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Ultradroite : les confidences du fondateur du groupuscule AFO

Lien publiée le 1 août 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.leparisien.fr/faits-divers/ultradroite-les-confidences-du-fondateur-du-groupuscule-afo-31-07-2018-7839537.php

Pour la première fois, le leader du groupuscule AFO, soupçonné par l’antiterrorisme d’avoir fomenté des attentats contre des cibles musulmanes, s’exprime. Mis en examen sous contrôle judiciaire, Guy Sibra se défend de tout projet d’action violente.

Guy Sibra est un homme libre mais sous haute surveillance. Mis en examen le 27 juin pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » dans l’affaire du démantèlement du groupuscule Action des forces opérationnelles (AFO), cet ancien policier de 65 ans a vu sa remise en liberté confirmée par la chambre de l’instruction jeudi dernier. Au grand dam du parquet de Paris, qui avait réclamé son placement en détention provisoire.

Soupçonné d’avoir dirigé une cellule d’ultradroite islamophobe, aux côtés de douze autres membres également mis en examen, il livre sa version des faits. Cet homme « en colère » est hébergé dans les Hauts-de-France, loin de son domicile en Charente-Maritime, et a l’interdiction d’entrer en contact avec les autres acteurs du dossier, dont son épouse.

Pourquoi acceptez-vous de vous exprimer aujourd’hui ?

GUY SIBRA. Puisque Alexandre Benalla a eu un droit de réponse dans son affaire, je me donne aussi la possibilité par votre journal de taire tous les fantasmes. J’ai subi injustement 96 heures de garde à vue à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), passé deux jours à Fleury-Mérogis avant que le juge des libertés, puis la chambre de l’instruction, constatent que, dans le dossier AFO, les services de renseignement ont essayé de me faire passer pour un terroriste que je ne suis pas.

Vous restez toutefois mis en examen. Qu’est-ce que l’AFO exactement et pourquoi l’avez-vous fondée ?

Une mise en examen ne signifie pas culpabilité. L’AFO, ce n’est pas un groupe d’ultradroite. J’ai fondé ce rassemblement le 8 octobre 2017 après notre séparation avec les Volontaires pour la France, qui voulaient faire plus de politique. Nous, notre objectif, c’est de rassembler des gens de tous bords et toutes confessions pour des formations pratiques : nous formons nos membres à se défendre via des stages de survivalisme ou de premiers secours, comme apprendre à faire un feu de camp ou poser un garrot, en vue d’événements que nous ne maîtrisons pas.

Lesquels ?

Il y a le terrorisme, bien sûr, mais aussi les guérillas urbaines, les attaques à domicile… Sur l’attentat de la promenade des Anglais à Nice, pensez-vous que les victimes s’y étaient préparées ? Contrairement à ce qui a été écrit, nous ne cherchons pas la confrontation. Nous nous préparons à nous défendre et à nous entraider dans une démarche humanitaire. Certains d’entre nous sont juste des personnes isolées qui ont peur ! L’AFO aurait pu s’appeler sécurité civile, mais le nom était déjà pris !

Qui compose l’AFO ?

Comme je l’ai dit à la juge d’instruction, nous sommes un certain nombre de membres sur toute la France dont je tairai le nombre, mais il n’est pas ridicule. Nous avons des mélenchonistes, des centristes, des juifs, des chrétiens, des musulmans et même un imam ! Nous ne sommes pas islamophobes. La plupart d’entre nous sont des retraités de la police, de la gendarmerie ou de l’armée. J’ai moi-même terminé ma carrière en tant que major de police en 2004. J’ai exercé de longues années à Marseille et en région parisienne, sans jamais violer la loi ou la déontologie. Mon casier judiciaire est vierge. Vous croyez vraiment qu’à 65 ans, avec mon insuffisance cardiaque et respiratoire, je vais prendre les armes et tuer des gens ?

Comment expliquez-vous alors les 36 armes retrouvées en perquisition chez les membres de l’AFO ?

D’après ce que je sais de la procédure, la majorité des armes retrouvées sont des fusils de chasse ou une carabine 9 mm à moineaux. Certaines sont dites détenues illégalement, mais c’est juste parce que leurs propriétaires ont oublié de faire une déclaration car se sont des antiquités ! Les pistolets, ce sont surtout des armes utilisées pour des tirs sportifs. Quant aux grenades à plâtre, ce sont de vieilles reliques de service militaire. D’ailleurs, comme leur nom l’indique, elles sont inoffensives à moins de se les faire exploser sous le nez. Lors de la perquisition à mon domicile, les enquêteurs m’ont reproché d’être en possession de documents de formations militaires. Mais ils sont issus de bouquins vieux de quarante ans ou trouvés sur Internet !

