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Catalogne - sur les élections du 21 décembre

Catalogne

Lien publiée le 19 novembre 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://npaherault.blogspot.fr/2017/11/catalunya-infos-en-continu-ne-pas.html

* 21-D : les élections législatives catalanes du 21 décembre
1-O : le référendum d'autodétermination du 1er octobre 

Tout bien 

 - Comme c'est fantastique de vivre en Espagne ! Sa Constitution ! Sa séparation des pouvoirs, son unité territoriale, ses décrets-loi ! Ses médias au service de la vérité ! Sa transparence ! Ses forces de l'ordre, si proportionnelles* ! Ses libertés ! Ses priorités, son égalité !
- Son soleil, ses plages... (pst ! Tu veux qu'on nous prenne pour des écolos ?)
 

* si proportionnelles : aux méthodes répressives exercées en toute proportionnalité des moyens utilisés par rapport au but poursuivi (le "rétablissement de l'ordre") lui-même rapporté au niveau de désordre constaté. En résumé « La police ne doit pas tirer sur les moineaux à coups de canon » (Commentaire de la décision Kreuzberg du 14 juin 1882 par le juriste allemand Fleiner en 1912 cité par B. Stirn dans  Vers un droit public européen, LGDJ, 2015, 2ème édition, p. 93). Cliquer ici
 

Des partis indépendantistes emportés dans la dynamique électorale du 21 décembre...

Le point sur les rapports de force estimés pour les législatives catalanes du 21 décembre

Nous nous appuierons sur les tendances dégagées des sondages en cours. Nous savons leur fiabilité discutable et nos lecteurs/-trices doivent s'en considérer averties. Ceci étant posé, ils présentent l'intérêt, pour un lectorat peu au fait de la situation politique de la Catalogne, de se familiariser avec des données importantes de celle-ci. Nous recourons, dans les lignes qui suivent, à un article intégrant aux aspects sondagiers convoqués, une lecture politique qui nous apparaît globalement correcte mais dans  laquelle nous intégrerons nos propres remarques et les inflexions analytiques qui nous semblent nécessaires. Lire ici

Les républicains indépendantistes de gauche d'ERC ne reconduisent pas leur alliance de 2015 (portée par Junts pel Sí, JxSí, Ensemble pour le oui, qui dit le caractère plébiscitaire qui était donné à cette législative) avec la droite catalaniste du PDeCAT de Carles Puigdemont (alors appelé CDC, Convergencia Democrática de Cataluña).

Aujourd'hui, ERC apparaît devoir être, selon tous les sondages, la gagnante de cette consultation : avec 28 à 30% des voix, elle obtiendrait entre 41 et 45 sièges. Avec les 39,59% obtenus par JxSí, elle avait décroché, dans la précédente législature, 20 sièges. Cette poussée annoncée explique, entre autres facteurs, les raisons du cavalier seul décidé, à cette  occasion, par ce parti.

Cette liste sera emmenée par celui qui était le vice-président de la Généralité, Oriol Junqueras, et est aujourd'hui emprisonné. La numéro 2 sera Marta Rivera, dont nous avons parlé hier, à propos du risque d'intervention militaire espagnole pendant les derniers événements. La numéro 4, Carme Forcadell, présidente du Parlament dissous, avait concouru à la précédente élection dans le cadre de JxSí en tant que membre de l'ANC.

La campagne d'ERC devrait être centrée sur la défense de l'idée de l'indépendance républicaine, bien que nuancée par les déclarations autocritiques récentes de certain-esde ses dirigeant-es sur les erreurs commises dans le processus. La cible sera évidemment le gouvernement pour son putsch politico-policier contre la Généralité et son Govern. 

La liste de Catalunya en Comú de Ada Colau, qui y figurera en dernière position, devrait être ménagée par ERC, malgré les dures critiques que la maire de Barcelone a récemment lancées contre "les irresponsables responsables indépendantistes". Les Comunes pourraient en effet, selon les résultats obtenus, devenir incontournables pourconstituer un gouvernement de gauche défendant le droit d'autodétermination et la nécessité de mettre en route un processus constituant, le rejet du 155 et la libération des prisonniers politiques. Le hic devrait a priori être que, sur les deux premiers points, l'autodétermination et la constituante, Catalunya en Comú ne devrait pas céder sur la nécessité qu'ils soient inscrits dans une négociation avec le gouvernement de Madrid dont nous avons écrit ailleurs qu'elle renvoie l'éventualité qu'elle débouche dans les limbes de l'improbabilité (au vu de l'intransigeant refus de principe de Madrid sur le sujet) ou des calendes grecques, ce qui revient quasiment au même. 

