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Catalogne - Rajoy avance ses pions

Catalogne

Lien publiée le 30 octobre 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://npaherault.blogspot.fr/2017/10/catalunya-etat-des-lieux-avant-coup.html

Rajoy avance ses pions !

Honorable* Soraya 
 

- Mariano Rajoy : Et tu retiens, Soraya, tu prends la place de Puigdemont mais tu y vas en Mon nom ! Autrement dit, surtout, pas de conneries !
- Soraya Sáenz de Santamaría (vice-présidente du gouvernement central et représentant  de celui-ci à la tête de la Généralité) : Putain...putain, il n'y a pas deux minutes que je suis à la Généralité et voilà ceux de Madrid qui me cassent les couilles!Cliquer ici

Honorable est le terme respectueux par lequel on s'adresse officiellement au Président de la Généralité. 

Les opposants à l'indépendance ont repris les rues de Barcelone
 

Ce n'est pas la victoire inattendue  des footballeurs de Girona (ville dont le maire était Carles Puigdemont, avant qu'il ne devienne President) sur le Real Madrid au moment où 350 000(plus d'un million selon les organisateurs) manifestant-es défilaient dans la capitale catalane en faveur du maintien de l'intégrité territoriale de "l'Espagne", qui changera le sens politique qu'aura pris cette journée.

C'est un nouveau succès pour l'organisation Societat Civil Catalana (SCC) qui, avec la présence d'une l'extrême droite provoquant quelques affrontements avec les Mossos  de faction devant le Palais de la Généralité, avait reçu l'appui du PP, de Ciudadanos et du PSC. Tout ce beau monde des institutionnels avait pris la tête du défilé avec à ses côtés la représentante du gouvernement central, la ministre de la Santé. Leur slogan “Tots som Catalunya”, Nous sommes tous la Catalogne, résume bien ce pourquoi ils ont mobilisé.
 

Il n'est pas inutile de préciser que le président de SCC, qui se présente comme indépendant politiquement, avait été épinglé lors de sa réception du prix Citoyen Européen de l'Année (2015) du  Parlement Européen, comme admirateur, déclaré sur sa propre page Facebook, du leader fasciste espagnol de Fuerza Nueva (Force Nouvelle) Blas Piñar (mort en 2014). Personnage franquiste auquel il avait rendu hommage en participant au repas célébré en sa mémoire par la... Fondation Francisco Franco en 2013 ! Lire ici Nous avons là une nouvelle manifestation de cette interaction, très Transition des années 70, revitalisée par le cours actuel des événements, qu'entretient la démocratie politicienne espagnole avec ce qu'elle a conservé en héritage du franquisme. 

Très Transition...Sentiment renforcé par la présence nouvelle et fortement applaudie, dans le club restreint des orateurs de ce rassemblement, de Paco Frutos, ex secrétaire général du PCE : ah, il s'en est donné à coeur joie le communiste national-espagnoliste, à fustiger, au nom du refus des nationalismes, grands ou petits (mais pas le plus grand dont l'emblème est le drapeau de la monarchie qu'on lui agitait sous le nez), une gauche qui se soumettrait au catalanisme  présenté comme identitaire, d'exclusion... Avec sa présence aux côtés des autres ex hauts dirigeants, du PS (Josep Borell, ancien ministre et ancien président du parlement européen) et du PP (Josep Piqué, ancien ministre), appelés à galvaniser la foule, c'est bien le pacte "gauche-droite" fondateur de la Transition et de la démocratie médiée par des franquistes reconvertis démocrates, que Frutos a été appelé à opposer aux rebelles catalan-es républicain-es avec le rappel subliminal que la République, avec ce qu'elle pouvait recéler comme possibilité d'autodétermination des peuples, devait toujours être l'Exclue du régime de 78 aujourd'hui très mal en point mais ayant le sursaut violent de la bête blessée ! Bravo, le communiste, tu auras bien mérité de l'Espagne qui fait un putsch politico-policier contre la Generalitat ! Il est cependant juste d'indiquer que le PCE a fait savoir que ce méchant personnage, résidu de son histoire, ne le représentait pas.

