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L’ascenseur social ne s’arrête plus chez les classes populaires

Lien publiée le 6 juillet 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Quel est le poids de la reproduction sociale en France ? Des informations statistiques inédites permettent de quantifier l’influence de l’origine sociale sur le niveau de vie et montrent que l’inégalité des chances passe par le niveau de diplôme.

Lire la note de France Stratégie : http://www.strategie.gouv.fr/publications/nes-meme-etoile-origine-sociale-niveau-de-vie

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Article du Républicain Lorrain

https://www.republicain-lorrain.fr/france-monde/2018/07/06/l-ascenseur-social-ne-s-arrete-plus-chez-les-classes-populaires

Pour réussir dans la vie, mieux vaut naître fils de cadre que fils d’ouvrier. Cette évidence aux allures de brève de comptoir ne reposait pourtant sur aucune mesure sérieuse. Un oubli réparé par France Stratégie, la « boîte à idées » du gouvernement, qui vient de confirmer (et surtout quantifier) le phénomène.

Pour cela, la situation d’environ 80 000 personnes nées entre 1970 et 1984 a été passée au crible. Conclusion ? Bien plus que l’âge, le sexe ou même l’origine migratoire, c’est l’origine sociale qui pèse le plus dans la balance. Enfants de cadres supérieurs ou de chefs d’entreprise sont surreprésentés parmi les personnes disposant du niveau de vie le plus élevé. À l’autre extrémité du spectre, les enfants d’ouvriers le sont chez les plus pauvres.

Dit autrement : l’ascenseur social français est en panne. Une situation paradoxale, dans la mesure où les niveaux d’inégalités de revenus sont plus faibles en France que dans beaucoup d’autres pays comparables, du fait d’un système social et fiscal qui favorise la redistribution.

Les fils et filles d’ouvriers représentent 40 % de l’échantillon étudié. Dans un monde où l’égalité des chances serait parfaite, ils devraient donc se retrouver dans la même proportion à tous les niveaux de revenus. Évidemment, c’est loin d’être le cas. Parmi les 10 % les plus pauvres de la population, 60 % sont des enfants d’ouvriers. Et parmi les 10 % les plus riches, ils ne représentent que 18 % des effectifs.

Inversement, les enfants de cadres supérieurs comptent pour plus d’un tiers des Français les plus riches. Et « si vous êtes enfant de médecin ou d’avocat, vous avez une chance sur deux de figurer parmi les catégories les plus aisées. Si vous êtes fils de professeur, c’est une sur cinq », précise encore Clément Dherbécourt, l’expert de France Stratégie à l’origine de l’étude.

Six générations pour gagner le revenu moyen

La France, pays de l’inégalité des chances ? Le diagnostic était déjà posé. Le mois dernier, l’OCDE avait même publié une étude sur la mobilité sociale accablante pour la France : il faut six générations pour qu’un enfant de famille pauvre parvienne à gagner le revenu moyen.

Un chiffre qui place la France (tout comme l’Allemagne) dans le peloton des pays les plus inégalitaires. Même les États-Unis, souvent montrés du doigt comme le pays des inégalités sociales, font mieux, les champions restant les pays scandinaves.

Mais constater la panne ne revient pas à la comprendre : à elle seule, l’origine sociale n’explique pas tout.

L’étude s’est donc penchée sur d’autres facteurs, pour découvrir que le niveau de diplôme joue un rôle déterminant dans le niveau de vie des individus. « L’ascenseur social passe par l’éducation. Or l’accès au diplôme dépend beaucoup du milieu social d’origine », décrypte Fabrice Lenglart, commissaire général adjoint de France Stratégie. Sans compter le poids de l’« homogamie sociale » : les individus ont tendance à se mettre en couple avec des personnes du même milieu social, accentuant encore les disparités.

Jean-Michel LAHIRE