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Nouveau sujet politique et social en Catalogne: les CDR

Catalogne

Lien publiée le 7 février 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://blogs.mediapart.fr/antoine-montpellier/blog/060218/catalogne-nouveau-sujet-politique-et-social-les-cdr-ne-sen-laissent-pas-compter

L'ANC et Òmnium n'ont plus l'exclusivité du mouvement indépendantiste dans la rue. L'émergence de Comités de Défense du Référendum, reconstitués par la suite au sein des Comités de Défense de la République (CDR), a mis en évidence un nouvel acteur ayant une capacité de mobilisation dans la rue.

 Cet indépendantisme qui fait le pari que la mobilisation de rue doit monter en pression... (Ara, 4 février 2018)

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Des centaines de manifestants ont réussi à franchir le cordon policier des « Mossos d’Esquadra » (police catalane) mardi après-midi et à manifester devant le Parlement (catalan) en revendiquant la poursuite du processus d'investiture.

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L'ANC et Òmnium n'ont plus l'exclusivité du mouvement indépendantiste dans la rue. L'émergence de Comités de Défense du Référendum, reconstitués par la suite au sein des Comités de Défense de la République (CDR), a mis en évidence un nouvel acteur ayant une capacité de mobilisation dans la rue. Cela est devenu évident mardi lors du blocage du débat sur l'investiture, lorsque les CDR ont appelé à entrer dans le parc de la Ciutadella et que des centaines de personnes les ont suivis ; et pourtant l'ANC avait annulé le rassemblement sur Twitter et y avait mis fin avant que les manifestants n'entrent dans la Ciutadella et que se produisent les premiers incidents avec la police catalane, faisant valoir que "le mouvement indépendantiste n'est pas violent". Le processus de judiciarisation de l'exil, l'emprisonnement de membres du gouvernement et des dirigeants de l'ANC et Òmnium ont amené la plupart des acteurs indépendantistes à repenser la stratégie et à repousser pour le moment le corps à corps avec l'Etat afin d'éviter une répression encore plus forte. Un changement qui a généré un désenchantement dans une partie du militantisme indépendantiste, qui défend le maintien du choc avec l'État.

Les CDR, qui optent pour une action directe de désobéissance pacifique à la différence des deux principales associations souverainistes, sont considérés moteurs pour mettre en œuvre la République en prenant comme référence l'unité d'action lors du référendum du 1er octobre (1-O). Les comités, qui sont nés dans l'orbite de la CUP mais qui rassemblent des personnes de sensibilités politiques différentes, avertissent qu'ils ne pensent pas qu'ils devraient reculer pour réaliser la République ."Nous continuerons dans la rue, nous arrêterons le pays par nos manifestations lorsqu'il le faudra et nous irons au Parlement quand nous le déciderons" ont-ils affirmé mercredi dans une déclaration, ils avertissent qu'ils rejetteront" tout retard ou tout tacticisme "et que" ni les menaces ni la répression "ne les feront abandonner leur détermination à obtenir l'indépendance. Une position qui contraste avec celle du secrétariat national de l'ANC, qui a accepté de se mobiliser seulement quand il y aura un «engagement ferme pour que l'investiture (du président de la Generalitat) aille de l'avant».

Elément de pression

Des membres des CDR expliquent que leur stratégie amène à un «degré de combativité» plus grand que celle de l'ANC et de l'Omnium parce qu'ils représentent un mouvement de rupture plus radical. Ils considèrent que cette stratégie de mobilisation citoyenne est un «outil plus utile» que la voie annoncée par l'ANC, qui aiguillonne la mobilisation civique non comme un élément de pression, mais comme un soutien à la décision prise par les partis politiques. La stratégie actuelle des associations souverainistes, selon certains membres des CDR, représente le «triomphe de la répression de l'État». D'autres membres des CDR défendent également la nécessité pour les citoyens de ne pas être à la remorque des formations politiques. "Ce sont les gens qui doivent prendre l'initiative, nous ne pouvons pas être soumis aux décisions que les partis prennent, décisions qu'ils font évoluer souvent en fonction de leurs propres intérêts ; nous devons nous organiser dans les quartiers et les villages", affirment les mêmes sources. Ainsi, ils prennent en exemple les grèves générales du 3 octobre et du 8 novembre, au cours desquelles le pays fut paralysé par des manifestations coupant les grands axes routiers (et ferroviaires)