Tout ceci, ce remake des années 75-78, ne peut pas faire oublier que le PP et Rajoy ont su reprendre la main en réactivant la peur du sécessionisme pour faire du drapeau monarchique la référence par laquelle le salut prévaudrait : les milliers de participant-es à ce rassemblement ne sauraient pour autant être assimilables aux pantins politiques ayant battu l'estrade aujourd'hui pour appeler la justice à sévir contre les rebelles, agitant les élections du 21 décembre comme le moyen de mettre définitivement en déroute l'hydre séparatiste et donnant carte blanche à Rajoy pour matraquer tout ce qui agite une senyera estelada (drapeau catalan étoilé indépendantiste).

Ce qu'a réussi partiellement l'action de défense du droit de voter au référendum le 1er octobre face aux violences policières, à savoir l'élargissement de la mobilisation nationale aux démocrates non nécessairement indépendantistes, doit de toute urgence être remis sur le tapis de la mobilisation de résistance à venir. Et cette ouverture aux non-indépendantistes (que porte Anticapitalistas-Podemos dans sa déclaration de reconnaissance de la République catalane, lire ici) devrait non seulement intégrer la question démocratique que Rajoy a réussi, depuis le 1er octobre, à retourner et détourner au profit du respect de la légalité antidémocratique en vigueur contre les questions nationales, mais aussi la question des droits sociaux.


Celle-ci est le gros talon d'Achille d'un Rajoy dont personne, y compris parmi celles et ceux qui ont manifesté unioniste aujourd'hui, ne peut oublier longtemps qu'il est l'artisan de l'explosion du chômage (aux indemnités scandaleusement basses) et de la précarité, du maintien à la baisse des salaires, des expulsions de logement, des attaques contre les services publics, contre les droits des femmes, dont celui d'avoir un  travail rémunéré comme celui des hommes, etc.

La revendication sociale est plus que jamais le levier et le bélierpermettant à la mobilisation indépendantiste-républicaine catalane d'enfoncer la diabolisation qui est faite d'elle-même par ses ennemi-es. Cette mobilisation a, par ailleurs, tout à gagner à se présenter comme l'artisane de la première épreuve de force pour que tous les peuples de l'Etat espagnol puissent jouir du droit à s'autodéterminer : c'est ce que les Basques ont compris en annonçant tant du côté du PNV (droite nationaliste) que de celui de EH Bildu (gauche abertzale - indépendantiste-) être d'accord pour que la Parlement de la Communauté Autonome du Pays Basque reconnaisse la République catalane ! Lire ici

Comment, au lendemain de cette occupation unioniste de la rue barcelonaise, les partisan-es de la République Catalane, illégalisée dès que née, vont-ils assurer la visibilité de leur stratégie de résistance ? C'est l'inconnu du jour... La semaine à venir devrait commencer à nous éclairer sur le sujet mais elle débutera, ce lundi, par le dépôt de plainte visant le President et le Govern devant l'Audiencia Nacional mais aussi leTribunal Suprême et celle contre la présidente du Parlament et le bureau dudit parlement catalan devant ce même Tribunal Suprême. C'est dire qu'articulée à ses mobilisations de rue, la stratégie du gouvernement central et de la justice qui lui est inféodée, avec la police qui est en embuscade pour procéder en urgence à l'arrestation des personnalités sus-évoquées, continue sa politique de l'étourdissement des opposant-es par l'avancée du rouleau compresseur répressif et substitutif des pouvoirs locauxvisant à obtenir un maillage serré de toute la Catalogne... Le défi se confirme de jour en jour, de plus en plus, de taille pour les démocrates catalan-es !

Le selfie du jour : Miquel Iceta, le socialiste catalan... 


... au coeur de la manif du jour avec, derrière lui prenant le selfie, Xavier García Albiol, le très extrême-droitier dirigeant du Parti populaire de Catalogne, et, à sa gauche, la représentante du gouvernement 155 de Rajoy, la ministre de la Santé, Dolors Montserrat. Cliquer ici