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1948: FO scissionne de la CGT

CGT FO

Lien publiée le 24 juin 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://groupemarxiste.info/2018/05/30/1948-fo-scissionne-de-la-cgt/

La CFDT, la CFTC et Solidaires sont issus du « syndicalisme chrétien » orchestré par l’Église catholique contre la lutte de classe. La CGT, FO, l’UNSA et la FSU ont pour origine lointaine la CGT. Celle-ci fut fondée, à l’écart de l’Internationale ouvrière, par une variété d’anarchisme qui s’était éloignée de la doctrine de Proudhon qui était hostile au travail des femmes, aux grèves et au syndicalisme.

Le maître prêchait l’indifférence en matière économique, pour mettre à l’abri la concurrence bourgeoise ; les disciples prêchent l’indifférence en matière politique pour mettre à l’abri la liberté bourgeoise. (Marx, L’Indifférence en matière politique, janvier 1873)

FO a été fondée en 1948, au déclenchement de la « guerre froide », par une minorité de l’appareil de la CGT qui avait rompu en 1947 avec l’appui du PS-SFIO, de l’État bourgeois et du syndicalisme américain agissant au compte de sa bourgeoisie, en profitant du rejet par de nombreux travailleurs des pratiques staliniennes dans et hors du syndicat.

La scission a été le fait de menaces planant sur la démocratie et la liberté. (Bothereau, Discours au 1er congrès de FO, 12 avril 1948)

De la Charte d’Amiens de la CGT que Robert Bothereau (secrétaire général de FO en 1948) et Léon Jouhaux (président de FO en 1948) ont brandie pour justifier la scission, ils n’ont conservé que l’arriération antipolitique héritée de l’anarchisme.

Le Congrès affirme l’entière liberté pour le syndiqué, de participer, en dehors du groupement corporatif, à telles formes de lutte correspondant à sa conception philosophique ou politique, se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu’il professe au dehors… (CGT, Charte d’Amiens, octobre 1906)

Par contre, les scissionnistes oubliaient la partie progressiste, clairement révolutionnaire.

La CGT groupe tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat… Dans l’oeuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc. Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’oeuvre du syndicalisme : il prépare l’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste. (CGT, Charte d’Amiens, 1906)

En fait, la bureaucratie confédérale et Jouhaux, alors secrétaire national, avaient piétiné cette partie de la charte en 1914, quand ils embrassèrent l’Union sacrée [voir Révolution communiste n° 8] ; en 1923, quand ils exclurent les syndicalistes lutte de classe ; en 1935, en adhérant au Front populaire qui comprenait le Parti radical ; en 1939, quand ils chassèrent les militants du PCF qui s’opposaient alors à la guerre ; en 1940, quand Jouhaux et Bothereau firent des offres de service au maréchal Pétain…

La CGT tenta de se couler dans le moule du nouveau régime. Ainsi, le Comité confédéral, réuni à Toulouse le 20 juillet 1940, renonça à l’article de ses statuts qui lui assignait l’abolition du salariat et du patronat… Cette reconversion de circonstance ne suffisait pas pour sauver la CGT… Le 19 novembre 1940 intervint le décret qui portait dissolution de la CGT et de la CFTC. (Bergounioux, Force ouvrière, 1975)

En 1947-48, seule la fédération de l’éducation de la CGT, la FEN, refusa la scission et maintint son unité grâce à la tendance École émancipée qui regroupait syndicalistes-révolutionnaires et militants du Parti communiste internationaliste, section française de la 4e Internationale.

Depuis, rien de décisif ne différencie FO des autres boutiques syndicales qui prolifèrent. Les chefs de FO justifient leur existence séparée par le dogme de « l’indépendance vis-à-vis des partis politiques ». Pourtant, cette mystification a reçu dans les années 1960 la caution de l’Union des anarcho-syndicalistes (UAS) et de l’OCI révisionniste du trotskysme (dont proviennent le POID et le POI). Les « lambertistes » ont apporté à FO leur service d’ordre dans les années 11960 et 970. Ils ont construit FO dans l’enseignement en scissionnant la FEN au début des années 1980 (ce qui a préparé la destruction de celle-ci et engendré deux nouvelles centrales : FSU et UNSA). À la cérémonie mortuaire de Pierre Lambert en 2008, trois secrétaires ou anciens secrétaires généraux de FO étaient présents.

Les faits démontrent que des syndicats politiquement « indépendants » n’existent nulle part. Il n’y en a jamais eu. L’expérience et la théorie indiquent qu’il n’y en aura jamais. (Trotsky, Syndicalisme et communisme, 14 octobre 1929)

L’appareil de FO n’est pas indépendant du patronat ni de l’État bourgeois. Comme la CGT, la CFDT, etc. il reçoit des subsides et il siège à chaque fois qu’il en a l’occasion aux organismes de collaboration de classe : Conseil d’orientation des retraites, Conseil économique et social, conseils d’administration des groupes capitalistes, etc.

Il y a un aspect commun dans le développement ou, plus exactement, dans la dégénérescence des organisations syndicales modernes dans le monde entier : c’est leur rapprochement et leur intégration au pouvoir d’État. (Trotsky, Les Syndicats à l’époque de la décadence impérialiste, 1940)