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Nicaragua. Un examen de la situation en date du 1er août 2018

Nicaragua

Lien publiée le 4 août 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://alencontre.org/ameriques/amelat/nicaragua/nicaragua-un-examen-de-la-situation-en-date-du-1er-aout-2018.html

Texte en provenance de Managua

1.- Selon la Banque centrale du Nicaragua (BCN), entre le 31 mars 2018 et le 26 juillet 2018, le total des dépôts dans les banques privées a diminué de 844,2 millions de dollars étatsuniens, au 26 juillet 2018. En d’autres termes, les dépôts ont reculé de quatre ans (2014).

2.- Les dépôts n’ont pas été les seuls touchés par la crise sociopolitique. Pour l’instant, il n’y a pas de crédits, ce qui signifie que l’activité économique est touchée, dans tous les secteurs pratiquement.

3.- La Fondation nicaraguayenne pour le développement économique et social (FUNIDES) prévoit que le PIB pour 2018 sera de 0,03 %. D’autres pensent que le PIB sera en terrain négatif.

4.- Le gouvernement Ortega-Murillo court le risque de perdre sa plus grande source de financement. Face à la violation croissante des droits de l’homme, le gouvernement risque de perdre le financement des organisations multilatérales (Banque mondiale et Banque interaméricaine de développement – BID) ont averti les agences de notation Moody’s et Standard & Poor’s (S&P). Elles prévoient une augmentation de la dette publique dans les années à venir.

5.- Selon la Banque centrale du Nicaragua (BCN), 70 % du financement extérieur du gouvernement provient de la Banque mondiale et de la BID. Le blocage de l’accès à ce financement se traduirait par un ralentissement de la «croissance» économique, ce qui exercerait une pression sur les liquidités en devises du pays.

6.- La Banque centrale du Nicaragua déclare qu’entre le 1er janvier et le 31 mai 2018, le Venezuela a vendu au Nicaragua pour 36,09 millions de dollars en pétrole, carburants et autres dérivés; somme inférieure aux 82,84 millions de dollars en 2017pour la même période. Entre janvier et mai 2014, les importations de pétrole du Venezuela ont représenté 451,78 millions de dollars américains.

7.- L’Organisation des Etats américains (OEA) se réunira en session extraordinaire le 2 août pour discuter d’un projet de résolution qui crée une «Commission spéciale» pour contribuer à des solutions pacifiques et durables à la crise sociopolitique au Nicaragua. De cette façon, l’OEA augmente la pression internationale pour qu’Ortega accepte la voie à suivre lors des élections pour résoudre la crise.

8.- Le texte disponible sur le site Web de l’OEA indique que «la commission spéciale pour le Nicaragua contribuera au processus de dialogue national, y compris des mesures d’appui, de suivi et de vérification en coordination avec les efforts en cours de l’Organisation et d’autres acteurs internationaux.»

9.- Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), après 105 jours de violence causée par la répression gouvernementale, plus de 23’000 Nicaraguayens ont fui au Costa Rica, sans mentionner d’autres pays (Honduras, Guatemala, Panama, Etats-Unis, Espagne, etc.).

10.- Le gouvernement Ortega-Murillo est devenu un obstacle à la stabilité économique et politique dans la région de l’Amérique centrale. En même temps, il est à l’origine du chaos humanitaire imminent au Nicaragua avec des répercussions dans la région.

11.- Les saisies de terres dans différentes parties du pays ont été dénoncées comme un mécanisme de répression contre les entrepreneurs privés. Les invasions de terres ont déjà touché 30 propriétaires fonciers dans différentes parties du pays. Début juillet, l’Union des producteurs agricoles du Nicaragua estimait que quelque 5500 «manzanas» [une manzana= 7000 m²] avaient été affectés par l’accaparement des terres par les partisans du parti au pouvoir.

12.- Le gouvernement Ortega-Murillo a encouragé la confiscation de terres avec un double objectif : d’une part, étayer sa base sociale en leur donnant la propriété d’autres personnes, et d’autre part, punir les entrepreneurs agricoles (anciens alliés) qui le mettent en question. C’est une revanche politique contre les hommes d’affaires qui ont pris position contre le gouvernement.

13.- Le gouvernement d’Ortega-Murillo a décidé de ne pas donner les garanties d’exemptions aux hommes d’affaires pour sortir des douanes les produits importés. Les entrepreneurs devront payer des impôts et, en fin de compte, ces coûts seront répercutés sur les consommateurs.

