Ca n’est pas la première fois que je participe à la construction d’une liste de candidats, et je veux commencer par dire que oui, ça se passe plutôt -beaucoup- mieux à la FI qu’ailleurs.
Mais soyons clair, cette liste n’est pas la bonne. Non pas en raison, à une ou deux exceptions près, des candidats qui y figurent mais de ceux qui n’y sont pas.
Je m’explique : construire une liste politique, c’est envoyer un message au pays, décrire une démarche, affirmer des valeurs, des idéaux, défendre des positions, une cohérence pour in fine, provoquer l’adhésion du pays à cette démarche.
Cette démarche passe par des noms, et derrière chacun de ces noms, un sens politique, le tout devant faire cohérence.
Premier désaccord, que j’ai expliqué en séance lors des travaux du comité : quel sens donner à la présence d’un des militants les plus actifs, les plus vindicatifs et les plus intransigeants du OUI en 2005 en position N°7, c’est-à-dire potentiellement éligible ? Que fait-il même sur la liste tout court ?
Militant de la première heure, contre Maastricht au sein même du PS, co-auteur d’un livre avec Max Gallo sur la question en 1992, je ne comprends pas le message.
Ce seul élément suffit à mériter mon NON, dans la cohérence de mon Non à Maastricht et de mon NON de 2005.
C’est tout pour les présents, avec peut être une mention passable pour le candidat N°6, venu de la droite libérale, dont on acceptera -avec méfiance- de lui faire le crédit de sa conversion récente et sincère au marxisme.
C’est tout pour les présents. Je ne fais pas partie de ceux qui partagent les critiques émises de façon parfois ordurières sur les autres candidat.es
Les absents maintenant, l’absent, le grand absent, la fautive absence : celle de Liem Hoang Ngoc que l’on voulait écarter dès le départ de la présence même de la liste, et qui fût « remonté » in extrémis, hors du « paquet », c’est comme ça que l’on dit, des potentiels éligibles.
Aucun argument contre la candidature de celui, économiste de la FI, co-auteur du programme éco et Europe, un des meilleurs défenseurs de nos positions aussi bien dans les institutions qu’auprès du public.
Aucun argument, sauf un seul : il est conseiller régional en Occitanie. Peu importe que sa valeur ajoutée dans cette institution soit rendue nulle du fait des manoeuvres d’EELV et du PS local, d’ailleurs dénoncées officiellement par toute la FI, empêchant nos élus de s’exrimer.
Peu importe qu’il soit condamné à y faire tapisserie. Peu importe qu’il se soit engagé à démissionner de ce mandat inutile pour se conformer à notre règle légitime de non cumul…
Cette absence de discernement, que j’ai mis en avant, dit, redit et répété à la limite parfois de l’exaspération de mes camarades du Comité, cette telle persistance dans l’erreur démontre à elle seule la nature politicarde de l’argument. Il fallait l’écarter.
La question c’est : pourquoi ?
J’ai mon idée la dessus, et bien sûr comme toute opinion elle ne prétend pas être indiscutable. Au moment où la FI (dont les Socialistes Insoumis et Liem Honag Ngoc ont contribué à fonder l’existence dès le départ) fait les yeux doux aux socialistes européistes, le choix a été fait d’écarter celui qui, par l’excellence de ses travaux a réussi à crédibiliser la stratégie de l’articulation plan A/ plan B.
CQFD : il n’y a plus aussi clairement de stratégie plan A/ plan B. La présence assumée sur la liste d’européistes zélés quasiment en lieu et place de celui, écarté, qui a chiffré cette stratégie trahit sans trop se cacher cette volonté.
On a pas « viré Liem Hoang Ngoc», on a viré la stratégie de l’articulation Plan A/ Plan B, qui devait être au cœur de la démarche politique de cette liste.
Pour cette raison, comme en 1992, comme en 2005 je vote NON.
Olivier Spinelli, Socialiste insoumis,
membre du comité électoral FI.
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