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Sept ans de malheur nucléaire à Fukushima
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.fukushima-blog.com/2018/03/sept-ans-de-malheur-nucleaire-a-fukushima.html
Si vous voulez aller vers des choses positives, je vous y encourage. Cultivez vos passions, mangez sainement, évitez les personnes toxiques, soyez optimistes, profitez des petits bonheurs de chaque jour, faites-vous plaisir. Mais si vous n’êtes pas en forme en ce moment, ne lisez pas cet article, ne fréquentez pas ce blog, car il donne la vérité toute crue sur Fukushima et le nucléaire en général, des choses dont on entend peu parler malgré leur gravité. En créant ce blog il y a sept ans, je ne visais pas autre chose que de présenter des infos qui ont du mal à circuler. Car elles dérangent, elles ne vont pas dans le sens que l’on aimerait, elles font mal, elles interrogent, elles remettent en question des connaissances que l’on croyait acquises. Car le nucléaire, qui a été présenté à l’origine comme la solution à tous les problèmes de la terre, est un enfer. Un enfer pour les populations civiles qui ont subi le feu nucléaire en 1945, un enfer pour les gens contaminés dans et autour des mines d’uranium, un enfer pour les populations malades sur d’immenses territoires suite aux essais atmosphériques et aux catastrophes nucléaires, sans que l’OMS ne s’en occupe, un enfer pour les gens qui ont des cancers à cause du fait qu'ils vivent près d’une centrale nucléaire prétendument propre, un enfer pour les milliers de travailleurs de Tepco qui « gèrent » au mieux les ruines de la centrale de Fukushima Daiichi, un enfer pour les réfugiés nucléaires que le gouvernement japonais incite à revenir vivre dans des territoires contaminés.
Voilà sept ans que la catastrophe de Fukushima a eu lieu, sept ans de malheurs que les auteurs de ce blog vous ont contés. Et pourtant, la catastrophe ne fait que commencer. Car la pollution nucléaire se compte en centaines, en milliers, en millions d’années selon les radionucléides. Il faudra faire avec désormais. C’est pourquoi, si l’on veut penser un tant soit peu aux générations futures, il est important de sortir du nucléaire pour arrêter de produire des déchets dont on ne sait que faire et surtout, avant qu’une nouvelle catastrophe, possiblement fatale pour l’avenir de l’humanité, ne se produise.
Pierre Fetet
Le nombre de cancers de la thyroïde augmente sans cesse
La seule enquête épidémiologique existante au Japon en rapport avec la catastrophe nucléaire de Fukushima concerne un diagnostic réalisé pour environ 380 000 jeunes, mineurs au moment de la catastrophe. Avant 2011, l’incidence du cancer de la thyroïde des enfants au Japon était de 0,35 cas par an pour 100 000 enfants ; un seul nouveau cas de cancer de la thyroïde de l’enfant chaque année devait donc advenir dans la préfecture de Fukushima. Or, à ce jour, 160 cas de cancer thyroïdien sont confirmés et 35 enfants sont en attente d’une opération. Malgré ce résultat significatif, l’Université de Médecine de Fukushima affirme que la catastrophe nucléaire de Fukushima n’a pas eu d’influence sur l’augmentation des cancers de la thyroïde des enfants. Cherchez l’erreur.
Répartition géographique des cas de cancers de la thyroïde
Pour en savoir plus, je vous encourage à lire l’étude réalisée par le Dr Alex Rosen, médecin, président de l’IPPNW-Allemagne (International Physicians for the Prevention of Nuclear War) et publiée le 7 mars 2018
Lien vers la traduction française de l’étude détaillée,
éditée dans le site de Georges Magnier, Vivre après Fukushima
La pollution due aux rejets de mars 2011 s’est répandue sur des centaines de km²
On retrouve autour de la centrale et jusqu’à des centaines de kilomètres de la centrale du combustible usé prisonnier de billes de verre microscopiques. Les plus petites de ces particules, insolubles, sont très légères et peuvent voyager avec le vent. On peut donc les inhaler. Une fois logées dans des poumons, elles sont piégées à vie et peuvent alors provoquer des cancers.
