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FO: Mailly est désavoué, mais la résolution du CCN est néanmoins pourrie
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Mailly a donc été désavoué par son CCN. Mais le CCN a adopté un texte de "compromis" pour ne pas trop enfoncer Mailly. Ce texte qui n'est pas du tout à la hauteur de l'attaque, et qui ne propose pas un plan d'action pour gagner. Le CCN se positionne demande le «retrait des mesures inacceptables», et non pas des ordonnances, évoque une «mobilisation» et non pas une grève, etc.
A l'issue d'une réunion tendue de son comité confédéral, le secrétaire général de FO a dû accepter de combattre de façon plus énergique les ordonnances Pénicaud. Et a même donné, en fin de séance, l'impression de vouloir démissionner.
Le fossé s’élargit à Force ouvrière entre la base et sa direction. A l’issue de deux jours de conclave, le comité confédéral national (CCN, parlement de la centrale) a adopté vendredi un texte qui, de fait, met son secrétaire général, Jean-Claude Mailly, en minorité. Même si la résolution finale est un subtil compromis entre la position de la direction et celle des membres du CCN. Le malaise est d’autant plus profond que la réaction de Mailly à l’issue de cette journée a laissé penser à de nombreux participants qu’il était alors sur le point de démissionner.
Lors de la première journée du comité, jeudi 28 septembre, le ton est donné. Parmi les 143 responsables d’unions départementales et de fédérations qui composent le CCN, «une majorité d’intervenants se prononce pour le retrait complet des ordonnances, mais également pour au moins une journée de grève interprofessionnelle», témoigne un des participants. Le lendemain matin, Jean-Claude Mailly monte à la tribune. Il réitère ses positions, rappelle le travail mené par la confédération pour peser sur les ordonnances, insiste sur le fait que la branche est consolidée mais commence aussi à donner quelques gages à son parlement: la confédération va étudier les recours juridiques possibles, va peser sur les décrets d’application et essayer d’obtenir davantage sur la hausse des indemnités légales de licenciement qui, dans le texte du gouvernement, ne concernent que les dix premières années d’ancienneté. Il reconnaît également que les ordonnances ne sont pas équilibrées et, surtout, évoque une possible mobilisation avec les autres confédérations. Mais il trace une ligne rouge: «Si on demande le retrait des ordonnances, le bureau confédéral est en vacances jusqu’au congrès.» Une menace de quasi-démission de la direction plane alors sur le CCN.
La commission des résolutions se réunit dans la foulée, sans la présence de Mailly, qui n’en fait pas partie. Le texte original, sur lequel les membres de la commission vont plancher pendant plusieurs heures, est écrit par la direction. Il mentionne dès le début que la perspective d’une mobilisation interprofessionnelle est nécessaire. Mais ne se positionne pas «contre» les ordonnances. «Le bureau confédéral refusait que l’on mentionne le "retrait" des ordonnances, la grève et un calendrier de mobilisation, on a négocié mot à mot pendant des heures», témoigne un membre de la commission.
Un subtil compromis est finalement trouvé. Selon le texte de la résolution, que Libération s’est procuré, le CCN se positionne «contre les ordonnances», demande le «retrait des mesures inacceptables», et non pas des ordonnances, évoque une «mobilisation» et non pas une grève, mais impose un calendrier, soit une mobilisation avant la ratification de la réforme par le parlement. «C’était pour conserver l’unité de l’organisation et permettre à la direction de sauver la face», explique un autre participant. La résolution est alors adoptée par 123 voix et 20 abstentions.
Mais malgré ce texte de compromis, la direction va donner un étrange sentiment à l’assemblée. C’est d’abord le secrétaire général de la fédération des métaux, légitimiste, qui va expliquer qu’il s’abstient car la résolution «déjuge» le secrétaire général. C’est ensuite Jean-Claude Mailly lui-même qui, en fin d’après-midi, va semer la confusion. A la tribune, il déclare: «le bureau confédéral considère qu’il n’est pas soutenu par le CCN et se réunira lundi pour décider des suites». Stupeur parmi les membres du comité confédéral. «Il y a eu un grand moment de flottement, tout le monde pensait alors que Mailly allait démissionner», explique le responsable d’une union départementale FO. «Même si le texte lui permettait de s’en sortir, je pense qu’à ce moment-là, c’est l’esprit du texte qui lui saute à la figure, d’où sa réaction», explique un participant. Mais en fin de journée, Jean-Claude Mailly démentira lui-même, sur Twitter, l’impression qu’il a donnée à son CCN: «Non, je ne démissionne pas! Arrêtons l’intox!» écrit-il, accompagné d’un smiley tout sourire.
Reste que le secrétaire général est désormais contraint de prendre langue avec les autres confédérations pour organiser une journée de mobilisation avec elles avant la ratification des ordonnances, prévue pour fin novembre. Une perspective qu’il s’était jusqu’alors refusé d’envisager, et qui sonne comme un vrai désaveu de la part de sa base.