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Agression d’un député FN: la piste des "antifas" se dégonfle
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
A la suite de l’agression du député Ludovic Pajot, deux hommes ont été présentés mercredi en comparution immédiate au tribunal de Béthune.
Dimanche 8 octobre au matin, la twittosphère s’enflamme. Les réseaux sociaux et les médias relaient l’agression dont a été victime le benjamin de l’Assemblée nationale, le député du Front national (FN) Ludovic Pajot.
La veille, alors qu’il prenait un verre avec des amis dans un bar du centre-ville de Béthune, dans le Pas-de-Calais, l’élu de 23 ans a été agressé dans la rue. Pour le secrétaire général du FN, Steeve Briois, cela ne fait aucun doute : Ludovic Pajot a été agressé par des antifascistes.
Marine Le Pen demande dès potron-minet, via un message sur Twitter, la dissolution des « milices d’extrême gauche ».
A la suite de cette agression, deux hommes ont été présentés, mercredi 11 octobre, en comparution immédiate au tribunal de Béthune. Aucun des deux ne nie les insultes et les violences. Mais aucun des deux ne se revendique d’une milice antifasciste.
Deux agressions
La présidente du tribunal, Sarah Hourtoule, revient sur les faits. Samedi 7 octobre, à 23 h 05, la police de Béthune est appelée pour une agression. Quelques minutes auparavant, au bar le Kerry Yob, trois personnes ont reconnu, insulté et menacé le député frontiste.
Le député préfère quitter le bar. Dans la rue, un homme s’approche, lui met des coups dans les jambes puis au visage. La scène est très rapide. Fin de la première altercation.
Ludovic Pajot se relève et se dirige vers un autre bar pour se mettre à l’abri. Un autre homme, casquette rouge sur la tête, tente de l’empêcher d’entrer dans le bar en essayant de le faire tomber. Les deux protagonistes chutent. Puis le député prend la fuite et se réfugie dans un bar à vin.
L’homme à la casquette est rapidement interpellé par la police, dans le bar le Kerry Yob. A la barre, A. B., venu de la métropole lilloise, présente de suite ses excuses : « Je suis désolé. S’il n’y avait pas eu d’alcool, il n’y aurait pas eu tout ça… » A 28 ans, ce manutentionnaire en CDI explique que ce soir-là, il avait bu. Il reconnaît que les idées du FN, « ça le répugne ». Il ne nie pas les insultes, comme « sale facho ». Mais pour son avocate, Emmanuelle Mauro, la circonstance aggravante d’outrage à une personne chargée d’une mission de service public ne peut être retenue. « On a voulu faire du sensationnel dans ce dossier », dit-elle.
« J’ai fait n’importe quoi, une grosse connerie »
L’autre prévenu, J. R., 29 ans, casier judiciaire vierge, manutentionnaire chez un bailleur social, ne savait pas qui était Ludovic Pajot. Lui aussi avait beaucoup bu. Il n’a pas été interpellé le soir de l’agression mais le lundi, après les déclarations d’A. B. « J’ai fait n’importe quoi, une grosse connerie. Je boirai moins… » J. R., tête basse et regard inquiet, explique avoir vu le député sortir du bar avec un sourire narquois. « Je me souviens d’échauffourées devant le bar. Avec ce que j’avais bu avant, j’ai vu rouge. » Balayette, manchette et coups au sol. « Vos proches disent que vous n’êtes pas violent, tente de comprendre la présidente du tribunal. Mais là, je trouve ça un peu effrayant. »
Son avocat, Edouard Dubout, désamorce : « J’assiste quelqu’un qui était beurré et qui a agi n’importe comment. Mais mon client, qui vit à Lille, a une conscience politique au ras des pâquerettes. On a instrumentalisé cette procédure. On a vendu à la presse une agression d’antifas contre un député FN mais ce n’est pas vrai ! »
Selon les déclarations de Ludovic Pajot, une personne dans le premier bar lui a montré son tee-shirt siglé du logo « antifa ». « Cette personne n’a pas été interpellée, a fait savoir la présidente. Il n’y a pas d’éléments qui permettent de creuser cette piste. »
La procureure a requis quatre mois de prison aménageables pour A. B., qui a deux mentions à son casier judiciaire, et cinq mois avec sursis pour J. R.
Une peine de six mois de prison avec sursis a finalement été prononcée contre J. R. Quant à A. B., il n’a pas été jugé à la suite d’un vice de procédure. Après la fin de sa garde à vue lundi, il a été « sommé » de se présenter au commissariat ce mercredi matin. On lui a mis les menottes pour être déféré au parquet après avoir été mis en geôle. « C’est une atteinte aux libertés de mon client ! », a souligné Me Mauro, soulignant que la reprise de garde à vue n’avait pas eu lieu.
De son côté, la victime, Ludovic Pajot, a fait savoir dans un communiqué de presse que « la motivation politique de l’agression a bien été admise ». Mais s’est bien gardé, cette fois-ci, de faire référence aux antifas.