On ne connaît pas bien le processus de création de ces microbilles qui ont été rejetées dans l’atmosphère en mars 2011, mais elles existent et posent un véritable problème sanitaire. Mais les autorités ne tiennent pas compte de cette pollution. L’incitation au retour des populations dans les territoires contaminés n’est basée que sur la dose ambiante et jamais sur la pollution effective du sol ou les matières en suspension dans l’atmosphère. D'où l'intérêt des mesures des taux de radioactivité par les citoyens eux-mêmes.
Pour en apprendre davantage sur les billes de verre au césium, il faut lire l’article de Cécile Brice publié dans son blog Japosphère le 7 mars 2018 :
Billes de césium à Fukushima, incertitude scientifique contre certitude politique
Nous avions déjà évoqué cette information en février 2016 avec cet article :
A propos de la pollution et des doses mesurées différemment par les autorités et la population, je vous invite à vous reporter au site Nos Voisins Lointains 3.11 qui suit de près ce dossier et publie les cartes citoyennes :
Le public devrait-il être autorisé à voir la carte de la radio-contamination ?
Dernière carte de la pollution radioactive effeectuée par des citoyens pour Tomioka
Le retour douloureux de la population en terre radioactive
Le retour de la population en terres contaminées se fait dans la douleur. Douleur de familles séparées, douleur du danger de contamination, douleur de ne jamais pouvoir retrouver le cadre d’avant la catastrophe, douleur d’un avenir incertain. Deux camps s’affrontent, les optimistes qui veulent le retour de toute la population en niant les risques pour la santé, et puis les lucides qui savent que la décontamination n’est pas possible (retour des radio-éléments par la poussière venant des forêts en particulier) et ne souhaitent pas prendre de risque, en particulier pour les enfants.
Je vous propose de regarder ce petit film (4 min 41) diffusé par Greenpeace le 9 mars 2018. C’est le témoignage poignant de Mme Kanno, une ancienne habitante de Tsushima, dans la région de Namie.
Lisez également cet autre témoignage du 11 mars 2018 de Ruiko MUTO, appartenant au groupe « Femmes de Fukushima contre le nucléaire », déléguée de la partie plaignante au procès pénal intenté contre les dirigeants de TEPCO. (traduction française: yosomono-net France)
La centrale nucléaire de Fukushima Daiichi n’est pas sous contrôle
On parle tellement peu de la centrale de Fukushima Daiichi que l’on finit par croire, avec le temps, que les Japonais ont réglé tous les problèmes. D’autant plus que les jeux olympiques se tiendront à Tokyo en 2020, avec certaines épreuves prévues à 19 km de la centrale de Fukushima Daiichi.
8000 ouvriers travaillent sur site pour s’occuper de la maintenance des installations de refroidissement des piscines et des réacteurs, pour le stockage de l’eau contaminée et son traitement, pour réaliser les opérations de prospection à l’intérieur des réacteurs afin d’assurer le démantèlement futur des installations. Par exemple, une couverture vient d’être terminée pour le réacteur n°3, l’objectif étant de vider le combustible de la piscine dans les deux prochaines années.
La nouvelle couverture du réacteur 3 en forme de cylindre vient d'être terminée (photo Tepco)
On a également construit un mur de glace souterrain de 1,5 km qui entoure les quatre réacteurs accidentés. Mais l’Autorité de Régulation Nucléaire japonaise doute sérieusement de l’efficacité de cette technique qui, de surcroit, coûte très cher : 265 millions d’euros pour la construction de l’installation et une facture de 8 millions d’euros par an pour l’électricité consommée pour maintenir le mur gelé… De l’eau contaminée continue donc de couler sous la centrale pour rejoindre la nappe phréatique qui rejoint l’océan Pacifique.
Prière à la centrale de Fukushima Daiichi le 11 mars 2018 (photo Tepco)
Aujourd’hui, le problème de l’eau contaminée n’est donc pas réglé. Plus d’un million de tonnes d’eau radioactive est stockée sur site. La seule solution envisagée par le gouvernement est de la rejeter en mer après traitement, bien qu’on ne réussisse pas à la décontaminer entièrement (seule une soixantaine de radionucléides sont traités sur une centaine).
