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Une répression syndicale "jamais vue" au ministère du Travail
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Selon la CGT et SUD, des agents ont été sanctionnés "en raison de leur engagement syndical".
Les syndicats CGT et SUD du ministère du Travail ont dénoncé mercredi une "répression syndicale jamais vue", exercée selon eux par leur ministère contre plusieurs agents "victimes de sanctions disciplinaires en raison de leur engagement syndical", des accusations rejetées par le ministère.
Deux militants syndicaux CGT d'Ile-de-France se sont vu infliger "un blâme pour avoir soutenu l'action de travailleurs sans-papiers" alors que dans le même temps, "le ministère discutait avec les confédérations pour faire avancer le droit de ces travailleurs", affirment la confédération CGT et l'Union fédérale des syndicats de l'Etat CGT (UFSE-CGT) dans un communiqué.
Plusieurs occupations de locaux par des travailleurs sans-papiers ont eu lieu à la direction générale du travail à Paris, à la DGEFP et à la Dirrecte d'Ile-de-France à Aubervilliers, fin 2016, au printemps 2017 et en début d'été. "Le ministère considère les agents, syndiqués, responsables de ces occupations, alors qu'ils étaient juste présents et ont participé à l'instauration d'un dialogue entre le ministère et les sans-papiers", selon ces syndicats.
Une militante en conseil de discipline pour avoir critiqué Muriel Pénicaud, selon la CGT
Selon la CGT, une autre militante, appartenant à SUD, s'est vu suspendre de ses fonctions à titre conservatoire pour "faute grave" jusqu'à la tenue d'un conseil de discipline prévu en décembre pour avoir critiqué la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, lors d'une manifestation en région parisienne à la mi-octobre.
Cette manifestation, à l'appel d'un collectif opposé à la réforme du code du travail, s'était tenue au Bois de Boulogne en marge d'un congrès de directeurs de ressources humaines à Paris où la ministre du Travail avait annulé sa venue. Les manifestants étaient appelés à la "chasse aux DRH". Sept véhicules en stationnement avaient été dégradés dont trois incendiés, 41 personnes interpellées dont quatre placées en garde à vue.
Dans un courrier, le ministère reproche à l'agente d'avoir manqué à son devoir de réserve et de neutralité en s'étant "prévalue de (son) appartenance au corps de l'inspection du travail" devant la presse.
"Faux", dit Astrid Toussaint, membre du conseil national de SUD-travail, représentant l'Inspection du travail, puisque l'agente "intervenait clairement en tant que militante à SUD ainsi qu'en attestent les autocollants et drapeaux lors de la manifestation et le bandeau d'une vidéo", diffusée sur le site web du quotidien l'Humanité.
Dans cette vidéo, diffusée aussi sur youtube, l'agente en question est identifiée par sa fonction et en tant que militante syndicale SUD.
"Du jamais vu"
"C'est du jamais vu. Jamais une sanction disciplinaire pour faute grave n'a été engagée à l'encontre d'un représentant syndical dans le cadre de l'expression syndicale", s'insurge Mme Toussaint. "C'est d'une ampleur inégalée", renchérit Marie Corneloup, secrétaire générale du syndicat SNTEFP-CGT.
Selon Mme Toussaint, "les actions de l'administration visant à faire taire les militants syndicaux se multiplient auprès des militants CGT et SUD depuis l'arrivée" de Muriel Pénicaud à la tête du ministère .
Le ministère se défend de toute répression
Interrogé par l'AFP, le ministère s'est défendu d'exercer toute "répression et certainement pas syndicale".
"L'action syndicale est tout à fait normale et ne doit pas excéder les limites propres à l'action syndicale et au devoir de neutralité des fonctionnaires", a déclaré Joël Blondel, directeur des ressources humaines au ministère du travail.
Celui-ci a dénoncé "la violence" des propos tenus par la militante SUD, "identifiée comme inspectrice du travail" dans la vidéo, ce qui "viole son devoir de neutralité et met gravement en cause son impartialité".
Quant aux deux autres agents sanctionnés par un blâme, le DRH les accuse d'avoir participé à une "action illégale", tout en reconnaissant leur participation aux "discussions" avec le ministère autour du dossier des sans-papiers.