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Sous-traitance nucléaire : ré-internalisation !

Lien publiée le 26 janvier 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://ouvalacgt.over-blog.com/2018/01/sous-traitance-nucleaire-re-internalisation.html

AREVA vient de changer de nom, ORANO désormais, une nouvelle couche de peinture et de nouveaux drapeaux pour tenter de faire oublier les difficultés accumulées, des EPR de Flamanville et Hinkley Point en Grande Bretagne, aux djihadistes à la mine d’Arlit au Niger, en passant par les déchets de Bure et la fermeture de Fessenheim.

Mais il n’y a pas que les difficultés techniques et économiques…

Nous publions ci-dessous un tract de la CGT AREVA du Tricastin qui décrit les effets catastrophiques de la sous-traitance, ainsi d’ailleurs que son extension à de nouveaux secteurs de la production et de la gestion des centrales.

Les mots sont forts : « maltraitance » des sous-traitants, « négriers », « esclavage moderne » pour décrire la réalité de ce fléau du capitalisme moderne, qui se répand dans tous les secteurs de l’industrie, dans des formes adaptées au caractère de la production et à la flexibilité recherchée : intérim dans l’automobile et la sidérurgie, sous-traitance dans l’hôtellerie et le nucléaire etc.

Comme le décrit justement le tract, la sous-traitance, c’est l’accumulation des risques, de la maltraitance des salariés et de l’approximation technique. En matière nucléaire, cela ne pardonne pas…

Mais il y a un « hic » à ce tract.

Parti d’une juste dénonciation de la sous-traitance et de ses effets, il va pousser la critique, non pas vers la défense des travailleurs, fixes ou sous-traitants, mais vers la défense de l’entreprise et du nucléaire…

Patrons/salariés mêmes intérêts, voilà le fil directeur de ce tract : « Le résultat au final est déplorable et ne convient à personne, ni aux donneurs d'ordres, ni aux entreprises qui changent tous les 6 mois et bien sûr ni aux salariés ». « Bien sûr » aux salariés, mais ce n’est pas le fil du tract… Le paradoxe d’ailleurs c’est qu’il hésite entre la critique et la défense d’AREVA…

Critique juste quand il explique comment AREVA manipule l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) pour imposer des règlementations toujours plus flexibles… On se demande bien pourquoi AREVA magouille ainsi ? Mais ne manque-t-il pas dans ce tract, les fondamentaux de l’économie capitaliste, les gains de productivité, le profit, la concurrence mondialisée, pas un mot, silence radio ?

Pourquoi AREVA développe-t-il donc la sous-traitance ? Pas méchanceté ? Par esprit de profit égoïste, juste pour se remplir les poches ? Ou pour répondre aux difficultés de la guerre économique mondialisée, pour tenir son rang de leader face aux concurrents, pour continuer à exporter partout, de la Chine à la Finlande, jusqu’à la filière de retraitement de La Hague, pour tenir ses gisements d’uranium au Niger ou ailleurs ?

C’est quoi cette sorte d’équilibre, ce souci de trouver une sorte d’intérêt commun entre entreprise et salariés ? C’est vraiment possible à l’heure de l’impérialisme, et du capitalisme planétaire ? Toujours ce rêve du « capitalisme à visage humain », du « développement humain durable », de la voie réformiste entre socialisme et barbarie…

Et on arrive au must, à la défense d’une industrie nucléaire « haut de gamme »…

Le fond du tract est là finalement, l’acceptation du nucléaire : « N'oublions pas qu'aujourd'hui plus que jamais, l'industrie nucléaire est remise en cause. Outre les décisions politiques, son avenir dépend aussi et surtout de conditions d'exploitations irréprochables en termes de sécurité et de sureté. Son acceptabilité passe essentiellement par le respect de ces critères, ce n'est pas en maltraitant les salariés statutaires et sous-traitants, en tirant tout le monde vers le bas, en dégradant les conditions de travail et le statut social de ceux qui sont, aussi, les portes paroles de notre industrie dans l'opinion publique, que le NEW MACHIN maintiendra à un bon niveau la confiance et l'acceptation de l'industrie nucléaire dans l'opinion publique ».

Voir tous les articles sur « la CGT et le nucléaire », ICI, en particulier sur la sous-traitance.

Voilà le sens de l’inquiétude de la CGT du Tricastin : pas d'abord la défense des salariés, mais la défense de la filière nucléaire et la crainte de la méfiance croissante envers cette production.

En même temps, il y a de quoi :

  • Tchernobyl et Fukushima (mais ce n’était pas chez nous, n’est-ce pas…)
  • La fermeture toujours retardée de Fessenheim alors que chacun sait que c’est une centrale pourrie et de plus en plus dangereuse (1044 jours d’arrêt en cinq ans pour les deux tranches, alors que la centrale n’a jamais autant été poussée en production, on joue avec le feu… nucléaire !)
  • Les déchets qui s’accumulent et qui inquiètent les populations…

Alors, on peut se féliciter de la prise de position de la CGT du Tricastin contre la sous-traitance. Oui, bravo. Mais du coup, on comprend mieux le manque de mot d’ordre sur la fin : au final, que demande ce tract ? Bien malin qui peut le savoir.

Nous avons une seule revendication, indépendamment de l’appréciation que l’on a du nucléaire (et nous sommes définitivement contre) :

Contre la sous-traitance, ré-internalisation, embauche des intérimaires !

Et si le mot d’ordre est absent, pourtant évident avec la description catastrophique qui est présentée ici, c’est peut-être que la CGT du Tricastin, engluée dans la défense de l’entreprise et du nucléaire, est incapable de revendiquer de manière radicale un statut dont elle se doute quelque part que cela remet en cause la compétitivité du nucléaire français face aux concurrents. On est là au socle de l’économie politique marxiste…

Mais sur quoi se bat-on ? Intérêt des salariés, ou intérêt de l’entreprise ? Ré-internalisation de la sous-traitance et statut unique de la communauté de travail, ou maintien des divisions et des droits inégaux ?

Il faut choisir son camp.

Comme on l’a souvent dit, une barricade n’a que deux côtés. Et à vouloir ménager la chèvre et le chou, on risque de se ranger du côté des exploiteurs…