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Manifs des retraités
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
REPORTAGE - Dans le quartier de l'Opéra, quelques milliers de retraités ont défilé, ce mercredi, contre la hausse de la CSG. Avec, souvent, le sentiment d'être pris pour cible par le gouvernement d'Edouard Philippe.
Ils n'ont qu'un nom à la bouche: Emmanuel Macron. Réunis devant l'Opéra Garnier, à Paris (IXe), ce mercredi, quelques milliers de retraités sont venus manifester contre la hausse de la CSG et crier sur tous les tons leur rancoeur vis à vis du président de la République. Sur la place de l'Opéra, alors que des fashionistas entrent dans le bâtiment pour assister au défilé Balmain à l'occasion de la Fashion week, les retraités ont l'humeur morose. Et la pluie n'aide pas à ragaillardir les troupes. Posté le long de la terrasse du célèbre Café de la Paix, Jean-Louis, ancien fonctionnaire, lâche quelques phrases au compte-gouttes: «Avec ma femme qui était médecin, on va perdre 1000 euros par an. On a l'impression d'être pris pour des vaches à lait.»
Des retraités en colère
En se faufilant entre les pancartes et les ballons, Patricia, également retraitée de la fonction publique, se montre plus bavarde. «C'est simple, la hausse de la CSG équivaut au budget d'une semaine de courses, s'exaspère-t-elle. Ce n'est pas une surprise, mais ce qui me choque le plus, c'est le ton méprisant de Macron. Il ne tient pas compte de tout ce que font les retraités pour la société, des nombreuses associations où ils sont engagés bénévolement.» Le sentiment d'être une cible facile s'exprime chez beaucoup de manifestants. Même en colère, les retraités ne vont pas bloquer le pays, ou casser les centres-villes. Et le gouvernement le sait.
Le cortège s'avance sur le boulevard Haussmann. Jean-Jacques et Geneviève ont des choses à dire. «Je suis retraité depuis le 1er janvier 2014», débite Jean-Jacques, en préambule. Il reprend aussitôt: «Depuis 2014, les pensions n'ont pas augmenté. Et en plus, on vient maintenant nous piquer notre pognon!» Geneviève, qui travaillait dans une petite entreprise privée «où tout ne fut pas si simple», n'accepte pas le chantage au conflit de générations que, selon elle, le gouvernement fait aux retraités. «Comme si on ne voulait pas aider les jeunes! Mais, je vous rappelle, que ça fait, déjà, 45 ans que l'on cotise!», dit-elle froidement.
«Le gouvernement veut nous faire passer pour des nantis»
Un argument que Marc, la soixantaine, qui touche 1200 euros par mois, après 45 ans de travail, approuve. «Le gouvernement veut nous faire passer pour des nantis... Mais, nous sommes à des âges où les problèmes de santé s'accumulent, où on aide nos enfants, et même nos propres parents qui sont en maisons de retraite. Tout cela coûte très cher!», dit-il d'une voix sur le point de dérailler. Et puis, las, il éructe: «De colère, on serait même prêt à voter Front national!»
Un bruit de casserole interrompt Marc. Sur le trottoir, debout sur une estrade, Danielle Simonnet, conseillère de Paris, et Adrien Quattenens, député, de la France insoumise crie quelques mots. «Résistance, résistance», répète la conseillère mélenchoniste. «Macron, c'est un Robin des bois à l'envers» nous glisse, en aparté, Adrien Quattenens. Un élément de communication repris en boucle par tous les ténors du parti, et notamment par le médiatique député de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière.
À deux cents mètres de la Place Saint-Augustin, Véronique ne bouge plus. Stoïque, elle tient fermement sa pancarte colorée, et la montre aux autres manifestants. «Je suis retraité de la fonction publique depuis deux mois. On ponctionne les retraités pour donner aux plus riches», glisse-t-elle, laconique.
La manifestation s'achève, et quelques manifestants s'arrêtent dans un café de la place Saint-Augustin. Au comptoir, Jean-François, militant de La France insoumise, et retraité de la fonction publique depuis 3 ans détaille: «Je devrais perdre autour de 400 euros par an». Et de souffler: «Le gouvernement est au service d'une minorité, on voit dans quel sens cela va...»