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12 Juin 68 : De Gaulle dissout 11 organisations

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Lien publiée le 13 juin 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/280518/12-juin-68-de-gaulle-dissout-11-organisations

N°72 de ma série "1968" qui comptera plus de 100 articles sur l'année. La grève démantelée depuis Grenelle, la répression politique commence, avec la dissolution de 11 organisation du mouvement. Prochain article: "Parler du mai ouvrier, un enjeu politique actuel".

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Ce jour  le 12 juin, De Gaulle salue de cette façon le remplacement du ministre de l’intérieur Fouchet par la nomination de Raymond Marcellin: « Enfin Fouché, le vrai ! ». Et il dissout plusieurs organisations politiques actives dans la révolte par le décret présidentiel du 12 juin 1968. Le texte fait référence au décret du 5 novembre 1870, et notamment à son article 2, ainsi qu'à la loi du 10 janvier 1936 modifiée « sur les groupes de combat et milices privées ». Le même jour le régime prend aussi décret d'interdiction de toute manifestation sur la voie publique pendant toute la durée des élections. Le décret du 12 juin entre immédiatement en vigueur et interdit les onze organisations suivantes:

  • Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR) 
  • Voix ouvrière (VO),
  • Groupes « Révoltes »,
  • Fédération des étudiants révolutionnaires (FER),
  • Comité de liaison des étudiants révolutionnaires (CLER)
  • Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes (UJC (ml))
  • Parti communiste internationaliste (PCI)
  • Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF)
  • Fédération de la jeunesse révolutionnaire
  • Organisation communiste internationaliste (OCI)
  • Mouvement du 22 Mars.

Le décret, rédigé à la hâte, dissout deux organisations qui n’existent pas !  Ce sont le CLER remplacé en Avril par la FER, et la Fédération de la jeunesse révolutionnaire, qui n’existe que dans la paranoïa policière.

 La dissolution de l'Organisation communiste internationaliste, de la Fédération des étudiants révolutionnaires et du groupe Révoltes qui lui est lié est annulée en 1970 par le Conseil d’Etat qui juge en effet qu'aucun de ces groupes n'a provoqué ce qui est l’objet de la loi de 1936, soit « des manifestations armées dans la rue » ni qu'«ils aient eu pour but d'attenter par la force à la forme républicaine du gouvernement ».

Le PCF confirme à cette occasion, pour ceux qui ne l'avaient pas vu à l'oeuvre, son orientation de soumission au régime bourgeois. Alors que le rapport au Comité central des 8 et 9 juillet 1968 affirme « la deuxième de nos tâches est la défense des libertés démocratiques contre les tendances autoritaires et fascistes qui vont aller en se renforçant » (L’Humanité, 10 juillet 1968), le PCF n’a pas un mot pour protester contre l’interdiction des onze organisations. Il va plus loin encore puisqu'il soutient la répression en parlant le premier des « milices armées de Geismar ».

La JCR dissoute diffuse le tract suivant

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On peut lire aussi ici la note en vue du recours contre la dissolution du PCI, signée par Pierre Frank le 26 Juin. Certains mouvements dissous continueront leurs activités :

  • la JCR crée les cercles rouges qui fonderont la Ligue communiste, elle même dissoute en juin 1973 et deviendra la Ligue communiste révolutionnaire
  • le PCMLF persistera dans ses activités, ce qui vaudra à certains de ses militants des poursuites pour « reconstitution de ligue dissoute », par exemple dans la région de Lorient en 1976 ;
  • l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes éclate pour donner naissance à différents groupes, dont la Gauche prolétarienne connue notamment par son organe La Cause du peuple,
  • Voix ouvrière devient Lutte ouvrière.

Le décret , qui s’appuie sur loi du 10 janvier 1936 adoptée pour lutter contre les organisations fascistes, épargne l'organisation d'extrême-droite Occident. René Capitant, ministre de la Justice, argue : « Le mouvement Occident a employé la violence, parfois, mais il ne s'est pas dévoilé comme un mouvement subversif ». C’est exact: il n’a fait que soutenir l’ordre bourgeois. Mais la raison est tout autre: la bourgeoisie, comme toujours quand sa domination est ébranlée, a tendu la main aux fascistes, notamment avec l’amnistie des dirigeants et tueurs de l’OAS. Trois jours plus tard, 50 membres de l’OAS condamnés pour terrorisme, notamment assassinats, dont les généraux Challe et Salan, amnistiés, sont libérés ou autorisés à rentrer en France pour les exilés. Sur Mai 68 et l’extrême-droite, on peut lire cet article de Todd Shepard, directeur de recherches en histoire contemporaine à la Johns Hopkins University (USA).

Le même jour…