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Manif du 15 mars : "Retraités, notre pouvoir d’achat est engagé dans une baisse sans fin"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Révoltés par l’augmentation de la CSG qui grève leurs pensions, les retraités se mobiliseront le jeudi 15 mars dans toute la France à l'appel de neuf organisations. Annie Petit, secrétaire nationale de l'Union nationale des retraités et des personnes âgées (UNRPA – Ensemble et solidaires), espère sensibiliser l'opinion publique.
Les retraités sont révoltés. Pour la majorité d'entre eux, le montant des pensions est en nette baisse depuis le 1er janvier 2018. En cause, l'augmentation du taux de prélèvement de la CSG (contribution sociale généralisée) d'1,7 point. La ponction concerne toutes les pensions supérieures à 1.200 euros brut par mois pour un célibataire (le plafond baisse pour les couples). Une mesure pensée en regard de la baisse des cotisations sociales des salariés, dont ne bénéficient pas les retraités.
Emmanuel Macron et le gouvernement assument de demander aux personnes âgées un effort de solidarité intergénérationnelle. Un discours "insupportable" pour Annie Petit, secrétaire nationale de l'Union nationale des retraités et des personnes âgées (UNRPA – Ensemble et solidaires), qui dénonce un "acharnement" sur une partie de la population "déjà largement prise à la gorge".
Marianne : Vous appelez à une mobilisation massive dans toute la France pour dire "non à la baisse des pensions" le jeudi 15 mars. Mais l'augmentation de la CSG est déjà effective, depuis le 1er janvier. Qu'espérez-vous de cette journée ?
Annie Petit : Nous sommes dans le prolongement de notre journée d'action du 28 septembre dernier. Nous tenons à montrer que nous ne lâchons pas le morceau, que le temps n'efface pas le sentiment d'injustice. Notre objectif est d'être reçus par le président pour lui faire part de notre colère et de notre incompréhension face à son action qui enfonce les retraités dans une précarité toujours plus importante. Mais aussi de sensibiliser l'ensemble des catégories de la population. Il faut bien comprendre que l'on met les retraités à contribution alors que, pour une grande majorité, nous peinons à vivre avec de faibles moyens. Nous avons pourtant travaillé toute notre vie.
En quoi les retraités subissent-ils selon vous une injustice particulière ?
Parce que cette augmentation de la CSG s'ajoute à plusieurs décisions, prises au cours des différents quinquennats, qui nous sont préjudiciables. Sous Nicolas Sarkozy, on a supprimé la demi-part fiscale destinée aux veuves et aux veufs. La réforme des retraites de François Hollande en 2013 a ajouté sur nos pensions une contribution dite "de solidarité pour l'autonomie" (CASA) de 0,3% et a rendu imposables les majorations familiales qui étaient accordées aux personnes ayant eu au moins trois enfants. Et voilà qu'avec Emmanuel Macron, la CSG augmente de 1,7%. Et n'oublions pas que nos pensions étaient gelées depuis 2013. Cela commence à faire beaucoup sur notre pouvoir d'achat… Nous ne pouvons que constater un véritable acharnement : nous sommes pris pour cible à chaque fois en étant désignés comme des "privilégiés".
Justement, les pensions ont été revalorisées de 0,8% en octobre dernier, pour la première fois depuis 4 ans…
Nous l'avions salué ! Mais désormais, avec la hausse de la CSG, ce que nous gagnions avec cette mesure est largement englouti. Et pas seulement chez les retraités les plus "aisés", comme on peut l'entendre dans la bouche des membres du gouvernement. On nous a répété que les retraites inférieures à 1.200 euros brut seraient épargnées. Mais c'est faux car c'est le foyer fiscal qui détermine si l'on est soumis à cette hausse, non le montant des pensions individuelles. Si dans un couple, l'un des deux membres ne gagne que 800 euros par mois alors que l'autre bénéficie d'une pension mensuelle de 1.700 euros, par exemple, les deux paieront la hausse de cette contribution.
Au total, les retraités touchés par cette hausse paieront chacun entre 15 et 50 euros en plus par mois. Il faut se rendre compte de ce que cela peut représenter : 50 euros, c'est par exemple une facture d'électricité mensuelle. D'autant que nous subissons dans le même temps les mêmes hausses que toutes les autres couches de la société : le prix de l'essence, des timbres, du gaz… Notre pouvoir d'achat est engagé dans une baisse sans fin.
Selon le gouvernement, la baisse de la taxe d'habitation par tiers jusqu'à sa suppression à l'horizon 2020 devrait compenser les pertes pour une bonne partie des retraités. Vous le contestez ?
C'est une mesure que je déplore parce qu'elle est représentative de la politique du gouvernement : on prend dans une poche pour en mettre dans une autre, sans se soucier des conséquences. Et en plus la majorité s'en vante, elle communique sur le sujet en soulignant sa belle action. Je m'explique : a priori, la suppression de la taxe d'habitation, c'est la promesse de moins d'impôts. On ne devrait donc que s'en satisfaire. Mais il ne faut pas oublier que cette taxe finance le bon fonctionnement des communes et de leurs services. Et pour pallier ce manque, de nombreuses localités vont devoir supprimer certains services publics. Donc, qui va en payer le prix ? Les retraités isolés bien sûr, qui n'ont pas les moyens ni la possibilité de se déplacer dans les grandes villes pour bénéficier de certains services de l'Etat. Mais aussi l'ensemble des citoyens, c'est pourquoi notre cause concerne tout un chacun. Nous ne nous battons pas uniquement pour notre pécule personnel.
Que répondez-vous au gouvernement qui vous demande de faire preuve de solidarité avec les générations suivantes ?
Quand on dit "il faut être solidaire", cela sous-entend que ceux qui ont beaucoup doivent donner à ceux qui ont moins. Dans ce cas, pourquoi le gouvernement a-t-il entrepris la suppression de l'impôt sur la fortune afin que les valeurs mobilières des plus fortunés ne soient plus taxées ? Il y a un non-sens à nous désigner comme des nantis ou des privilégiés égoïstes quand on fait ce genre de cadeaux aux grandes fortunes. D'autant que la solidarité des retraités ne se mesure pas uniquement en analysant les taux des prélèvements auxquels ils sont soumis. Nous aussi, nous faisons tourner la société ! Nous sommes nombreux à faire du bénévolat dans les associations, de la garde d'enfants… Et nous aidons aussi financièrement nos enfants et petits-enfants : c'est une solidarité invisible mais elle existe ! Si l'on continue de nous prendre à la gorge, cette solidarité-là disparaîtra elle aussi.