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Un an de présidence Macron : une politique fiscale injuste

Lien publiée le 4 mai 2018

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http://www.liberation.fr/amphtml/debats/2018/05/04/un-an-de-presidence-macron-une-politique-fiscale-injuste_1647818

Par Vincent Drezet, (Snui) et Dominique Plihon 

Seule une minorité de contribuables a de quoi se réjouir des réformes fiscales d'Emmanuel Macron. Accordé aux actionnaires et aux entreprises, cet allègement alimente les inégalités.

Les contribuables s’apprêtent à déclarer leurs revenus dans le cadre de la première loi de finances de «l’ère Macron». Alors que certains s’inquiètent des modalités pratiques du futur prélèvement à la source, une réforme dont la complexité ne lasse pas d’interroger, une minorité de contribuables ont cependant de quoi se réjouir. Ce sont ceux qui déclarent les revenus de capitaux mobiliers (autrement dit, des revenus financiers) et des plus-values sur cessions de titres. Ils font en effet partie des grands gagnants de la loi de finances 2018. Leurs revenus financiers, qui représentent une part importante des revenus des plus riches, seront en effet désormais soumis au prélèvement forfaitaire maximal de 30 % (CSG comprise), la flat tax, qui leur permettra d’échapper à la progressivité de l’impôt sur le revenu et à la tranche supérieure de 45 %. Et ainsi, de réaliser une économie d’autant plus importante que leurs revenus financiers sont élevés. Sans oublier la suppression de l’exit tax, créée en 2012 par Sarkozy pour freiner l’exode fiscal des plus fortunés.

Parmi eux, une partie bénéficiera même de l’absence de taxation de leurs titres puisque l’impôt de solidarité sur la fortune a été aboli, remplacé par un impôt sur la fortune immobilière qui exonère par conséquent l’ensemble des biens mobiliers, dont les actions, les obligations etc. Au sein des 10% des ménages les plus aisés, 70% verraient leur imposition des revenus mobiliers baisser. Cette part atteindrait 90% pour le 1% les plus riches. Mais le bénéfice de la mesure est quasiment nul pour les 50% les moins aisés des ménages.

Ce double cadeau, accordé à une minorité très aisée de contribuables, constitue également une double peine pour les finances publiques: ce sont en effet 5 milliards d’euros, a minima, qui manqueront au budget de l’État cette année. Ces 5 milliards serviront immanquablement d’alibi au gouvernement qui intensifie la rigueur budgétaire dont pâtissent tous les citoyens qui voient, par exemple, le service public s’éloigner d’eux et se paupériser.

Ce cadeau fiscal, car c’en est un puisqu’il n’existe aucune contrepartie, est immédiat. Il est aussi permanent. Tout comme l’est par ailleurs la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) qui pénalise notamment les retraités. Et ce n’est pas la baisse, progressive, de la taxe d’habitation qui viendra compenser cette hausse, contrairement à ce que prétend le gouvernement: 15 à 20 % des contribuables en sont déjà exonérés et près de 40% bénéficient de plafonnements. Pour une grande partie, la baisse de la taxe d’habitation ne compensera donc pas la hausse de la CSG.

L’année 2018 est également marquée par la première étape dans la baisse progressive du taux de l’impôt sur les sociétés, lequel devrait être ramené à 25% en 2022. Alors que la distribution de dividendes a déjà atteint des niveaux records, renouant avec ses niveaux d’avant crise, cette baisse permettra aux grandes entreprises d’en distribuer davantage et ce, alors que ces revenus financiers des actionnaires seront moins imposés.

Emmanuel Macron a beau «remercier» les retraités de l’effort qu’ils supportent, les actionnaires et les entreprises, notamment les plus grandes, peuvent remercier chaleureusement Emmanuel Macron de l’allégement d’impôt qu’il leur a accordé. La richesse ruissellera ainsi plus vite vers le haut, alimentant non seulement la rigueur budgétaire et la financiarisation de l’économie mais aussi les inégalités… L’injustice fiscale est un des marqueurs les plus incontestables des débuts de la présidence Macron.

Dominique Plihon et Vincent Drezet,  contributeurs du livre d’Attac et de la Fondation Copernic L’imposture Macron – Un business model au service des puissants, Éditions LLL, 2018. 

Vincent Drezet (Snui) , Dominique Plihon