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Les parlementaires néerlandais réclament la fermeture du site de l’UE "anti-fake news russes"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://ruptures-presse.fr/actu/pays-bas-ue-desinformation-gelderlander/
Les dirigeants du Service européen pour l’action extérieure (SEAE) de l’UE n’en sont toujours pas revenus. Leur cellule de contre-propagande (baptisée « East Stratcom ») créée pour pourchasser les « mensonges » russes a poussé le zèle inquisiteur si loin qu’il a déclenché la colère des députés néerlandais. Au point que ces derniers réclament désormais la fermeture pure et simple du site Internet géré par Bruxelles, EUvsdisinfo.eu, censé mettre en garde contre la « désinformation » en provenance de Moscou.
L’histoire commence début mars, quand le site en question pointe un index accusateur contre trois médias des Pays-Bas (dont le grand quotidien régional De Gelderlander) : ceux-ci sont accusés d’avoir relayé des informations sur l’Ukraine osant affirmer que ce pays était corrompu et abritait des fascistes ; et d’avoir relaté des éléments factuels fournis par une firme russe d’armement invalidant la thèse selon laquelle la Russie serait coupable d’avoir abattu le vol MH17 de la Malaysian Airlines (une tragédie aérienne qui avait fait 300 victimes le 17 juillet 2014). Il n’en fallait pas plus pour qu’EUvsdisinfo.eu, véritable Torquemada 2.0, octroie un sceau d’infamie aux médias en question.
Trois médias néerlandais, dénoncés par le site de l’UE comme ayant propagé des mensonges pro-russes, ont menacé ce site de poursuites
Ces derniers, qui estimaient n’être coupables de rien du tout si ce n’est d’avoir informé leurs lecteurs, ont menacé EUvsdisinfo de poursuites judiciaires. Le site a rapidement fait machine arrière, admettant, dans un communiqué le 8 mars, avoir agi de manière erronée. Les médias ont alors retiré leur plainte.
Mais, pour les parlementaires du pays, le mal était fait. Deux d’entre eux – un du Parti socialiste (SP, équivalent du PG en France), l’autre du Parti libéral VVD (la formation du premier ministre Mark Rutte) – ont sommé le gouvernement d’intervenir auprès de Bruxelles pour faire fermer le site. Selon les deux députés, leurs collègues sont prêts à voter « à une très large majorité » une motion enjoignant au chef du gouvernement d’agir. Ils font valoir qu’une instance européenne n’a aucune légitimité pour surveiller les médias et journalistes nationaux.
Gêné aux entournures, le ministre de l’Intérieur a promis « d’essayer de trouver des soutiens dans les instances européennes pour faire valoir cette requête parlementaire ». Problème : la création de cet organe « anti-fake news russes » avait été approuvée par tous les chefs d’Etat et de gouvernement, y compris M. Rutte, ce qui place ce dernier en porte-à-faux.
Depuis le Non massif de 2005 au projet de constitution européenne, les Pays-Bas sont considérés à Bruxelles comme l’un des nombreux maillons faibles de l’UE.
Depuis 2005 et le Non massif (61,6%) au projet de constitution européenne, les Pays-Bas étaient considérés à Bruxelles comme l’un des nombreux maillons faibles de l’UE. Onze ans plus tard, les électeurs déclenchaient un nouveau cataclysme en rejetant, également par référendum, un accord de libre échange entre l’UE et l’Ukraine (dont le résultat fut finalement piétiné par un vote parlementaire ; et désormais, cette possibilité de référendum a été supprimée…).
En mars 2017 cependant, M. Rutte sortit des élections générales avec la possibilité de former une nouvelle coalition, l’« eurosceptique » Geert Wilders progressant, mais restant isolé. Cela fut présenté à Bruxelles comme un signe indubitable du retour de flamme des citoyens européens en faveur de l’UE, un amour qui aurait ensuite été confirmé par l’élection d’Emmanuel Macron.
A la lumière de l’humiliation batave infligée aujourd’hui à l’Union européenne, cette interprétation relevait donc bien de la méthode Coué. Ou de la désinformation.