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Premier mai: des rafles arbitraires de manifestants, une seule condamnation
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les avocats dénoncent une "mascarade" et des "dossiers vides et pourris". Une seule condamnation a été prononcée... pour un fumigène.
Tout ce tapage pour ça ? Qualifiées de "noyau dur" du black bloc par le préfet de police, les gardés à vue du 1er-Mai s’apparentaient plutôt à "une foule de badauds" jeudi et vendredi en comparution immédiate, ont ironisé les avocats de la défense.
A minima déférés pour "groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations", les prévenus qui ont défilé dans le box hier étaient cette fois apprenti cuisinier, ex-artisane dans un atelier de vitrail, étudiants en licence. La veille, ils étaient centralien, productrice dans le cinéma, fils de chercheur au CNRS… "Mais qu’est-ce que c’est que cette mise en scène ?", soupire une avocate de la défense après l’audience.
Car si un McDonald a été saccagé mardi, et si des voitures et du mobilier urbain ont été dégradées, aucun élément de preuve n’a pu être mis en évidence pendant les auditions. Bilan de ces deux longues journées : trois relaxes, des renvois de procès aux 30 mai et 12 juin et une seule condamnation… une amende de 1.000 euros pour un fumigène. Récit.
"Vous avez reçu un SMS disant ‘belek aux keufs’"
Les caméras postées hier à la sortie de la 23e chambre du tout nouveau palais de justice ne sont même pas restées jusqu’au bout de l’audience. Sous les cagoules, le néant. Quelles cagoules d’ailleurs ? Car il n’a, au cours de ces deux jours de comparutions immédiates, été ni question de cagoules, de voitures brûlées ou de vitrines brisées.
"Les chefs d’accusation donnent l’impression d’interpellations aléatoires, regrette une avocate atterrée. Untel portait un blouson sombre, un autre avait des tracts ou du sérum physiologique dans la poche…" L’une des prévenues, 47 ans, a par exemple été interpellée avec un terminal de carte bleue estampillé McDo. "Ramassé dans la rue", tonne son avocat. "On fait le procès d’une foule de badauds", moins entraînés à échapper à la police, constate-t-il.
Sur les bancs immaculés - et flambants neufs - de la salle d’audience, les visages sont anxieux. Parents, amoureux, camarades venus en soutien… certains n’avaient encore jamais mis le pied dans un tribunal. Tous n’ont d’ailleurs pas été autorisés à entrer dans la salle, faute de place, et ont dû cohabiter avec les caméras dans le couloir. D’autres se sont rabattus sur le parvis du TGI, d’où ils ont suivi les comparutions en live-tweet ou sur des conversations groupées.
Les téléphones des prévenus, eux, ont été épluchés par les enquêteurs. Et certains messages, lus par le président, ont suscité quelques fous rires dans la salle : "Monsieur, vous avez reçu un SMS disant ‘belek aux keufs’" ; "Madame, vous relayez des messages de soutien à la Zad de Notre-Dame-des-Landes."
Les casiers judiciaires des prévenus sont quasiment tous vierges. Sauf celui d’un cadreur freelance de 25 ans, déjà épinglé pour trois graffitis. Il porte une fine moustache, un T-shirt à manches raglan et a été interpellé avec un fumigène et des bombes de peinture dans la poche.
"Il semble que vous étiez vêtu de noir", grince le président de l’audience en lui tendant une photo de lui le jour J. "La photo est en noir et blanc M. le président, permettez-moi de vous la présenter en couleurs", rebondit l’avocat, démontrant que son client portait en réalité une veste verte turquoise. "Je m’habille justement de manière visible en manif car il m’arrive de prendre des photos en manif. J’avais en tête l’image des fumigènes de la CGT, donc j’ai pensé pouvoir faire de chouettes images avec le mien… ", déclare l’intéressé.
Le tribunal finira par le relaxer du chef de "groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations". En revanche, il est condamné à 1.000 euros d’amende pour le port de son fumigène.
"Vous ne me briserez pas avec vos barreaux !"
S’habiller en noir, aller manifester, avoir du sérum dans son sac… faute de preuves tangibles, les prévenus ont bien souvent été sommés de se justifier sur leur tenue du jour ou leurs motivations pour aller manifester. C’est le cas de deux relaxes hier : un jeune couple interpellé à l’heure de l’apéro dans le quartier Latin. Lui était vêtu d’un bombers noir, elle, portait un blouson sombre ainsi qu'une écharpe et un masque anti-pollution pour se protéger des lacrymos.
"Pourquoi aviez vous une écharpe sur vous mademoiselle ?", l’interroge la procureure. "J’ai eu peur d’avoir froid dans la journée", répond-patiemment la prévenue. Et le masque ? "Je l’ai mis à partir du moment où nous avons reçu des lacrymogènes". "Vous étiez donc dans le cortège de tête ?" "Non, nous étions derrière. On était dans la rue, il y avait du vent, il me semble que le vent a transporté ces gaz".
La procureure insiste : "Mais pourquoi mettre un masque au lieu de partir ? Pourquoi votre présence à cette manifestation est-elle importante ?" Soupirs dans la salle, et réponse douce mais ferme de la prévenue : "Madame, ma présence est nécessaire pour exprimer mes opinions sans aucune violence, en soutien aux luttes en cours." Elle sera relaxée. Son compagnon aussi, "au bénéfice du doute".
Deux autres étudiants en licence, d’histoire ou de sciences, ont eux été interpellés avec du sérum physiologique sur eux. Le premier aimerait devenir journaliste, le second, ingénieur. Leur avocate, qui dit avoir produit des garanties (attestations de moralité des professeurs, bourse au mérite, etc.) s’indigne d’une situation "disproportionnée, ubuesque" : "Ces jeunes gens ne comprennent pas ce qu’ils font là, ni pourquoi ils ont passé 48 heures en garde à vue pour un simple port de sérum le 1er mai. Les dossiers sont vides et pourris !"
"En garde à vue, on a demandé à ces jeunes hommes : 'entendez-vous participer à nouveau à une manifestation ?’", souligne-t-elle par ailleurs.
Jeudi puis vendredi, des cris de soutien ont fusé à l’annonce du placement provisoire en maison d’arrêt de trois femmes et un homme, d’ici leur procès renvoyé au 30 mai. Tous avaient refusé de se soumettre à des relevés d’empreinte et d’ADN lors de leur interpellation, ce qui leur a été reproché jeudi comme vendredi. "Une de touchée, tous concernés", ont lancé les soutiens du jeudi. Malgré les avertissements sur une poursuite en huis-clos, ceux du vendredi ont réitéré et bruyamment applaudi une de ces trois prévenues, qui, en quittant le box, a théâtralement lancé :
"Vous ne me briserez pas avec vos barreaux !"