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Grèce: déchaînement criminel raciste sur l’île de Mytilène

Grèce

Lien publiée le 27 avril 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://npa2009.org/actualite/international/grece-dechainement-criminel-raciste-sur-lile-de-mytilene

L'île de Mytilène (également connue sous le nom de Lesbos) fait partie de ces îles grecques très proches des côtes turques sur lesquelles débarquent chaque jour les réfugiéEs qui ont eu la « chance » d'échapper aux massacres, puis aux naufrages ou à la reconduite en Turquie. Une île aux traditions d'hospitalité, dont la population a organisé toutes ces années une formidable chaine de solidarité : de jour comme de nuit, des équipes veillaient sur les côtes pour recueillir et convoyer les réfugiéEs le plus souvent épuisés. Mais l'accord infâme intervenu en mars 2016 entre l'Union européenne et la Turquie, bloquant le passage des réfugiéEs ou les contraignant à rester dans le lieu d'arrivée en Europe, a produit comme on pouvait le craindre des effets délétères. 

À Mytilène, les arrivantEs se sont trouvés de plus en plus nombreux à être bloqués, retenus notamment dans un de ces honteux centres de rétention (hotspot), le sinistre camp de Moria, prévu pour 3500 personnes et où s'entassent 5000 personnes au minimum. La situation y est tellement épouvantable que des révoltes y ont éclaté, entre autres à l’automne 2016. Ces derniers jours s'est d'ailleurs ouvert le procès de 35 réfugiéEs, accusés d'avoir dirigé en juillet 2017 des manifestations de protestation contre les conditions de vie indignes infligées aux réfugiéEs. La solidarité locale et internationale est importante pour éviter à ces personnes déjà persécutées de se trouver en outre condamnées à des années de prison ou à l'expulsion vers les pays d'où ils ont fui.

Situations d'urgence absolue

Ces derniers temps, les arrivées incessantes de réfugiéEs ont abouti à des situations d'autant plus terribles que le gouvernement Syriza-Anel, empêché d'organiser les départs vers les autres pays d'Europe qui ferment leurs frontières aux réfugiéEs, ne permet pas pour autant que les réfugiéEs partent pour d'autres régions de la Grèce. On assiste donc à des situations d'urgence absolue sur certaines îles : installation dans des lieux sans abri, sans équipements sanitaires, ce qui rend le travail de solidarité encore plus difficile, et a provoqué des réactions de mécontentement parmi les populations locales. Situations propices malheureusement à toutes les exploitations racistes… Sur l'île de Chios, c'est carrément le maire de la ville principale qui a pris la tête de la campagne anti-réfugiéEs. À Mytilène, malgré les traditions de solidarité et la culture de luttes, l'extrême droite a construit peu à peu ses interventions racistes, attendant son heure pour frapper un grand coup : ce qu'elle a fait dans la soirée du dimanche 22 avril.

Opération ultra-violente de l’extrême droite

D'après tous les témoignages, c'est une opération minutieusement préparée qui a été montée par différents secteurs de la peste brune : 200 petites frappes regroupées par un Mouvement patriotique de Mytilène, par les nazis de Chryssi Avgi (Aube Dorée), visiblement renforcés depuis Athènes, les hooligans de plusieurs équipes de foot unis contre les immigréEs… Cette bande a chargé les 150 réfugiéEs regroupés avec des militantEs de la solidarité sur la place Sapfous (Sapho) à coups de bouteilles, de pierres, de fusées éclairantes, blessant de nombreux réfugiéEs, parmi lesquels se trouvaient des enfants. Pour se protéger, ils n'avaient que des couvertures à placer sur leurs têtes, et c'est par une chance inouïe qu'on ne compte aucun mort. Les récits ne laissent aucun doute : les fascistes voulaient tuer, et ils ont aussi chargé les lieux où les enfants et les blesséEs se réfugiaient. 

Le pire dans tout cela, c'est l'attitude de la police : placée entre les réfugiéEs et les fascistes, elle a laissé faire, intimant l'ordre aux réfugiéEs et à leurs soutiens de se taire s'ils voulaient être protégés ! Et cela a duré ainsi plusieurs heures, jusqu'au moment où la police a fini par intervenir : elle a arrêté… des réfugiéEs et des militantEs solidaires, tandis qu’aucun agresseur n'a été inquiété.

Responsabilités multiples

On s'en doute : une telle situation a provoqué une tempête de réactions, la droite s'abstenant seule de prendre position pour mieux couvrir son cours actuel d'appel du pied aux électeurs d’extrême droite… Le ministre de la Politique migratoire Vitsas a déclaré inacceptable que les fascistes n'aient pas été arrêtés et, sur Mytilène, la population est choquée par cette violence raciste. Mais les conditions restent réunies pour que de tels événements se reproduisent. D'où l'urgence de voir libérés les réfugiéEs et antiracistes arrêtés, de punir les auteurs des agressions racistes, et de voir procéder à une enquête sur les consignes données à la police ce dimanche soir. 

Mais plus globalement, comme le souligne la gauche anticapitaliste Antarsya, sont aussi responsables les autorités municipales et régionales, les cadres locaux de la droite (le député Athanasiou n'a pas un seul instant condamné la violence des fascistes) mais aussi différents dirigeants des médias locaux qui diffusent le venin raciste. Et au-delà, le gouvernement Syriza-Anel, qui se conforme fidèlement à l'accord raciste entre Turquie et Union européenne, porte bien sûr une lourde responsabilité dans la montée des tensions racistes. Pour arrêter cette dérive inquiétante, la rupture avec cet accord sur le dos des réfugiéEs est plus que jamais indispensable!

À Athènes, A. Sartzekis