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Affaire Hallyday: et si on abolissait l’héritage (tout simplement) ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les enfants de Johnny trouvent normal de recevoir un patrimoine qu’ils ne doivent ni à leur travail, ni à leur talent. Pourquoi ne pas supprimer l’héritage et le remplacer par un système plus juste ?
Les jours passent et l'"affaire Hallyday" se pare d’une couleur de plus en plus sordide : accusations, contre-vérités, démentis… Le conflit opposant Laeticia, la veuve de Johnny et ses beaux-enfants, Laura Smet et David Hallyday sur l’identité de celui/celle qui touchera les millions du défunt, navre tous ceux qui avait un peu d’estime pour le chanteur.
Pourtant, personne n’a l’air de se poser la seule question qui vaille – question que poserait peut-être le Persan de Montesquieu s’il vivait en 2018 : Pourquoi diable tous ces gens, et notamment les enfants, se disputent-ils un patrimoine qu’ils n’ont constitué ni par leur travail ni par leur talent ?
Pourquoi le fils/la fille d’un personnage qui amassé une fortune, petite ou grande, considère-t-il comme un dû de la recevoir à sa mort, à peine allégée d’une taxation ? Autrement dit (toujours pour paraphraser Montesquieu), comment peut-on être un héritier ?
Le désir de transmission justifie-t-il tout ?
Faisons un effort d’imagination. Imaginons que Johnny ait connu sur le fin de sa carrière un gros revers de fortune, qu’il ait jeté son argent par les fenêtres et soit décédé criblé de dettes. Il y a fort à parier que Laura et David auraient choisi de refuser d’hériter, comme tout un chacun. Gageons que l’opinion publique aurait trouvé cela parfaitement normal : après tout, ils n’étaient en rien responsables des errements paternels et n’avaient certainement pas à en assumer la responsabilité. Pourquoi ce qui coule de source quand il y a des dettes ne l’est plus quand il y a des biens ?
Il ne s’agit pas ici de juger des personnes, mais d’interroger cette drôle d’évidence à laquelle notre société ne songe plus à s’attaquer – alors que, par le passé, elle a indigné bien des penseurs : les saint-simoniens, Karl Marx (qui pourtant, a longtemps bataillé contre sa mère pour récupérer l’héritage paternel !), Mikhaïl Bakounine, John Maynard Keynes, Léon Blum… Tous considéraient que l’héritage filial devait être, au minimum, limité, au maximum aboli, comme un privilège dépassé, indéfendable.
On ne contestera certes pas le désir de transmission d’un parent - l’auteur de ces lignes précise, pour ceux qui évoqueraient son "insensibilité", qu’il a lui-même trois enfants. Et oui, il est bien compréhensible qu’arrivé au soir de sa vie, un adulte ait envie de léguer à ses chéris le fruit mûr de ses efforts.
Mais puisqu’on est au chapitre des sensibleries, il est compréhensible aussi qu’un détenteur de patrimoine souffre de voir celui-ci amputé par le fisc pour le redistribuer à des gens qu’il ne connaît même pas… Est-ce une raison pour supprimer l’impôt ? Non évidemment.
La question de l’affection parentale ne se discute pas. Ce qui se discute, c’est ce paradoxe qui consiste à se dire progressiste et continuer à défendre tranquillement le mécanisme de reproduction sociale le plus injuste du monde. Car, regardé sans les nobles lunettes de la "transmission", l’héritage n’est rien d’autre que la conservation indue des privilèges matériels de familles qui, génération après génération, n’ont rien fait d’autre que de naître pour les mériter. A l’instar des monarques dans un régime absolutiste.
On sait depuis Bourdieu que la reproduction sociale n’est pas seulement une histoire de comptes en banque et de biens immobiliers : les plus fortunés transmettent, en plus, à leurs descendants une culture, une éducation, un réseau de pairs ou ce qu’on appelle simplement l’"assurance des gens bien nés".
Contre cette injuste répartition des atouts socioculturels, l’Etat démocratique a mis en place un système, certes très imparfait, très inabouti, mais qui va dans le bon sens, et qu’on appelle l’école de la République.
Par quoi le remplacer ?
S’il fallait supprimer l’héritage filial, par quel mécanisme plus équitable pourrait-on le remplacer ? Car il n’est évidemment pas question de laisser l’Etat empocher tous les biens des citoyens une fois leurs cercueils refermés. On le sait, l’héritage est souvent regardé comme un moyen de redistribuer les richesses vers une jeune génération fréquemment en butte au chômage de masse, à la précarité et à une accession de plus en plus difficile à la propriété. Ce rôle doit se poursuivre, mais en y ajoutant une élémentaire justice sociale.
Par exemple, on pourrait imaginer que tous les biens des défunts alimenteraient un fonds qui serait reversé sous forme d’un revenu destiné à la jeunesse. Une sorte de revenu universel d’un montant restant à déterminer, qui serait touché chaque mois par tous les 18-30 ans. Ce coup de pouce arriverait dans un moment de leur vie où leur situation matérielle est souvent objectivement difficile – et non, aléatoirement, après le décès du dernier de leurs parents, comme c’est le cas aujourd’hui.
La part de l’affectif
Un dernier point est à préciser : bien sûr, un héritage n’est pas uniquement constitué de valeurs monétaires. Il est aussi tissé, pour les héritiers, de souvenirs accrochés à des objets matériels, soudain investis d’une immense valeur sentimentale. Un petit meuble, un bijou, un bibelot, parfois une simple collection de disques, sont des éléments dont nul n’ignore l’importance pour ceux qui restent et leurs propres descendants.
Il va donc sans dire que toute abolition de l’héritage filial qui confisquerait l’intégralité des biens du défunt serait traumatisante. Une "part affective" doit donc être laissée aux héritiers, plafonnée en terme de valeur pour éviter les abus, mais qui respecterait la nécessité humaine de posséder quelque chose de ceux qui nous ont précédés.
"Je ne suis pas un héritier". L’actuel président de la République n’a cessé de le marteler lors de sa campagne, comme à peu près la moitié des hommes et femmes politiques français. Apparemment, il semble honteux d’apparaître comme un héritier. Alors qu’attendent-ils pour mettre fin, légalement, à cette honte ?