[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Newsletter

Ailleurs sur le Web [RSS]

Lire plus...

Twitter

Montpellier: un prof accusé d’avoir tabassé des étudiants grévistes... ne nie pas avoir cogné !

éducation Répression selectionbac2018

Lien publiée le 28 mars 2018

Tweeter Facebook

Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.liberation.fr/france/2018/03/27/fac-de-montpellier-je-n-ai-pas-l-habitude-lorsque-je-suis-agresse-de-rester-passif-dit-un-prof-accus_1639295?xtor=rss-450&utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter

Plusieurs témoins affirment qu'un professeur d'histoire du droit a pris part à l'évacuation violente d'élèves grévistes. Celui-ci a donné sa version des faits à «Libération».

Jeudi 22 mars, aux alentours de minuit, la faculté de droit et de sciences politiques de Montpellier, occupée par des opposants à la réforme de l’admission à l’université, est évacuée manu militari par des hommes cagoulés et armés. Deux enquêtes sont en cours pour déterminer ce qu’il s’est passé. L’une est menée par l’inspection générale de l’administration de l’Education nationale et de la recherche (IGAENR), à la demande de la ministre Frédérique Vidal. L’autre incombe à la justice : le parquet de Montpellier a ouvert une procédure à la suite du dépôt d’une demi-douzaine de plaintes pour violences en réunion et avec arme, déposées contre X à la fois par la présidence de l’université de Montpellier et par plusieurs personnes agressées lors de l’évacuation.


Libération le relatait dans un précédent papier, de nombreuses vidéos ont circulé en ligne dès le soir des événements, qui ont fait plusieurs blessés dont trois hospitalisés. On y voit des hommes cagoulés et armés de bouts de bois évacuer l’amphi A de la fac, rue de l’Ecole-Mage, occupé à la suite d’une assemblée générale d’opposants à la réforme de la procédure d’admission à l’université.

Le doyen démissionne

Le doyen de la fac, Philippe Pétel, a été désigné par plusieurs témoignages concordants comme la personne qui aurait permis - voire incité - les casseurs à investir l’amphi occupé. Des témoins avaient également assuré avoir reconnu deux professeurs et deux chargés de TD. Interrogé en ce sens par Libération, au lendemain des faits, Philippe Pétel avait démenti tout rôle, mais reconnaissait qu’il était «possible» qu’un prof de droit ait été présent parmi les cagoulés.

Le doyen, qui a été entendu par la police, a démissionné pendant le week-end. Dans le même temps, des noms d’enseignants accusés sont sortis. Le site antifasciste montpelliérain Le Pressoir a très vite mentionné quatre noms, qui ont été supprimés de l’article pendant le week-end, avant de réapparaître le lundi. Les administrateurs n’ont pas répondu à nos sollicitations pour savoir pourquoi. Les mêmes noms ont également été tagués sur le mur du rectorat de l’académie de Montpellier, juste en face de la fac de droit.

Parmi eux «Coronel de Boisezon». A un -s près, il s’agit de Jean-Luc Coronel de Boissezon, professeur d’histoire du droit. Décrit comme très conservateur, il apparaît dans une liste de professeurs de droit opposés au mariage pour tous. Le professeur était présent dans le hall de la fac avant l’intervention des hommes armés : on le voit en arrière-plan, dans une vidéo montrant un échange entre Pétel et des étudiants (voir ci-dessous). Le ton monte, sans que le prof d’histoire du droit n’y prenne part. L’algarade a pour objet les toilettes du bâtiment, qu’aurait condamnées l’administration de la faculté dans tout le bâtiment pour en empêcher l’occupation.

«Il s’en est pris à une fille recroquevillée, sur l’estrade»

C’est après cette scène que l’amphi est attaqué par des personnes armées. Et selon C., étudiant à la fac de droit qui tient à l’anonymat, Coronel de Boissezon aurait été parmi les premiers à débouler dans la salle : «Il n’était pas cagoulé, il avait des gants, il s’est précipité en bas de l’amphi avec d’autres personnes et s’en est pris à une fille recroquevillée, sur l’estrade.»

Un jeune qui était en bas de l’amphi assure pour sa part à l’émission de TMC Quotidien avoir été attaqué par un professeur ganté, sans le nommer. Il décrit l’altercation, que l’on voit en arrière-plan des vidéos qui circulent en ligne.

Quotidien@Qofficiel

Olivier et Benjamin, deux élèves victimes des violences du commando cagoulé à la fac de Montpellier sont formels : ils ont reconnu un prof parmi les agresseurs.

