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Soutien aux grévistes Héméra du Holiday Inn de Clichy-la-Garenne
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Plus de 200 personnes ont participé au défilé des fantômes de la sous-traitance de propreté de l’Holiday Inn de Clichy ce jeudi 23 novembre.
Au soir de leur 35ème jour de grève, les invisibles étaient bien là, toujours aussi déterminés à faire reconnaître et valoir leurs droits par un patronat toujours aux abonnés absents.
Pour voir la vidéo d’une partie du défilé, cliquez ici
Pour voir l’excellent reportage de France 2 sur ce conflit, cliquez là
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En charge du nettoyage du Holiday Inn de Clichy-la-Garenne, les salariés de Héméra sont en grève depuis le 19 octobre contre des mutations et les cadences infernales. La direction reste sourde.
La grève s’éternise. Depuis plus d’un mois, des salariés d’une entreprise sous-traitante, Héméra, qui gère le nettoyage de l’hôtel Holiday Inn de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), ont entamé leur mouvement de protestation. Multipliant les actions pour faire entendre leurs revendications face à une direction impassible. Jeudi soir, onze fantômes ouvrent le cortège dans la nuit. C’est le déguisement qu’ont choisi ces salariés en grève pour attirer l’attention sur leur sort. Une centaine de personnes sont venues à Clichy manifester à leurs côtés. «Ces travailleurs sont des salariés invisibles», lance le responsable du syndicat CGT des hôtels de prestige et économiques (HPE), Claude Levy.
Le défilé est parti du Holiday Inn de Clichy et s’est terminé devant la mairie. «Sous-traitance, maltraitance !» «Frottez, frottez, il faut payer. L’esclavage, c’est fini !» : voilà quelques-uns des slogans qui ont retenti dans le centre-ville. En soutien au mouvement, des travailleurs, des Clichois et des syndiqués ont protesté contre les méthodes de travail de Héméra. Lancé pour dénoncer la mutation d’une gouvernante, la deuxième en six mois, le mouvement s’est étendu à d’autres revendications. Outre la suppression de la clause de mobilité figurant dans leurs contrats, les grévistes demandent l’arrêt du paiement à la chambre (illégal pour un salarié), le règlement des heures supplémentaires, une prime de 13e mois et, surtout, leur embauche directe par le donneur d’ordre, Holiday Inn.
«Six jours sur sept»
L’entreprise de sous-traitance Héméra a décroché le 19 décembre 2016 un contrat d’un an avec l’hôtel de Clichy. Elle a récupéré de fait les 35 salariés du nettoyage, en majorité immigrés, qui travaillaient déjà pour le précédent prestataire - comme le prévoit la convention collective du secteur si ceux-ci ont au moins quatre mois d’ancienneté. Depuis, leurs acquis sociaux seraient «bafoués», dénonce Mirabelle Nsang, 43 ans, gouvernante d’origine camerounaise et représentante de la section syndicale CNT-Solidarité ouvrière à Héméra. Elle s’insurge : «Nos plannings ont changé, on travaille six jours sur sept. Nos deux jours de repos consécutifs ont disparu. Avant, les femmes de chambre devaient nettoyer 17 chambres en sept heures. Avec Héméra, on leur demande de faire 20 à 25 chambres. On finit plus tard et on n’est pas payés. On avait droit à un week-end par mois et certains salariés n’en ont même pas eu. Héméra a tout détruit.» La situation concerne selon elle des femmes de chambre, des gouvernantes, des équipiers et des plongeurs. Mirabelle Nsang dénonce également le «harcèlement» de la cheffe de site : «Elle ne te donne que des chambres à faire après des séjours de longue durée, où elles sont plus sales, pour te faire mal. Elle veut réformer son équipe pour être entourée de gens qui disent oui à tout.»
Douleurs physiques
«Nous, les immigrés, on mène ce combat car nous n’avons pas d’autre choix», assure Mirabelle Nsang. Ils espèrent que l’issue sera positive, comme cela a été le cas dans différents dossiers ces dernières années : en 2015 notamment, un mouvement de grève avait contraint le groupe Louvre Hotels à intégrer des femmes de chambre dans cinq de ses établissements.
A Clichy, au premier jour du mouvement, 33 salariés sur 35 étaient en grève. Leur nombre a ensuite diminué progressivement pour se stabiliser à 11, «le noyau dur», comme l’indique cette mère de famille qui travaille dans l’hôtel depuis onze ans. «Les autres grévistes ont repris le travail après avoir subi des pressions d’autres syndicats», accuse la représentante CNT-SO. Pour Eric, 35 ans, équipier dans l’hôtel depuis dix ans et délégué syndical de FO, «le conflit est légitime. On en avait ras-le-bol de cette situation, c’est un système qui pousse les gens à craquer». Il n’oublie pas les provocations de la cheffe de site, qui lui répétait : «L’aspirateur est ta copine», ou encore «mon petit-fils de 2 ans passe l’aspirateur mieux que toi». Ce père de deux enfants raconte avoir été «blessé» par ces «propos désobligeants» et qu’il se rendait sur son lieu de travail la «boule au ventre». Les mutations de deux salariées de Héméra, qu’il qualifie d’«arbitraires et brutales», ont été l’élément déclencheur de la grève qui a débuté le 19 octobre.
