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À Blanquefort, les salariés de l’usine Ford sont résignés

Lien publiée le 13 juin 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

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Pour la première fois depuis l’annonce de l’ouverture d’un plan social sur le site de Ford à Blanquefort, la direction de Ford, les syndicats, l’État et les collectivités locales vont se retrouver, mercredi, pour un comité de suivi.

C’est la première fois que la direction de Ford, les syndicats, l’État et les collectivités locales se retrouvent depuis l’annonce, jeudi 7 juin, de l’ouverture d’un plan social sur le site de Ford à Blanquefort (Gironde). Le constructeur américain y emploie 910 personnes. Un comité de suivi doit se tenir à partir de 9h30, mercredi 13 juin, en préfecture de Gironde. Mais la plupart des salariés de l'usine n'y croient déjà plus.

Philippe Poutou, délégué de la CGT de l’usine prépare une grande banderole pour aller manifester la semaine prochaine à Cologne, en Allemagne, devant le siège européen du constructeur automobile américain. Mais il le sait déjà : très peu de ses 900 collègues feront le déplacement. "Des gens diront sûrement que nous ne serons que 40 alors qu'il y a 900 employés dans l'usine, regrette l’ancien candidat à la présidentielle, mais il faut bien comprendre que si les salariés ne se battent pas et se sentent impuissants, c'est le résultat d'une chaîne de résignation. Il y a des tas d'étages au-dessus de nous où les gens ne bougent pas plus que ça. On peut parler des pouvoirs publics, d'Alain Juppé, ou même du gouvernement. Les structures syndicales sont apathiques. Pourquoi est-ce que personne ne râle ?"

Le secrétaire CGT du comité d'entreprise de Ford Blanquefort Gilles Lambersend, avec Philippe Poutou, secrétaire de la CGT sur le site de l'usine.

Le secrétaire CGT du comité d'entreprise de Ford Blanquefort Gilles Lambersend, avec Philippe Poutou, secrétaire de la CGT sur le site de l'usine. (ISABELLE RAYMOND / FRANCEINFO)

Victimes de la "Trump mania"

Mais pour Jérôme, qui tire sur sa cigarette devant le tourniquet de l’usine avant d’embaucher, le plan social est inévitable. "Ce bâtiment qui fait 10 hectares n'est rempli qu'à 40% depuis 2013. La toiture fuit, on met des bâches mais ça coule de partout. L'autre usine qui fait les mêmes produits que nous est basée aux États-Unis.

Ici, on produit 100 000 pièces par an. Eux en font un million. Sans vouloir faire de politique, la 'Trump mania' est logique : ils défendent les employés américains.Jérôme, employé de Ford Blanquefortà franceinfo

Il y a près de 10 ans, Ford a déjà tenté de se séparer de son site girondin qui fabrique des boites de vitesse automatiques. Cette fois-ci, c’est la bonne, mais le président socialiste de la région Nouvelle Aquitaine demande au constructeur américain de jouer le jeu pour qu’il y ait un repreneur. "J'ai eu une conversation téléphonique avec le patron de Ford Europe, assure Alain Rousset. L'échange a été franc. Il m'a assuré qu'ils sont en train d'y travailler très sérieusement. Je veux bien le croire même si nous sommes habitués ici à ce que la parole de Ford ne soit pas respectée."

Dans ce contexte, les ouvriers de Blanquefort croient peu à une reprise du site. Ils espèrent avant tout partir avec un gros chèque. La moyenne d’âge dans l’usine est de 51 ans.