La DGSI a néanmoins retrouvé un laboratoire d’explosif chez un de vos membres dans les Yvelines…

Je ne l’explique pas car je ne connais pas cet individu. Il est de la région parisienne et dépend du responsable du secteur. Depuis ma mise en examen, il m’est impossible pour moi de me renseigner pour comprendre pourquoi cet homme avait ce laboratoire chez lui. Je ne connais pas tous nos membres éparpillés sur l’ensemble de la France ! Sur les douze mis en examen, je n’en connais que deux : ma compagne, Marie, et Dominique Compain, qui était mon bras droit. J’ai seulement croisé de vue à des réunions deux ou trois autres membres mis en cause mais c’est tout. Notre rassemblement est autonome et cloisonné.

Votre groupuscule a-t-il pu accueillir des membres virulents malgré vous ?

Nous essayons au maximum de contrôler nos adhérents. Ma compagne qui s’occupait du site Réveil Patriote faisait un premier filtre dans les inscriptions en tapant leur nom sur les réseaux sociaux, puis Dominique Compain faisait passer des entretiens téléphoniques. Mais nous ne sommes pas dans la tête des gens pour savoir ce qu’ils préparent réellement ! Les excités du bulbe, avec des délires d’attentat, nous essayons de les virer systématiquement.

L’AFO est soupçonné de plusieurs projets d’attentats contre des cibles liées à l’islam. Que répondez-vous ?

S’il est avéré que certains membres de l’AFO ont élaboré des projets d’attentat, j’estime qu’ils ont un problème au cerveau. Stratégiquement, c’est débile car ce serait utiliser les méthodes des terroristes islamistes. Et c’est contre-productif car qui pourrait cautionner de tels actes ? Les Français ne se sont pas soulevés après les attentats du Bataclan, de Nice, de l’église à Saint-Étienne-du-Rouvray, que je sache. Comme je l’ai dit à la chambre de l’instruction, je condamne toute action violente.

Quant aux projets évoqués, cela me semble irréalisable. Dans les cibles, la juge m’a parlé de 100 à 150 imams radicaux. Mais avec quels moyens ? Tout comme cela me paraît stupide qu’on nous prête des intentions de s’attaquer à des femmes voilées au hasard dans la rue. On nous a dit aussi qu’on voudrait empoisonner de la nourriture halal. Mais, là encore, comment et dans quel but ? C’est aussi ridicule que ceux qui veulent balancer du porc devant les mosquées.

«La menace devait être neutralisée», selon les enquêteurs

« Certes, Guy Sibra ne semble pas directement impliqué dans les projets d’attentat. Mais il n’en reste pas moins le leader d’un groupe dont certains membres virulents élaboraient des actions violentes. La menace devait être neutralisée. » Telle était la réaction, ce mardi soir, d’une source très proche de l’enquête après les propos tenus par le fondateur du groupuscule AFO dans nos colonnes. Les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) se refusent à sous-estimer le risque que faisait peser le réseau d’ultradroite sur la France. Au moins deux suspects ont reconnu des velléités de passages à l’acte lors de leur garde à vue. Et sur les treize membres mis en examen, quatre -les profils les plus dangereux- ont été placés en détention provisoire.

Il y a, parmi eux, Daniel R. Cet ancien militaire de 31 ans, benjamin du groupe, est soupçonné d’avoir abrité un petit laboratoire d’explosif clandestin à son domicile des Yvelines. Des éléments entrant dans la confection du TATP -une substance explosive instable prisée des djihadistes- ont par ailleurs été saisis chez lui : eau oxygénée, acétone… Ainsi qu’une grenade artisanale. D’autres membres ont été aperçus s’entraînant à la grenade dans une forêt de Bourgogne, ou ont été repérés alors qu’ils cherchaient à se procurer des armes. Si tout le monde ne semblait pas avoir connaissance des projets d’attentats, de nombreuses cibles ont été évoquées dans le cadre de discussions : détenus condamnés pour terrorisme islamiste, imams radicaux ou encore rappeur -aux propos polémiques…