Contactées par Libération, la société Héméra et la directrice de l’hôtel Holiday Inn de Clichy, dont le comportement est mis en cause par les grévistes, n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations. Le groupe Intercontinental, poids lourd hôtelier à l’échelle mondiale et propriétaire de la marque Holiday Inn, nous a fait parvenir cette unique réponse : «Un petit nombre d’employés travaillant pour un prestataire de services ont choisi de se mettre en grève en raison d’un différend avec leur employeur à propos de leurs salaires et de leurs avantages. L’équipe de direction de ce sous-traitant a immédiatement ouvert le dialogue pour trouver un accord avec les syndicats et faire en sorte que le personnel puisse retourner rapidement au travail, sans que cela n’affecte nos clients ni la qualité de nos services.»
«Peur de parler»
Juriste au syndicat CNT-SO, Etienne Deschamps n’a pas le même souvenir des négociations. Au premier jour de la grève, il a rencontré avec d’autres représentants Carlos Goncalvez, le directeur d’exploitation de Héméra : «Nous lui avons dit que si les mutations prévues étaient annulées, les salariés reprendraient le travail immédiatement, avec le paiement de la journée de grève et un calendrier de négociations fixé maintenant pour le reste des revendications.» Une réponse de l’entreprise de nettoyage devait arriver dans l’après-midi. Une délégation, accompagnée du juriste de la CNT-SO, est finalement reçue le 26 octobre, sept jours après, par le PDG de Héméra, Denis Schiavone, en présence de Goncalvez : le refus de revenir sur la clause de mobilité est notifié aux grévistes. Le lendemain, des policiers en verbalisent neuf d’entre eux pour nuisances sonores. 68 euros d’amende chacun. Depuis le début de la grève, déplore Mirabelle Nsang, «la directrice de l’hôtel n’est même pas sortie nous voir pour nous demander ce qui se passe». Alors qu’elle nous parle, un salarié de l’hôtel sort de l’établissement et bouscule une syndicaliste tandis qu’un autre, dont la journée de travail vient de se terminer, insulte une gréviste.
Le quotidien des employés de la sous-traitance est rude. De nombreuses femmes seules habitent loin de leur lieu de travail. Illiana Saintulme, 48 ans, mère de quatre enfants, fait les allers-retours depuis Sarcelles (Val-d’Oise). «Je mets une heure trente en transports, avec trois changements, pour venir travailler.» Cette femme de chambre est employée dans l’hôtel depuis onze ans. Elle se plaint de douleurs physiques. Mais aussi de pressions morales. Et dénonce les cadences infernales qui seraient imposées par l’entreprise de sous-traitance. Soit trois chambres par heure (alors que, selon la CGT, il faut au moins vingt-cinq à trente minutes pour en nettoyer une seule). Elle assure avoir dû parfois venir travailler «sept jours sur sept». Pourtant, malgré un contrat à temps plein (sept heures par jour), Illiana Saintulme explique ne pas toujours recevoir l’intégralité de sa paie. «A la fin du mois, leur salaire est calculé en fonction du nombre de chambres qu’elles ont réussi à faire, dénonce Claude Levy, de la CGT HPE. Et quand le compte n’y est pas, au regard des cadences imposées de manière informelle, on leur enlève des jours en prétextant des absences autorisées.» «Celles qui sont vraiment prises pour de la chair à canon, ce sont les femmes de chambre qui ont un contrat à temps partiel de quatre à cinq heures par jour, avec 20 à 30 chambres à faire, sans être payées pour les heures supplémentaires. Ce sont essentiellement des femmes immigrées qui sont concernées», poursuit le syndicaliste. Avant d’ajouter : «Ce qui se passe dans la sous-traitance hôtelière, c’est de l’esclavage moderne.» Selon le militant cégétiste, les onze grévistes ont saisi les prud’hommes pour travail dissimulé. Pour tenir financièrement, les syndicats CGT HPE et CNT-SO ont distribué un chèque de solidarité de 400 euros à chacun.
Depuis le début du mouvement, «la direction de Holiday Inn refuse de laisser entrer les délégués syndicaux dans le hall de l’hôtel, c’est un délit d’entrave à l’exercice du droit syndical», dénonce Claude Levy.
Sur demande du syndicat, un huissier de justice s’est rendu jeudi sur le site. La direction a du coup autorisé l’accès à Mirabelle Nsang et son collègue de FO pour la journée, mais l’huissier mandaté par l’hôtel «veillait et notait ce que disaient les délégués au personnel Héméra non gréviste», selon un syndicaliste. «Une femme de chambre non gréviste a expliqué que les conditions de travail restent identiques, tandis que deux autres nous ont dit "avoir peur de parler"», raconte Mirabelle Nsang. Ces derniers jours, les grévistes sont allés manifester dans les halls d’entrée des Holiday Inn de Paris-Notre-Dame et Paris-Gare de l’Est. Le soir de Halloween, ils s’étaient déguisés pour dénoncer «des patrons sorciers». La grève continue.