Tout ceci pourrait en fait indiquer qu'ERC infléchit son orientation en reléguant son indépendantisme de toujours à une rhétorique identitaire assumant implicitement soninactualité. Et cela, par calcul électoraliste, au profit de la reconstitution d'une alliance de gauche rappelant sa participation passée dans le Tripartito de gauche, cette alliance gestionnaire de l'existant capitaliste de la Généralité entre 2003 et 2010. Avec la différence essentielle que le PSC en serait absent et que les Comunes, qui n'existaient pas alors, seraient appelés à faire l'appoint pour faire majorité.  

Ciudadanos devrait obtenir un score en progression par rapport à 2015, le maintenanten seconde position, en capitalisant son intransigeance anticatalaniste qui le fait avancer dans son projet général d'être la relève du PP au gouvernement de Madrid en réduisant celui-ci à être son partenaire subalterne. Pour l'aire catalane, son électorat cible est le secteur ouvertement opposé à l'indépendance et farouchement accroché à l'idée d'unité de l'Espagne, qui s'est cristallisé dans les récentes manifestations unionistes. L'équation personnelle de sa tête de liste, Inés Arrimadas, qui a percé, pour sa combativité à la rhétorique efficace au Parlament, dans les récents événements, n'est pas une donnée à négliger. 

Il devrait approcher les 20% (17,90% en 2015) et obtenir entre 24 et 28 député-es (25 en 2015) à partir desquel-les il espère parvenir un gouvernement de "concentrationconstitutionnaliste" avec le PP et le PSC, ses deux partenaires (en proximité de l'extrême droite) dans les manifestations unionistes organisées pendant la crise actuelle.

Une pression particulière de sa part, devrait s'exercer sur les Comunes sur le thème '"on est pour ou contre l'indépendance", il n'y a pas de troisième voie possible, qui plus est, s'il y a accord avec des indépendantistes comme ERC ! L'effet escompté de ce ciblage local vise en fait beaucoup plus large : mettre en difficulté, pour les législatives centrales à venir, un Unidos Podemos, qui, à travers un Podem épuré depuis Madrid, participe à Catalunya en Comú et qui, selon le calcul de Ciudadanos, aura du plus de mal que celui-ci, à se dépêtrer, devant l'électorat de l'ensemble de l'Etat espagnol, de l'image d'allié plus ou moins honteux des "sécessionnistes" catalans.

En voix 
 

Les socialistes du PSC ne parviendront probablement pas à refaire le chemin perdu depuis le temps de leur splendeur où ils incarnaient une sensibilité catalane, clairement assumée sur un registre autonomiste fort, vis-à-vis du parti frère le PSOE. L'extrême polarisation que connaît la Catalogne finit de le faire basculer dans un unionisme côtoyant de très près, avec sa défense inconditionnelle de la Constitution et son appuiau 155, celui du PP et de Ciudadanos. Les tensions en son sein s'en trouvent aggravées, qui se sont traduites par de nombreuses défections de militant-es, de démissions de maires, de pertes de mairies qu'il dirigeait en coalition ou d'exclusion d'équipesmunicipales auxquelles il participait sans diriger la mairie. L'accentuation du virage à droite de ce parti s'est concrétisée pour ces élections de décembre par l'inclusion dans ses candidatures d'un politicien issu de la scission anti-indépendantiste de feu CiU, aujourd'hui PDeCAT. 

C'est avec une très faible crédibilité que le PSC tentera de brandir le thème d'un fédéralisme induisant de modifier la Constitution, plombé en fait par les avatars de la Commission pour la Réforme Constitutionnelle créée à Madrid par le PSOE et un PP affirmant qu'elle est sans objet, hormis celui d'avoir servi de contrefeu opportuniste, le temps de le neutraliser, à l'indépendantisme catalan.

Sa tentative de renouer avec son électorat de la "ceinture rouge de Barcelone", peu porté sur l'indépendance (mais des choses ont bougé lors du référendum du 1er octobre), entre en concurrence avec les initiatives qu'y mèneront Ciudadanos et Catalunya en Comú. Dernièrement exclus par ceux-ci de la majorité de gestion de la ville de Barcelone, les socialistes catalans ne devraient pas se priver de faire de cette exclusion (motivée par leur appui du 155) la preuve que les ami-es de Ada Colau sont de mèche avec les indépendantistes. La deuxième preuve par les approches d'ERC en leur direction !

Ils obtiendraient 13% des voix et 15 à 20 député-es (12,72% et 16 sièges en 2015) 

Le PDeCAT, qui souhaitait reconduire l'alliance de 2015, Junts pel Sí, aujourd'hui refusée par ERC, se rabat sur une liste ouverte aux personnalités, labellisée... Junts pel Catalunya. Il s'agit, pour ses dirigeant-es, d'éviter de trop apparaître lié-es à l'historique CiU dont l'image de corruption avérée continue à peser sur ses successeurs. Cette liste sera conduite, depuis l'exil, par l'ancien President et candidat à retrouver son mandat, Carles Puigdemont. Comme ERC, Junts pel Catalunya se placera sous l'égide d'une indépendance associée cependant à des formes d'autocritique sur la conduite du processus.

