire national d’EELV dit qu’on a vécu au-dessus de nos moyens. Mais c’est à lui que l’on doit ce bilan, s’emporte Jérôme Gleizes, qui aimerait une discussion plus générale sur les finances du parti. On pourrait faire un état des lieux des cotisations non reversées par les élus, par exemple. Sur ce plan, nous n’avons aucune information ! Actuellement, on a l’impression que les seuls coupables, ce sont les salariés. »

De quoi tendre les rapports avec des syndicats amis en plein mouvement contre la loi Travail ? « Cela n’a aucun rapport. On n’a juste plus les moyens de payer les salaires, répond à Reporterre David Cormand, le secrétaire national du parti. J’ai vu certains commentaires qui font une grande théorie politique à ce sujet… mais c’est bien plus pragmatique que cela. On est dans un contexte où le budget baisse de 60 %. » En attendant, le parti retourne à la case départ, sans graphiste ni attaché de presse, et risque de solliciter à nouveau les militants pour ce type de mission. Seul lot de consolation : selon un dirigeant du parti écologiste, Benoît Hamon a promis, lors de sa venue aux journées d’été d’EELV, fin août, que les 200.000 euros investis dans la campagne de Yannick Jadot, avant son ralliement à Benoit Hamon, seraient bien remboursés par le Parti socialiste dans les semaines à venir. Enfin, on l’espère…