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Roman: Le Noyau blanc

livre

Lien publiée le 12 janvier 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

De Christoph Hein. Éditions Métailié, 267 pages, 20 euros. 

Avez-vous lu Christoph Hein ? Non ? En ce début d’année, voilà une autre bonne résolution à ajouter sur votre liste ! 

On vous invite à découvrir cet auteur, qui n’était pas en odeur de sainteté du temps de la RDA, qui a parlé publiquement en 1989 à Berlin avec ses amis Christa Wolf et Volker Braun d’une manière assez juste et dont les romans continuent de déranger. La reconnaissance du dramaturge, romancier et nouvelliste est aujourd’hui internationale.

À défaut d’être engagé, un roman « embarqué »

L’auteur se définit comme « chroniqueur de son temps, mais chroniqueur sans message ». Nous voilà fixés : Christof Hein n’apprécie pas vraiment la littérature « engagée ». Sans doute faut-il y voir une réaction à l’ancienne injonction au « réalisme socialiste » qui a sévi dans certaines contrées…Totalement inséré dans le contexte politique, sociologique, historique, le Noyau blanc est si fortement embarqué dans l’époque que c’est dans l’intimité même des personnages qu’elle se révèle et opère ses effets. Et donc ses dégâts… 

Rüdiger Stolzenburg est professeur à l’université de Leipzig où il n’a qu’un demi-poste. S’il n’est toujours pas titulaire à 59 ans, c’est en raison de la défiance générale qui a présidé vis-à-vis des gens de l’Est lors de la réunification. Mais aussi en raison de la discipline qu’il enseigne, l’histoire littéraire, peu solvable à l’ère du néolibéralisme et de son utilitarisme ravageur. 

Stolzenburg est un homme intelligent qui observe le cours des choses, ses étudiants – et de plus en plus, les années passant, ses étudiantes –, leur rapport au savoir, sa propre vie également, lucidement, avec précision, honnêtement pourrait-on dire, avec beaucoup d’ironie, d’autodérision aussi. 

Résister à la vénalité de son temps

Stolzenburg voue une vraie passion à un auteur ancien, tombé dans l’oubli, proche de Mozart, Weiskern. Son rêve, son utopie : faire publier l’intégrale de l’œuvre de Weiskern. Le sauver de l’oubli sauverait sa vie à lui. Dans sa quête, nous le verrons croiser un éditeur en pleine réussite, intéressé par Stolzenburg, par Weiskern mais surtout pas par l’édition de Weiskern, un jeune conseiller fiscal dynamique, spéculateur, à deux heures du matin, sur les Bourses asiatiques 362 jours par an, un étudiant médiocre et richissime qui tente de le corrompre, un escroc du net spécialisé en écrits anciens. 

On comprend alors pourquoi Stolzenburg préfère, et de loin, la compagnie des femmes à celle des hommes. On comprend mieux aussi, que, prenant l’avion, Stolzenburg fasse des rêves récurrents de crash… Mais le crash pourrait bien être d’un tout autre type. La rencontre que fait Stolzenburg avec une bande d’adolescentes en serait le symptôme sidérant. 

Fernand Beckrich