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Catalogne: Puigdemont sous la pression des anticapitalistes
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Alors que Madrid le pousse à revenir sur l'indépendance, le président de l’exécutif catalan doit aussi satisfaire l'aile gauche de sa coalition qui le presse d'aller plus vite.
Mardi soir, le président de l'exécutif catalan Carles Puigdemont a déclaré l'indépendance de la Catalogne mais a suspendu sa mise en oeuvre. Une décision ambiguë qui n'a contenté personne. Ni le gouvernement espagnol, ni l'extrême gauche catalane. Dans son intervention devant le parlement espagnol hier, le président conservateur du gouvernement Mariano Rajoy a appelé Carles Puigdemont à clarifier sa position dans un délai de cinq jours. Si le président de l'exécutif catalan décide de confirmer l'indépendance, Mariano Rajoy a prévenu : il utilisera l'article 155 de la Constitution qui permet au gouvernement central de prendre les "mesures nécessaires" pour prendre le contrôle de la région.
Une clarification que réclame aussi la Candidature d'unité populaire (Cup). Mais ce parti catalan d'extrême gauche espère au contraire que Carles Puigdemont confirme l'indépendance sans quoi il menace de quitter le parlement catalan. Créée en 1987, la Cup est un parti qui se revendique sans leader et qui lutte pour "un pays indépendant, socialiste, écologiquement durable et en rupture avec les formes de domination patriarcales". Historiquement, cette formation politique avait surtout un poids contestataire et ne se présentait qu'aux élections municipales. Mais début 2016, quatre mois après les élections catalanes où elle avait obtenu 8,21% des suffrages, la Cup avait finalement intégré la majorité indépendantiste au parlement catalan.
Une coalition hétéroclite avec un but : l’indépendance
La coalition "Ensemble pour le oui" qui regroupe les indépendantistes de gauche (ERC) et de droite (PDeCAT) était arrivée en tête du scrutin de septembre 2015 mais ne disposait pas de suffisamment de sièges pour gouverner. Elle s'était alors tournée vers les dix députés de la Cup. Pour rejoindre la majorité, le parti d'extrême gauche avait imposé ses conditions : écarter l'ancien président de la région Artur Mas jugé trop libéral et imposer la tenue d'un référendum qui en cas de victoire du "oui" aboutirait sur une déclaration d'indépendance. Carles Puigdemont, membre du PDeCAT très engagé en faveur de l'indépendance avait été choisi pour diriger l'exécutif catalan.
Jusqu'ici cette majorité très hétéroclite idéologiquement avait tenu dans l'optique du référendum. La Cup a même activement participé à l'organisation de celui-ci malgré l'interdiction du gouvernement espagnol. Mais mardi, la déclaration ambiguë de Carles Puigdemont a révélé les premières fissures. Après le discours du président de l'exécutif catalan, les députés de la Cup n'ont pas applaudi et son porte-parole Quim Arrufat a exprimé sa déception : "Ce n'était pas l'accord passé avec le gouvernement catalan. Il a été modifié juste avant la session. La confiance est entamée."
Menace de quitter le parlement catalan
Le parti d'extrême gauche a annoncé qu'il laissait un délai "d'environ un mois" au gouvernement pour rendre effective la déclaration d'indépendance. Dans le cas contraire, la Cup a menacé de quitter le parlement catalan et de retourner s'exprimer dans la rue. Une décision qui ferait perdre sa majorité à Carles Puigdemont et qui engendrerait probablement la tenue de nouvelles élections en Catalogne. Hier, à travers un tweet, la CUP a de nouveau interpellé l'exécutif catalan pour l'encourager à refuser tout compromis avec Madrid : "Le mandat est la république et non la voie d'un pacte constitutionnel. La République catalane !!! On continue ??"
Réagissant à l'éventuelle utilisation de l'article 155 par Mariano Rajoy, l'eurodéputée de la Cup, Eulàlia Reguant a de son côté assuré que son parti réagirait "immédiatement" à l'instauration d'une telle mesure et se mettrait en marche pour construire "la République de Catalogne".
Pressé de toutes parts, Carles Puigdemont a réagi hier dans un tweet une nouvelle fois énigmatique : "Tu demandes le dialogue et ils te répondent qu'ils envisagent l'article 155. Compris."
Par Alexis Boisselier (@Alexis_Boiss)