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Montpellier III: Le président de la fac demande à la préfecture de réprimer ses étudiants
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Dimanche, le président de l'université Paul-Valéry Montpellier 3, Patrick Gilli, a publié un communiqué indiquant que lundi, seuls les personnels seraient admis sur le campus. Le lendemain, un nouveau communiqué paraissait, appelant l'État à évacuer l'université par la force. Le préfet y a répondu par la positive. Les étudiants et les personnels s'organisent en conséquence.
Le premier communiqué du président, paru dimanche, affirmait que lundi seuls les personnels de l’université Paul Valery seraient autorisés à pénétrer sur le campus. La raison ? Le risque de « débordements consécutifs aux violences survenues lors de la manifestation du 14 dans le centre-ville de Montpellier ». Très évasif sur les « violences », le communiqué du président ne mentionne pas la répression sans précédent qui a frappé les manifestants, donc beaucoup d’étudiants, la police faisant plus de cinquante interpellations, gazant la manifestation avant même son départ et blessant une dizaine de personnes dont certaines gravement. Un communiqué donc non seulement complice de cette répression à l’encontre des étudiants de par son silence, mais surtout l’utilisant pour justifier sa propre politique répressive en les criminalisant.
Le lendemain, lundi, un nouveau communiqué du président sortait. Gilli y annonçait avoir demandé à l’État de faire intervenir la police pour déloger les étudiants : le président de Montpellier 3 a été jusqu’à déposer un « référé "mesures utiles" devant le tribunal administratif pour enjoindre l’État à aider l’établissement et demander le recours aux forces de l’ordre », alors que le gouvernement, de même qu’à Tolbiac ou au Mirail à Toulouse, se refusait jusqu’alors à vider la fac par la force, de peur d’un coût politique important, ces universités étant très mobilisées.
Ce même jour, quelques heures auparavant, les personnels ont été accueillis sur le campus à leur grande surprise par une vingtaine de nouveaux agents de « sécurité » accompagnés de leurs chiens d’attaque, dont l’entreprise mandataire n’a pas été identifiée. Ces derniers, très agressifs s’en sont même pris à une personnelle représentante du CHSCT (Commission Hygiène Santé Conditions de Travail) qui tentait de prendre des photos de la scène. C’est à l’aide de deux fourgons de CRS que ces agents ont filtré l’entrée de l’université pour en exclure les étudiants, parmi lesquels plusieurs dizaines avaient réussi à pénétrer en enjambant les barrières plus loin.
Dans le plus grand flou, beaucoup de personnels n’ont pas souhaité rentrer et ne savaient pas quoi faire. Selon certains témoignages, même les vices présidents ne savaient pas ce qu’il en retournait et une majorité d’entre eux se sont ensuite opposés à une intervention policière lorsqu’est sorti le communiqué du président Patrick Gilli la réclamant. Face à cette confusion, le président a enjoint les personnels à rentrer chez eux, prétextant plus tard dans son communiqué l’avoir fait pour leur sécurité du fait de la présence de « pavés » et de « bâtons » sur le campus...
La réalité est pourtant toute autre. En effet, si l’argument de la présence de « pierres » et de « bâtons » à l’université peut faire sourire, l’élément qui a en réalité accéléré l’offensive de la présidence - qui semble de plus en plus jouer cavalier seul - c’est le fait que le dialogue se soit dernièrement renforcé entre les personnels et les étudiants. Ce n’est pas un hasard si ce « tournant », selon le mot même du président, s’opère à la suite d’une réunion qui s’est tenue vendredi, rassemblant plusieurs centaines de personnes dont une bonne partie de personnels de l’université, qui a notamment débouché sur l’appel à des AG d’UFR vendredi. Cette convergence, qui échappe à Gilli, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, pour une présidence qui a tout fait pour cantonner les rencontres du comité de mobilisation étudiant à des échanges avec la seule présidence – supposée être l’incarnation de la volonté des personnels, alors que ceux-ci n’étaient pas consultés.
Une démonstration de plus que le président, pourtant élu FSU-SNESUP, ne recule devant rien face à la mobilisation étudiante, entre criminalisation, diffamation et instrumentalisation des personnels, et alors même que des étudiants de son université risquent en ce moment même de la prison ferme pour avoir participé à la manifestation de samedi. Le Préfet, donnant une conférence le jour même, a répondu à l’appel du président par la positive, indiquant que "le déblocage aura lieu, et chaque jour qui passe nous en rapproche. On a la ferme volonté de dégager Paul-Valéry. Mais une intervention policière sur un site universitaire c’est quelque chose de très particulier. Donc il faut bien peser le moment. Et ce moment est sans doute venu".
De leur côté, les étudiants continuent à s’organiser pour élargir la mobilisation contre le plan étudiant et faire entendre leur voix face à la présidence et à la préfecture. Le campus est resté ouvert malgré la présence des agents de sécurité, un rassemblement a eu lieu devant le tribunal pour soutenir les camarades inculpés pour l’exemple, le référé à l’initiative de Solidaires étudiant-e-s et Sud Éducation visant à démontrer l’illégalité des examens à distance est toujours en cours, et un rassemblement est appelé largement mardi à midi pour défendre l’occupation face à la répression ; une conférence de presse avec les personnels s’en suivra. Ceux-ci comptent bien s’adresser à l’extérieur dans les jours qui viennent, et un meeting de convergence aura lieu mercredi à 18h, qui rassemblera plusieurs secteurs en lutte, des cheminots, des enseignants, des salariés de la santé, des lycéens, des postiers, avec un message clair : il va falloir faire front face aux politiques antisociales et répressives du gouvernement Macron et de ses alliés, à commencer par le président Gilli. La convergence et l’élargissement de la mobilisation sont les principales armes des étudiants face à la répression, pour que le préfet réfléchisse à deux fois avant de s’attaquer à un des centres névralgiques de la mobilisation nationale.