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Poutou compte "multiplier les actions pour déstabiliser Ford et toucher son image"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Philippe Poutou, porte-parole du NPA et salarié de l'usine Ford à Blanquefort (Gironde), est revenu, vendredi pour franceinfo, sur la décision du géant américain de l'automobile de se désengager du site.
Ford souhaite se désengager de son site de Blanquefort en Gironde, qui emploie 910 salariés. Un comité s'est tenu vendredi 9 mars. Les représentants du constructeur américain ont déclaré ne pas voir d'opportunité de développement en Gironde avant 2019 et confirmé leur intention de se désengager. Philippe Poutou, porte-parole du NPA, ex-candidat à la présidentielle et salarié de cette usine, compte "multiplier les actions pour déstabiliser Ford et toucher son image".
franceinfo : Vous avez le sentiment de vous être fait rouler par Ford ?
Philippe Poutou : Oui, on a tous ce sentiment là, mais ce n'est pas une grosse surprise. Depuis des années, on sentait que Ford préparait un désengagement. C'est une histoire qui date de dix ans. Ils avaient tenté de partir et ils étaient revenus par la force des choses. Les pouvoirs publics aussi ont le sentiment d'avoir été trahis, puisqu'un accord avait été signé et Ford devait maintenir l'emploi et l'activité en échange de l'aide publique. On est dans une situation très dure. Ford, visiblement, s'enferme dans cette décision de partir. On n'est pas en train de baisser les bras, on est déterminés pour faire changer d'avis Ford. On a des arguments, des moyens et des appuis de luxe.
Quels sont ces arguments ?
On est dans une situation où il n'y a pas de crise automobile, contrairement à plusieurs années en arrière. Il y a des profits, les actionnaires se gavent, il y a plein de projets, quarante nouveaux véhicules Ford dans les cinq années qui viennent. Les véhicules électriques vont se développer. Il y a de l'activité, et on est la seule usine de boîtes de vitesses automatiques sur le marché européen. Ce n'est pas compliqué de trouver des solutions. A côté de ça, il y a ces aides publiques qui ont été données. Une multinationale comme Ford ne devrait pas être autorisée à partir après avoir eu autant d'argent public. Il devrait y avoir une obligation de rendre des comptes à la collectivité. Cela donne la légitimité à la résistance des salariés avec les pouvoirs publics et la population.
Quels sont vos appuis ?
On a vu Alain Juppé assez énervé contre Ford, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire également. Ils sont plutôt remontés contre Ford et sont sur une exigence de maintien de l'activité. C'est 3 000 emplois en comptant les emplois induits. Cela nous donne la pêche pour nous battre, on ne se sent pas seuls. On espère que ce ne sera pas qu'une indignation verbale, et que les pouvoirs publics nous donneront vraiment les moyens pour imposer à Ford une autre politique. Et ça dépend aussi de nous, salariés. Il faut qu'on se batte, qu'on fasse des manifestations. On va multiplier les actions pour déstabiliser Ford et toucher son image.
Ford dit vouloir participer à la recherche d'un repreneur, vous y croyez ?
Depuis le temps qu'ils ne respectent pas leurs promesses, cela n'a aucune valeur. On espère que le bras de fer s'instaure et que Ford soit obligé de trouver des solutions. Mais la seule solution crédible, c'est que Ford apporte de l'activité. On ne croit pas qu'un repreneur soit intéressé, en général ça ne marche pas les reprises comme ça, on l'a vu avec GM&S en Creuse. Ce sont des pièges. On n'est pas des rêveurs, on voit des licenciements partout, on espère faire du bruit et peut-être poser le problème d'une mobilisation générale des salariés contre les licenciements. Il faut se battre ensemble parce qu'on en a ras-le-bol de subir les logiques financières.