Portant une critique sans concession envers les listes espagnolistes du PP, de Ciudadanos et du PSC, Junts pel Catalunya cherchera à reconstituer une union postélectorale avec ERC, appuyée, espère-t-il, à nouveau, par la CUP, tout en se gagnant aussi l'appui de Cataluña en Comú. Avec les mêmes réorientations que, comme pour ERC, cela devrait impliquer sur l'agenda et les modalités d'accès à l'indépendance.

Comptant, parmi ses candidats, Jordi Sánchez, le dirigeant de l'ANC emprisonné, cette liste est créditée de 11% des voix et d'un total de député-es, en net recul, oscillant entre 14 et 18 (29 en 2015).

Catalunya en Comú, campera, on l'a souvent vu dans nos pages d'infos en continu, sur le ni-ni : "Ni 155, ni indépendance". N'ayant pas encore d'existence lors de l'élection de 2015, elle reconduit, à l'échelle de la Catalogne, l'alliance de Barcelona en Comú qui apermis de conquérir la mairie de la capitale. Podem, refusant de s'y intégrer, par volonté de se rapprocher des indépendantistes, a fini par y être contraint par Iglesias, via la destitution de sa direction. Ce qui pourrait affaiblir, mais jusqu'à quel point, cette alliance.

Elle donnera à son ninisme sur la question nationale, le volet social qu'elle juge, non sans raison, être passé sous la table dans le conflit actuel. Mais le fera avec une forte limitation institutionnaliste qui, comme pour Unidos Podemos, à l'échelle de l'Etat espagnol, subordonne le social à une démarche politique cherchant à ruser avec ce que le système autorise et qu'elle ne remet pas radicalement en question. Nous aurons l'occasion d'en reparler à propos de la façon dont l'autre ville, avec Barcelone,emblématique de la volonté de changement portée par ce courant, Madrid, cherche à répondre au blocage de ses dépenses publiques que vient de décider le gouvernement de Rajoy.

Menant campagne contre tout le monde, tout en dosant différemment cette opposition, pour laisser ouverte des possibilités de coalition post-électorale avec ERC, voire Junts pel Catalunya, Catalunya en Comú devrait pouvoir compter sur 10% des voix pour 10 à 15 député-es. En progression d'un point environ et de 1 à 4 députées par rapport à ce qu'avait obtenu en 2015 la liste soutenue par Podemos, Catalunya Sí Que es Pot .

En sièges
 

Le PP n'a pas grand espoir de sortir de son historique faible représentation en Catalogne. Mené par son très extrêmedroitisé leader local, il vise surtout à faire profiter son parti, à l'échelle de tout l'Etat, de sa radicale opposition au nationalisme catalaniste et, dans la foulée, à affaiblir Unidos Podemos. Secondairement, car conformément à lamarginalité que lui ajoute l'avancée de Ciudadanos en Catalogne, il cherche à obtenir que se constitue une majorité d'alternative unioniste à l'indépendantisme avec celui-ci et le PSC. S'il obtenait, comme l'indiquent les sondages, environ 9% des voix, soit entre 9 et 14 député-es (8,49% et 11 député-es en 2015), cette convergence unioniste ne devrait pas parvenir à la majorité absolue. L'idée, caressée par le PP, de faire pression sur Catalunya en Comú pour qu'elle contribue à y parvenir est tout simplement incongrue !

Soucieuse de ne pas aggraver la situation des emprisonné-es et des exilé-es, la CUPdevrait, lit-on, mettre en sourdine les critiques qu'elle fait à ses partenaires en indépendantisme. Sauf sur leur incapacité avérée à asseoir la proclamation de la République sur les structures étatiques prévues et avec un minimum de garanties que l'indépendance devienne effective. La CUP ne devrait pas ménager Catalunya en Comú, un concurrent direct pour se gagner un vote de gauche divisé sur l'indépendance. Mais l'idée que face à l'Etat répressif, il y ait possibilité et nécessité de faire cause commune ...avec les Communs serait dans les têtes cuperas... Avec 6% des voix et 5 à 10 député-es, la CUP verrait s'éroder les positions acquises en 2015 (8,21% et 10 député-es). Ce qui, étant donné le rôle joué par cette organisation pour avancer dans le sens d'une indépendance d'alternative au régime, ajouterait à l'impression de défaite du procés, y compris dans le cas d'une majorité indépendantiste dont nous venons de voir qu'aiguillonnée par l'idée de devoir faire avec Catalunya en Comú, elle mettrait beaucoup d'eau dans son vin catalaniste...

Décidément les urnes du 21-D risquent bien, hélas, de n'avoir pas grand chose à voir, avec celles de fortune, mais pour quelle belle fortune d'émancipation, du 1-O !

Les tableaux sont tirés de Así marchan las encuestas en Cataluña