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Catalogne : à la veille d’une bascule ?

Catalogne

Lien publiée le 1 octobre 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://npa2009.org/actualite/international/catalogne-la-veille-dune-bascule

Crédit Photo: 

NPA

La première journée de la délégation du NPA en Catalogne a donné plusieurs enseignements sur la réalité de la mobilisation pour le référendum sur l’indépendance de la Catalogne sous la forme d’une République (par opposition à l’actuelle monarchie espagnole).

La première impression s’oppose radicalement au discours des médias qui prétendent que la moitié des bureaux de vote ont été fermés. Nous n’avons vu que des bureaux de vote ouverts, avec des dizaines de personnes à l’intérieur. Car, aujourd’hui, l’objectif des comités de défense du référendum (CDR, peut-être en référence aux comités de défense de la révolution à Cuba ?) était d’occuper les bureaux de vote par des animations culturelles, toute la journée et une partie de la nuit. En effet, le gouvernement de Madrid a donné l’ordre d’évacuer les bureaux de vote à 6 heures du matin dimanche. Les occupants ont organisé, dans les établissements scolaires où se déroulent les votes, des débats, des jeux avec les enfants, des activités sportives toute la journée et vont y dormir. A 5h30, les organisateurs du référendum, liés à la Generalitat, doivent prendre le relais.

 

Dans les discussions que nous avons eues, les occupants ne semblaient par alarmés par la menace de la Guardia civil d’évacuer les bureaux de votes. La police catalane, les Mossos d’Esquadra, dont le gouvernement de Madrid tente de prendre le contrôle, semble ne pas vouloir prendre position dans le conflit. Ces policiers ont donc prévu de faire la tournée des bureaux et de rendre des rapports à la Guardia Civil, sans intervenir eux-mêmes.

Notre impression est limitée par la nature des bureaux de votes que nous avons visités, dans certains quartiers de Barcelone et de Figueres, mais plusieurs points s’en dégagent. Le premier est celui d’un mouvement « semi-massif » : les rues sont relativement vides mais les bureaux de votes sont pleins, certains quartiers sont remplis d’affiches mais d’autres beaucoup moins. Les raisons d’organiser le référendum et de le soutenir sont très diverses, entre les motivations sociales et les motivations culturelles.

En lisant les informations données en France, on avait l’impression que la population avait de grandes illusions dans le fait que le référendum se déroulerait tranquillement, sans violence. Nos informations sur place nous font envisager une autre possibilité. Il semble que la police ait volé des urnes et des listes d’émargement pour diminuer la légitimité du référendum. Par ailleurs, des affrontements avec l’extrême droite ont eu lieu dans plusieurs quartiers. Il est donc possible que la police cherche à décrédibiliser le mouvement par ce biais également, pour tenter globalement de faire du référendum un non-événement.

La vérité des prix se fera demain : en effet, s’il y a des centaines de milliers de personnes qui viennent voter, il sera difficile pour l’Etat de minimiser le mouvement. Il semblerait que 60 000 personnes se soient inscrites pour organiser le référendum à Barcelone… tandis que 6000 membres de la Guardia Civil ont été mobilisés et 15 000 Mossos dont le positionnement reste incertain.

Au-delà des illusions sur les formes institutionnelles de la lutte, sur les vertus du nationalisme catalan, une dynamique semble donc enclenchée qui remet en cause le pouvoir central de Madrid, de la monarchie et le régime de la transition issu du franquisme. L’enthousiasme de milliers de personnes, la réappropriation des lieux publics, les débats multiples créent en eux-mêmes un début de remise en cause du système. La preuve, ce sont les manifestations de dizaines de milliers de jeunes des universités et des lycées et la grève des dockers empêchant le débarquement et le ravitaillement des policiers envoyés par Madrid pour empêcher le référendum. L’appel syndical à la grève générale à partir du 3 octobre, quoiqu’encore très minoritaire, montre également la possibilité d’une transformation du mouvement actuel en mouvement sous une forte influence de la classe ouvrière. Le mouvement est profond, c’est indéniable ; l’affrontement a été renforcé par l’autoritarisme de Madrid, qui met la grande majorité des habitants de Catalogne d’accord sur le droit démocratique de se prononcer et le refus de la répression.

À suivre…