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La CGT appelle à la grève et annonce «des coupures ciblées d’électricité»
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Sébastien Menesplier, secrétaire général de la CGT Mines-énergies, appelle les électriciens et gaziers à rejoindre jeudi la grève des cheminots.
C’est la première vraie tentative de « convergence des luttes », depuis le début du mouvement des cheminots. La CGT organise ce jeudi 19 avril une première journée nationale de mobilisation interprofessionnelle, au deuxième jour d’une nouvelle période de grève à la SNCF. Sébastien Menesplier, secrétaire général de la CGT Mines-Énergie, annonce au Parisien qu’il entre dans la bataille. Plusieurs actions sont prévues, comme à la SNCF, jusqu’au 28 juin.
Vous démarrez jeudi votre propre grève ?
SÉBASTIEN MENESPLIER. Oui. Nous préparons ce mouvement d’ampleur depuis le 3 avril. Il s’agissait de réunir toutes les conditions d’une grande mobilisation. Les premières actions commenceront dès mercredi et jusqu’au 28 juin.
Qu’est-ce qui est prévu ?
Dès ce mercredi, nous prévoyons des basculements d’heures pleines en heures creuses dans les principales grandes villes. Ainsi que le rétablissement du gaz ou de l’électricité des familles victimes de coupures pour impayés. Des baisses de charges sont aussi prévues dans les centrales de production d’électricité. Dans les jours qui viennent, des coupures ciblées viseront des entreprises qui licencient ou criminalisent les actions syndicales. Pour cela, nous travaillons main dans la main avec nos unions départementales. Nous pourrions aussi empêcher les nouveaux compteurs Linky de communiquer les informations de consommation aux fournisseurs.
Vous avez donc des entreprises dans le viseur ?
Oui, dans la grande distribution par exemple. Un groupe comme Carrefour, qui malmène ses salariés, pourrait avoir quelques mauvaises surprises. Une convergence des fédérations de l’énergie pourrait émerger et dans son sillage la formation d’une intersyndicale. Une réunion est d’ores et déjà prévue avec Force Ouvrière et la CFE-CGC le 2 mai.
Envisagez-vous également de mener des actions conjointes avec les cheminots ?
Bien sûr. Par exemple, lorsque nous avons appris que Guillaume Pepy (NDLR : le président du directoire de la SNCF) voulait mettre sur les rails 200 TGV supplémentaires pour assurer les départs en vacances, nous avons réfléchi à la manière dont nous pourrions intervenir. Sur les lignes, mais aussi dans les gares. Pas forcément pour que ces TGV ne roulent pas, mais au moins pour leur faire prendre du retard. Et contrer cette une volonté de casser la grève.
Quelles sont vos revendications ?
Il faut arrêter cette fuite en avant, avant qu’il ne soit trop tard. Redonner à l’énergie sa juste place, celle d’un bien commun dédié à l’intérêt général. Certains pays, après avoir constaté les dégâts de l’ouverture à la concurrence, ont déjà fait machine arrière. Les États-Unis par exemple, mais aussi plus près de chez nous, le Portugal ou encore la Norvège, dans l’hydraulique. Nous portons donc le projet d’un nouveau service public de l’électricité et du gaz. Nous sommes en plein débat sur la prochaine loi de programmation de l’énergie dont le débat public s’est ouvert le 19 mars. Pourquoi ne pas l’aborder en faisant d’abord un bilan, après dix ans d’ouverture du marché ? Les prix ont explosé, faisant basculer plus de 12 millions de personnes dans la précarité énergétique.
Le service public est si malmené que ça dans l’énergie ?
L’ouverture de ce marché a été initiée dès 2004 avec l’ouverture du capital des deux entreprises nationales EDF et GDF. Puis trois ans plus tard, en 2007, avec la mise en concurrence, de façon très déloyale, de la distribution aux particuliers. Dès lors, tout a été complètement chamboulé. Avec des restructurations successives qui ont conduit à un gigantesque dumping social. Aujourd’hui, certains salariés sont au statut, d’autres sont sous garantie collective, etc. Résultat, le secteur a été totalement démantelé et le service public a pratiquement disparu.
Ce qui s’est passé dans l’énergie pourrait, selon, vous, arriver dans le ferroviaire ?
Malheureusement oui. Il y a d’abord eu les télécoms dans les années 1990, puis l’énergie la décennie suivante. Et malgré des résultats désastreux, les pouvoirs publics veulent continuer cette politique de destruction. C’est dramatique et les cheminots ont bien raison de réagir. Ce n’est pas seulement leurs droits qu’ils défendent, mais également ceux des usagers, c’est-à-dire nous tous.
Pourtant Emmanuel Macron a réaffirmé dimanche soir que la SNCF ne sera pas privatisée…
Il ment aux Français. Déjà en 2004 Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie, jurait la main sur le cœur exactement la même chose concernant EDF et GDF. Aujourd’hui, l’État n’est plus actionnaire d’Engie, ex-GDF Suez, qu’à 20 %. Et à 83,5 % d’EDF, sans savoir si demain cette part ne va pas encore diminuer. Malheureusement, l’histoire se répète.