Dire que la centrale est sous contrôle est donc évidemment exagéré. On ne sait pas quoi faire de l’eau contaminée et on n’a pas encore inventé les techniques pour démanteler les réacteurs en milieu létal. On a bien trouvé où étaient passés les coriums de certains réacteurs, mais on ne sait pas encore avec certitude où ils se sont arrêtés.
Pour l’état de la centrale de Fukushima Daiichi, je vous conseille la lecture d’un article très détaillé sur le site L’ACROnique de Fukushima le 8 mars 2018 :
Chiffres clés pour le septième anniversaire
Et également, si vous lisez l’anglais, le rapport annuel sur Fukushima, daté du 11 mars 2018, de SimplyInfo.org, site qui suit la catastrophe nucléaire depuis sept ans :
Lire le rapport annuel sur Fukushima
Une communication incomplète en France
J’ai regardé le reportage présenté par Elise Lucet dans Envoyé Spécial le 8 mars 2018,« Fukushima, retour à la vie ». J’ai cru presque me trouver devant un reportage payé par le gouvernement japonais ! En effet, les réalisateurs Pierre Monégier, David da Meda et Emmanuel Lejeune ont fait le choix de présenter le retour de la population dans des territoires contaminés comme une chose envisageable. Mis à part quelques mentions courtes du danger de la radioactivité, le reportage montre 5 exemples de personnes retournant au pays, dont une qui hésite encore mais vient de faire reconstruire sa maison.
Elise Lucet présente le reportage : « A Naraha, une des villes évacuées en urgence, on entend à nouveau les rires des enfants dans les écoles, les paysans ont repris leur travail, l’espoir revient doucement à une dizaine de kilomètres de la centrale ». Et la phrase célèbre du pronucléaire Shinzo Abé, devant le comité olympique le 7 septembre 2013 à Buenos Aires pour obtenir les JO, me revient en écho : « Aujourd'hui, sous le ciel bleu de Fukushima, des enfants jouent au ballon et regardent vers l'avenir. »
Dans le reportage, pas de témoignage de personnes qui choisissent de ne pas revenir alors qu’ils sont majoritaires… Certes, cela peut être un choix d’attaque du sujet, mais alors il aurait fallu rééquilibrer le sujet en apportant des informations. J’ai une impression très mitigée, moi qui suis au courant du danger des faibles doses. Mais pour le commun des auditeurs, quelle impression aura-t-il au final ? Voir un agriculteur qui n’a plus peur de la pluie contaminée, voir une collégienne très contente de retourner dans son collège, voir trois femmes très contentes de créer des poupées pour repeupler le village, voir un pêcheur heureux de pêcher des poissons contaminés en dessous de la norme de 25 Bq/kg, voir un musicien chanter une très jolie chanson sur sa terre natale, voir une école maternelle avec des petits dans un environnement éducatif flambant neuf : toutes les images sont là pour redonner espoir à n’importe qui, même à Elise Lucet, alors que ces gens vivent en territoire contaminé, à quelques kilomètres d’une centrale qui a explosé 4 fois en mars 2011.
On espère pour ces enfants que la terre n'est pas contaminée (capture d'écran reportage d'Envoyé spécial)
L'eau de la commune de Naraha est-elle potable quand on sait que les boues du fond du réservoir d’alimentation font plusieurs dizaines de milliers de Bq/kg ? Une question sur la potabilité de l'eau aurait été intéressante. Engager des enfants dans la replantation d’arbres, « pour semer les graines du futur », en leur faisant creuser des trous dans la terre, sans masque, ce n’est pas correct de la part des adultes qui organisent cet évènement. La voix off précise : « La radioactivité est encore 20 fois supérieure au taux recommandé ailleurs dans le monde » mais en même temps, on voit l’image d’un poste de surveillance de la radioactivité montrant 0,105 µSv/h, ce qui indique une radioactivité normale ! Manifestement, les journalistes ne se sont pas formés aux mesures de la radioactivité. Du coup l’info est contradictoire. Ils ne savent pas que ces postes de surveillance cachent des défauts : nettoyés soigneusement chaque jour, la radioactivité y est moindre qu’ailleurs. Et souvent ils sont souvent truqués pour montrer une radioactivité moindre.
