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Nicaragua: dans la ville rebelle de Masaya "la terreur a vidé les rues"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(France 24) Des paramilitaires nicaraguayens ont repris le contrôle, mercredi, de Masaya, épicentre de la contestation qui dure depuis trois mois contre le président Ortega. Notre reporter décrit un quartier terrifié par cette chasse aux insurgés.
Au terme de violents affrontements, les forces fidèles au président du Nicaragua, Daniel Ortega, ont repris fermement, mercredi 19 juillet, le contrôle de la ville de Masaya, bastion de l'opposition, s'attirant les condamnations de la communauté internationale. La correspondante de France 24, Laurence Cuvillier, en contact avec des habitants de Masaya, décrit une ville terrifiée.
"La terreur a vidé les rues de la ville. Selon plusieurs témoignages, les groupes paramilitaires ont instauré une véritable chasse aux insurgés, maison par maison" explique-t-elle. "Il y aurait eu plusieurs cas de torture pour forcer les habitants à dénoncer ceux qui ont tenu tête au régime ortéguiste sur les barricades depuis avril dernier".
Selon une ONG, quelque 200 habitants de Masaya ont dû fuir la ville mercredi, poursuivis par les forces progouvernementales. "En ce moment, ces personnes qui s'étaient réfugiées [dans les environs de Masaya] sont en train d'être pourchassées par la police et les paramilitaires qui utilisent des chiens pour les traquer", a déclaré le dirigeant de l'Association nicaraguayenne des droits de l'Homme (ANPDH) Alvaro Leiva.
Durant plusieurs heures mardi, les habitants du quartier indigène de Monimbo ont tenté de résister derrière leurs abris avec des pierres et des mortiers artisanaux.
Le bilan des affrontements à Masaya, ville de 100 000 habitants située à une trentaine de kilomètres de la capitale Managua était loin d'être clair. Le Centre nicaraguayen des droits de l'Homme (Cenidh) faisait était de deux morts, tandis que le gouvernement ne parlait que d'un policier tué. Une habitante a assuré à l'AFP qu'il s'agissait d'un "massacre", alors que, selon un paramilitaire, personne n'a été tué.
Une "victoire sur les forces diaboliques"
Le couple Ortega s’est félicité de la reprise de ce bastion d’opposition. "Nous proclamons notre victoire, notre avance sur ces forces obscures, diaboliques, qui pendant trois mois ont frappé et confisqué la paix", a déclaré aux médias officiels Rosario Murillo, vice-présidente du Nicaragua et épouse de Daniel Ortega.
Un mouvement de protestation, dont les étudiants sont le fer de lance, a été lancé le 18 avril contre le gouvernement de Daniel Ortega, un ex-guérillero de 72 ans, à la tête du Nicaragua depuis 2007 après l'avoir déjà dirigé de 1979 à 1990.
Il est accusé d'avoir mis en place avec son épouse Rosario Murillo, une "dictature" marquée par la corruption et le népotisme. Ses adversaires demandent des élections anticipées ou son départ.
L'incursion à Masaya, qui intervient deux jours avant le 39e anniversaire de la révolution sandiniste, est un pied de nez à la communauté internationale, qui a intensifié ces derniers jours les appels à la fin de la répression.