Ils racontent ce qu'ils ont vécu...@PaulLarrouturou #Quotidien

Sur M6, un témoin raconte qu’un professeur, qu’il ne nomme pas mais qui n’était pas cagoulé, était parmi les assaillants et portait des «gants de frappe» (utilisés pour des entraînements de boxe). D’autres témoins parlent de gants sans plus de précisions. Dans les vidéos qu’on peut voir, Coronel de Boissezon porte des gants de ville, en cuir marron. 

«Je n’ai pas l’habitude, lorsque je suis agressé, de rester passif»

Octave, élève de l’autre grande faculté montpelliéraine, Paul-Valéry, qui participait à l’occupation et que nous interrogions dès vendredi sur le déroulé de l’évacuation, confirme le récit de C. : «J’ai vu de Boissezon, il a tapé un de mes copains dans l’amphi. Je l’ai reconnu parce qu’il était présent à l’Assemblée générale du mercredi», la veille des événements.

Mardi après-midi, lors d’une conférence de presse improvisée devant le commissariat central de Montpellier, l’avocate Sophie Mazas, présidente de la Ligue des droits de l’Homme dans l’Hérault (qui devrait se porter partie civile) assure que Coronel de Boissezon a bien été «reconnu comme ayant frappé» des occupants de l’amphi. Devant la presse, elle brandit la copie d’une photo qui montre une manifestation des régionalistes occitans de la Ligue du Midi. Elle serait vieille d’il y a deux ans. Parmi les personnes participant à ce rassemblement du mouvement d’extrême droite, un homme retourné regarde en direction de l’objectif : ce serait lui.

Par courriel, le professeur d’histoire du droit nous répond : «Si j’étais bien présent dans l’amphithéâtre de ma faculté ce soir-là pour veiller sur nos locaux, nos étudiants et nos collègues présents, je n’étais évidemment pas cagoulé et donc parfaitement identifiable de mon plein gré.» S’il précise réserver ses observations aux autorités compétentes, il ne nie pas avoir porté des coups, ajoutant, sibyllin : «Je n’ai pas l’habitude, lorsque je suis agressé, de rester passif.»

Selon la LDH, il aurait été entendu par la police dans le cadre la procédure. Le parquet de Montpellier, qui diligente l’enquête, n’a pas répondu à nos sollicitations.

Trois autres professeurs mis en cause

Trois autres enseignants de la fac sont mis en cause par les antifas. Parmi eux, un professeur spécialiste en droit de la santé. Les différentes versions des événements recueillies par Libération diffèrent quant au rôle qu’il a pu jouer. Dans plusieurs vidéos filmées jeudi soir, on le voit présent dans le hall, alors que l’amphi est envahi par les hommes cagoulés. Il aurait incité les élèves à sortir. Par mail, il refuse de commenter des violences auxquelles il se dit «étranger, en dépit des allégations publiées sur les réseaux "sociaux"». Il assure de sa «ferme condamnation envers toutes formes de violence», et assure avoir porté plainte pour diffamation contre les personnes le mettant en cause. 

A part les noms de Coronel de Boissezon et celui de ce professeur, les deux autres noms diffusés correspondent plus ou moins à ceux de deux chargés de TD. Plus ou moins parce que les deux patronymes inscrits sur le mur du rectorat, et publiés par Le Pressoir avant le week-end sont faux : l’un correspond à un pseudo. L’autre ne correspond à personne. Il ressemble vaguement au nom d’un chargé de TD. Les deux noms ont été corrigés ce lundi par les antifas, et Libération a retrouvé la trace de ces deux chargés de TD de la fac de droit de Montpellier.

Les deux renvoient vers leur avocat, Marc Gallix. Celui-ci concède que les deux hommes et deux de leurs collègues (dont les noms n’ont pas été rendus publics), qui auraient été présents le jeudi soir dans l’enceinte de la fac, sont bien venus à son cabinet. Les quatre hommes ont été entendus par la police pendant plusieurs heures mardi matin, sans pour autant être mis en examen, affirme l’avocat. Ils appartiennent tous à l’association des Jeunes historiens du droit de Montpellier. Contactée, celle-ci n’a pas donné suite à nos questions. Depuis vendredi au moins, son site est inaccessible car «en maintenance». Mardi soir, l’université de Montpellier annonçait par voie de communiqué que la faculté de droit et de sciences politiques ne rouvrirait que le mardi 3 avril.