A propos de la collégienne Yuka : « Ici au moins, personne ne la traite de pestiférée. » Ça voudrait dire qu’il vaut mieux être contaminé que réfugié ?
La voix off prétend aussi : « Les rivières se lavent peu à peu des contaminations » : c’est faux, il aurait fallu présenter les études de cumul de radioactivité dans les sédiments. Ils auraient appris qu’il existe un point chaud dans la baie de Tokyo par exemple.
Toujours la voix off : « Les forêts n’ont toujours pas été décontaminées », comme si cela était possible ! Puis le prêtre Ousami balaie sans masque la poussière de son temple contaminé. Pas de commentaire sur la possibilité qu’il inhale du combustible.
La voix off continue : « Les derniers nés représentent les écoliers qui manquent toujours à l’appel dans les classes de Naraha… L’avenir de Naraha dépend de ceux qui ne sont pas encore revenus… Naraha, leur Furusato à eux, s’est donné trois ans pour se débarrasser des fantômes du passé, les remplacer par de nouveaux écoliers, des fermiers, des pêcheurs, de quoi s’assurer peut-être un avenir, après le plus grave accident nucléaire de l’histoire.
Telle est la conclusion de ce reportage qui me laisse extrêmement perplexe et insatisfait. Est-ce conscient ou inconscient, ces journalistes ont réussi à faire passer le message criminel du programme Ethos à Fukushima : les populations peuvent revenir dans les territoires contaminés, regardez, c’est possible ! N’est-ce pas formidable cet espoir de renaissance ?
Photo de la classe maternelle. Les poupées représentent les absents. (capture d'écran reportage Envoyé spécial)
Pour conclure, un dernier lien pour contrebalancer ce reportage éthosien, c’est une contribution d’Hisako Sakiyama, directrice de recherche à l'Institut National des Sciences Radiologiques du Japon qui faisait le point en 2013 sur les dangers des faibles doses
Hisako Sakiyama - Evaluation du risque des faibles doses de radioactivité au Japon
Si vous voulez aller vers des choses positives, je vous y encourage. Cultivez vos passions, mangez sainement, évitez les personnes toxiques, soyez optimistes, profitez des petits bonheurs de chaque jour, faites-vous plaisir. Mais si vous n’êtes pas en forme en ce moment, ne lisez pas cet article, ne fréquentez pas ce blog, car il donne la vérité toute crue sur Fukushima et le nucléaire en général, des choses dont on entend peu parler malgré leur gravité. En créant ce blog il y a sept ans, je ne visais pas autre chose que de présenter des infos qui ont du mal à circuler. Car elles dérangent, elles ne vont pas dans le sens que l’on aimerait, elles font mal, elles interrogent, elles remettent en question des connaissances que l’on croyait acquises. Car le nucléaire, qui a été présenté à l’origine comme la solution à tous les problèmes de la terre, est un enfer. Un enfer pour les populations civiles qui ont subi le feu nucléaire en 1945, un enfer pour les gens contaminés dans et autour des mines d’uranium, un enfer pour les populations malades sur d’immenses territoires suite aux essais atmosphériques et aux catastrophes nucléaires, sans que l’OMS ne s’en occupe, un enfer pour les gens qui ont des cancers à cause du fait qu'ils vivent près d’une centrale nucléaire prétendument propre, un enfer pour les milliers de travailleurs de Tepco qui « gèrent » au mieux les ruines de la centrale de Fukushima Daiichi, un enfer pour les réfugiés nucléaires que le gouvernement japonais incite à revenir vivre dans des territoires contaminés.
Voilà sept ans que la catastrophe de Fukushima a eu lieu, sept ans de malheurs que les auteurs de ce blog vous ont contés. Et pourtant, la catastrophe ne fait que commencer. Car la pollution nucléaire se compte en centaines, en milliers, en millions d’années selon les radionucléides. Il faudra faire avec désormais. C’est pourquoi, si l’on veut penser un tant soit peu aux générations futures, il est important de sortir du nucléaire pour arrêter de produire des déchets dont on ne sait que faire et surtout, avant qu’une nouvelle catastrophe, possiblement fatale pour l’avenir de l’humanité, ne se produise.
