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Paprec La Courneuve: solidarité avec Mahamadou, halte à la répression
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le secteur du recyclage, c’est 600.000 salariés en France. Ce nombre devrait augmenter avec les nouvelles lois sur le recyclage. Par exemple, le décret du 10 mars 2016 portant sur le tri des flux de papier, métal, plastique, verre et bois dans les entreprises, même chose pour les restaurants, cantines collectives, supermarchés les restaurants, supermarchés. Ce tri devra ensuite être généralisé à tous les particuliers d’ici 2025.
Dans ce monde capitaliste absurde, au lieu de combattre les gaspillages, énergétiques, alimentaires, d’emballage et de publicité, on industrialise le recyclage… On fait des profits à la production, et une deuxième fois au recyclage des déchets ! Formidable…
Alors, on va créer des emplois, mais quels emplois ? Sur le site de Pôle Emploi un nommé Geoffroy Verzeaux explique : « Les personnes sans qualification sont les bienvenues dans le secteur. Ce sont des gens qui vont conduire les camions, et/ou trier les déchets, et/ou gérer l’entrepôt. En fait les qualifications, ce sont les entreprises qui leur apportent, donc c’est très intéressant parce qu’on prend des gens qui ne sont pas forcément facilement employables et on en fait des gens avec des qualifications, des situations stables ».
Bref, des personnes sans qualifications, surtout des hommes, que les entreprises vont former, donc qui doivent tout à l'entreprise et ne doivent surtout pas se rebeller. Souvent ce sont des immigrés qui n'ont pas trop le choix de l'emploi.
Il y a beaucoup de petites entreprises dans ce secteur et, comme partout, la tendance est à la concentration. Chez le recycleur Paprec, entreprise familiale de 8000 salariés, numéro trois français de la gestion des déchets, le code du travail comme le droit syndical ne sont pas respectés. Par exemple à La Courneuve, où il y a plus de 100 salariés, un délégué CGT vient d'être licencié et voilà un an que la procédure se poursuit pour sa réintégration. Cela fait suite à 5 autres délégués syndicaux qui ont été licenciés avant lui au cours des années précédentes. Dès que quelqu’un prend sa carte CGT il est licencié avec des raisons bidons.
Comme l'écrit la CGT « PAPREC Ile-de-France tente par tous les moyens de licencier Mahamadou KANTE depuis le 6 décembre 2016, date de sa première mise à pied à titre conservatoire, moins de deux mois après la création de la section syndicale CGT dans l’entreprise et sa désignation comme représentant de la section syndicale CGT ».
L’inspection du travail avait rejeté la demande d’autorisation de licenciement le 21 février 2017, considérant qu’elle était liée à l’exercice de son mandat syndical. Le 22 février, PAPREC Ile-de-France le mute sur un poste isolé sur le site d’ALSTOM, en contradiction avec la loi, qui interdit de modifier les conditions et le contrat de travail d’un salarié protégé, dans le cadre d’une réintégration. Depuis 1 an il est privé de salaire et vit grâce à la solidarité de classe. Bref c’est l’acharnement contre Mahamadou afin de l'empêcher de faire vivre la CGT. Sachant que sur le site il y a un autre syndicat, l'UNSA, auparavant CFTC, syndicat jaune à la botte de la direction.
Si Mahamadou n'est pas réintégré alors que l'Inspection du Travail et la Ministre lui ont donné raison (voir le tract de l’UD CGT ci-contre), c'est que selon Paprec sa réintégration serait un risque psychologique pour son chef (le licencieur). Sans rire !
C'est surtout le risque que d'autres sections syndicales se montent sur d'autres sites, que les travailleurs s’organisent contre l’exploitation.
Lors du rassemblement pour la réintégration un chauffeur qui vient de se syndiquer à la CGT explique qu'ils n'ont pas de vestiaires, se changent dans leurs voitures, pas de toilettes, commencent à 3H30 le matin, se garent dans le parc à bennes mal éclairé. Un autre collègue a été licencié après 17 ans de services pour 1 minute de retard, car il avait accepté de témoigner pour Mahamadou. L'autre tract ci-contre est éclairant.
Au rassemblement, Mahamadou a dit, « je n'ai pas peur, il y a 700 000 syndiqués derrière moi...je suis fier d'être syndicaliste... ».
La CGT a mis le paquet sur le cas du camarade. Plusieurs communiqués confédéraux (une bonne dizaine, on peut dire du jamais vu, pour celles et ceux qui ont envie voir 1 2 3 4), plusieurs articles dans la NVO (voir ici), Mahamadou est devenu le symbole de la résistance à la répression antisyndicale.
On ne reprochera pas à la Confédération de défendre ce camarade, bien sûr. On regrettera juste son absence quand même lors de tous les jugements répressifs qui ont suivi la loi Travail (à quelques exceptions près), ainsi que dans de multiples autres exemples d’attaques aujourd’hui, par exemple contre Eric Pecqueur à Toyota ou à PSA… Le syndicalisme, ce n’est pas la défense médiatique de cas symboliques, c’est la centralisation des multiples et très nombreux cas particuliers pour en faire une affaire nationale et collective… Malheureusement on en est loin !