En tout cas, d'autres membres de ces organisations admettent que le fait de ne pas être en prison leur donne plus de liberté pour faire pression sur les partis politiques par des manifestations de rue (bien que cinquante membres du CDR d'Igualada aient reçu une citation judiciaire àcomparaître au motif d'avoir coupé les routes le 8 novembre) . Une thèse également partagée par l'experte en processus de participation et de mobilisation de l'Université Pompeu Fabra Mariona Ferrer, qui estime que l'ANC et l'Omnium ont «les mains plus liées pour réaliser des actes de désobéissance».

Òmnium nie avoir mis un frein à sa mobilisation suite à l'emprisonnement de son président, Jordi Cuixart, et des sources de l'association soulignent qu'au cours des trois derniers mois ils ont mené plus de mobilisations que jamais sans perdre leur capacité d'appel. Dans le même ordre d'idées, le vice-président de l'ANC, Agustí Alcoberro, déclare que, malgré la situation juridique des prisonniers, ils n'ont pas modifié leur stratégie: «Nous nous sommes toujours mobilisés sans violence et avec civisme ».

Demander l'unité des partis

En tout cas, Òmnium montre clairement qu'elle est une association culturelle. "Nous n'avons pas de feuille de route politique et ceux qui doivent prendre l'initiative sont les partis. Nous n'avons pas fait pression sur la CUP pour qu'elle investisse Mas, et nous ne l'avons pas fait pour la liste unitaire à l'élection du 21 décembre (21-D) », soulignent-elle. Son objectif est de préserver l'unité du « souverainisme », mais sans ignorer le contexte politique. Hier, l' association a exigé des partis qu'ils fassent preuve de "générosité" pour mener à bien l'investiture. Une position partagée en partie par l'ANC, qui a jusqu'à présent appelé les partis à "l'unité" et a prévenu qu'elle n'accepterait aucun "retard" dans l'application des résultats de 1-O et 21-D.

Quoi qu'il en soit, Òmnium marque ses distances avec les CDR, car des actions telles que couper l'AP-7 ne font pas partie de sa stratégie. Le porte-parole, Marcel Mauri, applaudit à l'apparition des CDR et souligne que "ce sont des mobilisations complémentaires". L'ANC, pour sa part, projette d'avancer "d'autres formules" de mobilisation civique qui servent à "internationaliser" la situation des prisonniers politiques, explique Alcoberro, qui affirme qu'en aucun cas cela n'est "contradictoire" avec les mobilisations que l'ANC a organisées jusqu'à présent. L'ANC rejette toutefois la stratégie de pression des CDR. "La pression n'a pas de sens si vous ne savez pas sur qui l'exercer", affirme le vice-président de l'ANC, qui réaffirme que l'objectif de l'ANC reste la libération des prisonniers, mais aussi l'indépendance de la Catalogne. "Et nous voulons y parvenir sans violence et avec une attitude civique", explique Alcoberro.

Malgré les différences de stratégie entre les associations indépendantistes et les CDR, dans certaines parties de la Catalogne, ces organisations s'unissent pour préparer les actions. C'est le cas de Sant Sadurní d'Anoia. Nora Lacruz, membre du CDR de cette ville, explique que les contributions des deux les oblige à trouver "l'équilibre".


Mariona Ferrer prévient, cependant, que malgré la capacité de mobilisation démontrée par les CDR, le défi consiste maintenant à voir s'ils peuvent maintenir leur niveau d'avant et après le 1er Octobre. L'ANC, Òmnium et les CDR passeront l'épreuve du feu dans les prochains jours, en pleine négociation pour l'investiture.

Le texte d'origine sur le site d'Ara (en catalan)

Traduction du catalan APC