Pierre Fetet
Le nombre de cancers de la thyroïde augmente sans cesse
La seule enquête épidémiologique existante au Japon en rapport avec la catastrophe nucléaire de Fukushima concerne un diagnostic réalisé pour environ 380 000 jeunes, mineurs au moment de la catastrophe. Avant 2011, l’incidence du cancer de la thyroïde des enfants au Japon était de 0,35 cas par an pour 100 000 enfants ; un seul nouveau cas de cancer de la thyroïde de l’enfant chaque année devait donc advenir dans la préfecture de Fukushima. Or, à ce jour, 160 cas de cancer thyroïdien sont confirmés et 35 enfants sont en attente d’une opération. Malgré ce résultat significatif, l’Université de Médecine de Fukushima affirme que la catastrophe nucléaire de Fukushima n’a pas eu d’influence sur l’augmentation des cancers de la thyroïde des enfants. Cherchez l’erreur.
Répartition géographique des cas de cancers de la thyroïde
Pour en savoir plus, je vous encourage à lire l’étude réalisée par le Dr Alex Rosen, médecin, président de l’IPPNW-Allemagne (International Physicians for the Prevention of Nuclear War) et publiée le 7 mars 2018
Lien vers la traduction française de l’étude détaillée,
éditée dans le site de Georges Magnier, Vivre après Fukushima
La pollution due aux rejets de mars 2011 s’est répandue sur des centaines de km²
On retrouve autour de la centrale et jusqu’à des centaines de kilomètres de la centrale du combustible usé prisonnier de billes de verre microscopiques. Les plus petites de ces particules, insolubles, sont très légères et peuvent voyager avec le vent. On peut donc les inhaler. Une fois logées dans des poumons, elles sont piégées à vie et peuvent alors provoquer des cancers.
On ne connaît pas bien le processus de création de ces microbilles qui ont été rejetées dans l’atmosphère en mars 2011, mais elles existent et posent un véritable problème sanitaire. Mais les autorités ne tiennent pas compte de cette pollution. L’incitation au retour des populations dans les territoires contaminés n’est basée que sur la dose ambiante et jamais sur la pollution effective du sol ou les matières en suspension dans l’atmosphère. D'où l'intérêt des mesures des taux de radioactivité par les citoyens eux-mêmes.
Pour en apprendre davantage sur les billes de verre au césium, il faut lire l’article de Cécile Brice publié dans son blog Japosphère le 7 mars 2018 :
Billes de césium à Fukushima, incertitude scientifique contre certitude politique
Nous avions déjà évoqué cette information en février 2016 avec cet article :
A propos de la pollution et des doses mesurées différemment par les autorités et la population, je vous invite à vous reporter au site Nos Voisins Lointains 3.11 qui suit de près ce dossier et publie les cartes citoyennes :
Le public devrait-il être autorisé à voir la carte de la radio-contamination ?
Dernière carte de la pollution radioactive effeectuée par des citoyens pour Tomioka
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Le retour de la population en terres contaminées se fait dans la douleur. Douleur de familles séparées, douleur du danger de contamination, douleur de ne jamais pouvoir retrouver le cadre d’avant la catastrophe, douleur d’un avenir incertain. Deux camps s’affrontent, les optimistes qui veulent le retour de toute la population en niant les risques pour la santé, et puis les lucides qui savent que la décontamination n’est pas possible (retour des radio-éléments par la poussière venant des forêts en particulier) et ne souhaitent pas prendre de risque, en particulier pour les enfants.
Je vous propose de regarder ce petit film (4 min 41) diffusé par Greenpeace le 9 mars 2018. C’est le témoignage poignant de Mme Kanno, une ancienne habitante de Tsushima, dans la région de Namie.
Lisez également cet autre témoignage du 11 mars 2018 de Ruiko MUTO, appartenant au groupe « Femmes de Fukushima contre le nucléaire », déléguée de la partie plaignante au procès pénal intenté contre les dirigeants de TEPCO. (traduction française: yosomono-net France)
La centrale nucléaire de Fukushima Daiichi n’est pas sous contrôle
On parle tellement peu de la centrale de Fukushima Daiichi que l’on finit par croire, avec le temps, que les Japonais ont réglé tous les problèmes. D’autant plus que les jeux olympiques se tiendront à Tokyo en 2020, avec certaines épreuves prévues à 19 km de la centrale de Fukushima Daiichi.
8000 ouvriers travaillent sur site pour s’occuper de la maintenance des installations de refroidissement des piscines et des réacteurs, pour le stockage de l’eau contaminée et son traitement, pour réaliser les opérations de prospection à l’intérieur des réacteurs afin d’assurer le démantèlement futur des installations. Par exemple, une couverture vient d’être terminée pour le réacteur n°3, l’objectif étant de vider le combustible de la piscine dans les deux prochaines années.
La nouvelle couverture du réacteur 3 en forme de cylindre vient d'être terminée (photo Tepco)
On a également construit un mur de glace souterrain de 1,5 km qui entoure les quatre réacteurs accidentés. Mais l’Autorité de Régulation Nucléaire japonaise doute sérieusement de l’efficacité de cette technique qui, de surcroit, coûte très cher : 265 millions d’euros pour la construction de l’installation et une facture de 8 millions d’euros par an pour l’électricité consommée pour maintenir le mur gelé… De l’eau contaminée continue donc de couler sous la centrale pour rejoindre la nappe phréatique qui rejoint l’océan Pacifique.
Prière à la centrale de Fukushima Daiichi le 11 mars 2018 (photo Tepco)
Aujourd’hui, le problème de l’eau contaminée n’est donc pas réglé. Plus d’un million de tonnes d’eau radioactive est stockée sur site. La seule solution envisagée par le gouvernement est de la rejeter en mer après traitement, bien qu’on ne réussisse pas à la décontaminer entièrement (seule une soixantaine de radionucléides sont traités sur une centaine).
Dire que la centrale est sous contrôle est donc évidemment exagéré. On ne sait pas quoi faire de l’eau contaminée et on n’a pas encore inventé les techniques pour démanteler les réacteurs en milieu létal. On a bien trouvé où étaient passés les coriums de certains réacteurs, mais on ne sait pas encore avec certitude où ils se sont arrêtés.
Pour l’état de la centrale de Fukushima Daiichi, je vous conseille la lecture d’un article très détaillé sur le site L’ACROnique de Fukushima le 8 mars 2018 :
Chiffres clés pour le septième anniversaire
Et également, si vous lisez l’anglais, le rapport annuel sur Fukushima, daté du 11 mars 2018, de SimplyInfo.org, site qui suit la catastrophe nucléaire depuis sept ans :
Lire le rapport annuel sur Fukushima
Une communication incomplète en France
J’ai regardé le reportage présenté par Elise Lucet dans Envoyé Spécial le 8 mars 2018,« Fukushima, retour à la vie ». J’ai cru presque me trouver devant un reportage payé par le gouvernement japonais ! En effet, les réalisateurs Pierre Monégier, David da Meda et Emmanuel Lejeune ont fait le choix de présenter le retour de la population dans des territoires contaminés comme une chose envisageable. Mis à part quelques mentions courtes du danger de la radioactivité, le reportage montre 5 exemples de personnes retournant au pays, dont une qui hésite encore mais vient de faire reconstruire sa maison.
Elise Lucet présente le reportage : « A Naraha, une des villes évacuées en urgence, on entend à nouveau les rires des enfants dans les écoles, les paysans ont repris leur travail, l’espoir revient doucement à une dizaine de kilomètres de la centrale ». Et la phrase célèbre du pronucléaire Shinzo Abé, devant le comité olympique le 7 septembre 2013 à Buenos Aires pour obtenir les JO, me revient en écho : « Aujourd'hui, sous le ciel bleu de Fukushima, des enfants jouent au ballon et regardent vers l'avenir. »
Dans le reportage, pas de témoignage de personnes qui choisissent de ne pas revenir alors qu’ils sont majoritaires… Certes, cela peut être un choix d’attaque du sujet, mais alors il aurait fallu rééquilibrer le sujet en apportant des informations. J’ai une impression très mitigée, moi qui suis au courant du danger des faibles doses. Mais pour le commun des auditeurs, quelle impression aura-t-il au final ? Voir un agriculteur qui n’a plus peur de la pluie contaminée, voir une collégienne très contente de retourner dans son collège, voir trois femmes très contentes de créer des poupées pour repeupler le village, voir un pêcheur heureux de pêcher des poissons contaminés en dessous de la norme de 25 Bq/kg, voir un musicien chanter une très jolie chanson sur sa terre natale, voir une école maternelle avec des petits dans un environnement éducatif flambant neuf : toutes les images sont là pour redonner espoir à n’importe qui, même à Elise Lucet, alors que ces gens vivent en territoire contaminé, à quelques kilomètres d’une centrale qui a explosé 4 fois en mars 2011.
On espère pour ces enfants que la terre n'est pas contaminée (capture d'écran reportage d'Envoyé spécial)
L'eau de la commune de Naraha est-elle potable quand on sait que les boues du fond du réservoir d’alimentation font plusieurs dizaines de milliers de Bq/kg ? Une question sur la potabilité de l'eau aurait été intéressante. Engager des enfants dans la replantation d’arbres, « pour semer les graines du futur », en leur faisant creuser des trous dans la terre, sans masque, ce n’est pas correct de la part des adultes qui organisent cet évènement. La voix off précise : « La radioactivité est encore 20 fois supérieure au taux recommandé ailleurs dans le monde » mais en même temps, on voit l’image d’un poste de surveillance de la radioactivité montrant 0,105 µSv/h, ce qui indique une radioactivité normale ! Manifestement, les journalistes ne se sont pas formés aux mesures de la radioactivité. Du coup l’info est contradictoire. Ils ne savent pas que ces postes de surveillance cachent des défauts : nettoyés soigneusement chaque jour, la radioactivité y est moindre qu’ailleurs. Et souvent ils sont souvent truqués pour montrer une radioactivité moindre.
A propos de la collégienne Yuka : « Ici au moins, personne ne la traite de pestiférée. » Ça voudrait dire qu’il vaut mieux être contaminé que réfugié ?
La voix off prétend aussi : « Les rivières se lavent peu à peu des contaminations » : c’est faux, il aurait fallu présenter les études de cumul de radioactivité dans les sédiments. Ils auraient appris qu’il existe un point chaud dans la baie de Tokyo par exemple.
Toujours la voix off : « Les forêts n’ont toujours pas été décontaminées », comme si cela était possible ! Puis le prêtre Ousami balaie sans masque la poussière de son temple contaminé. Pas de commentaire sur la possibilité qu’il inhale du combustible.
La voix off continue : « Les derniers nés représentent les écoliers qui manquent toujours à l’appel dans les classes de Naraha… L’avenir de Naraha dépend de ceux qui ne sont pas encore revenus… Naraha, leur Furusato à eux, s’est donné trois ans pour se débarrasser des fantômes du passé, les remplacer par de nouveaux écoliers, des fermiers, des pêcheurs, de quoi s’assurer peut-être un avenir, après le plus grave accident nucléaire de l’histoire.
Telle est la conclusion de ce reportage qui me laisse extrêmement perplexe et insatisfait. Est-ce conscient ou inconscient, ces journalistes ont réussi à faire passer le message criminel du programme Ethos à Fukushima : les populations peuvent revenir dans les territoires contaminés, regardez, c’est possible ! N’est-ce pas formidable cet espoir de renaissance ?
Photo de la classe maternelle. Les poupées représentent les absents. (capture d'écran reportage Envoyé spécial)
Pour conclure, un dernier lien pour contrebalancer ce reportage éthosien, c’est une contribution d’Hisako Sakiyama, directrice de recherche à l'Institut National des Sciences Radiologiques du Japon qui faisait le point en 2013 sur les dangers des faibles doses
Hisako Sakiyama - Evaluation du risque des faibles doses de radioactivité au Japon