14.- En plus d’affecter la population avec l’augmentation des prix des produits de base du panier alimentaire, la mesure réduira la compétitivité d’un élément de base d’exportation du pays et, compte tenu de la crise, de nombreuses entreprises devront peut-être fermer, ce qui va impliquer une hausse du chômage.

15.- Jusqu’à présent, Ortega a montré qu’il ne négociera pas son départ ou des élections anticipées. Jusqu’à présent, Ortega n’a apparemment pas accordé d’importance aux communiqués de condamnation internationale, au dialogue national, aux marches, aux grèves, aux piquets de protestation, etc.

16. – Avec les actions des paramilitaires et la répression tous azimuts, Ortega a réussi à récupérer des territoires, à détruire les barrages et à mettre le mouvement social sur la défensive.

17.- En ce qui concerne les paramilitaires, le gouvernement a énoncé quatre versions différentes: 1° il s’agit de groupes financés par les partis d’opposition; 2° ils sont financés et formés par les États-Unis; 3° ce sont des policiers volontaires; 4° ce sont des citoyens qui se sont défendus contre les attaques des manifestants. Néanmoins, toute la population sait que ces paramilitaires sont placés sous le commandement, de facto, du gouvernement, qu’ils travaillent avec la police et qu’ils jouissent de l’impunité accordée par le pouvoir.

18.- Humberto Ortega, frère de Daniel Ortega, a déclaré que le gouvernement est «le «principal responsable»  de la répression contre les Nicaraguayens. Dans des déclarations à CNN, il s’est prononcé pour mettre fin aux paramilitaires. «Le gouvernement ne peut légitimer des forces armées irrégulières et l’armée nicaraguayenne ne peut tolérer cette situation», a déclaré Humberto Ortega. Pour ce dernier, il est impératif que le but du dialogue consiste à «anticiper la date des élections» [selon le calendrier officiel elles devraient se tenir en 2021], ce que son frère rejette.

19.- La campagne de persécution et de harcèlement des médias par le gouvernement depuis le mois d’avril ne cesse de s’accroître. A part Canal10, la campagne contre Canal 100% Noticias et son personnel est maintenue. D’autres médias, comme El Nuevo Diario, ont été assiégés par des fanatiques du gouvernement et de nombreux correspondants du quotidien La Prensa sont victimes de persécutions de la part de paramilitaires et de fonctionnaires du gouvernement.

20.- En date du 25 juillet, l’Association nicaraguayenne pour les droits de l’homme (ANPDH) affirme qu’au moins 448 personnes ont été victimes de la répression, mais Ortega n’admet que 195 morts.

21.- Chaque jour, le nombre de personnes accusées de terrorisme par le gouvernement augmente. A ce jour, 185 personnes ont été jugées pour avoir simplement exercé leur droit constitutionnel de protester contre le gouvernement. Ce chiffre peut être plus élevé parce que les juges n’autorisent l’exercice d’une défense propre par des avocats, de sorte que le nombre des «cas jugés» n’est pas connu publiquement.

22.- Depuis le lundi 30 juillet, le gouvernement Ortega-Murillo a entamé le licenciement arbitraire et massif de travailleurs du secteur de la santé (médecins, infirmières, techniciens, etc.), soit ceux et celles qui n’ont pas cédé aux ordres gouvernementaux de ne pas soigner les blessés arrivés dans les hôpitaux des différentes villes du pays. A ce jour, le 1er août, plus de 100 travailleurs de la santé ont été licenciés dans les hôpitaux des villes de Leon, Jinotepe et Masaya.

23.- En d’autres termes, le système de santé public expulse des professionnels hautement spécialisés et refuse ainsi des soins de qualité aux pauvres, malgré l’obligation  constitutionnelle de l’Etat de garantir la santé des citoyens.

24.- L’absence d’une direction politique unifiée a créé une certaine confusion au sein de la population quant au déroulement de la lutte contre le gouvernement Ortega-Murillo. Cependant, le mouvement socio-politique reste résilient, comme en témoignent les diverses manifestations qui se sont déroulées dans différentes villes.

25.- La stratégie d’Ortega vise trois directions: 1° maintenir la répression pour désarmer la protestation sociale; c’est-à-dire maintenir la «phase des escadrons pinochétistes» propres aux actions des paramilitaires; 2° mettre fin à l’Alliance Civique pour la Justice et la Démocratie (ACJD) en ouvrant des procédures judiciaires contre certains de ses membres et contre les leaders politiques historiques; 3° tenter de diviser la résistance en négociant des réformes cosmétiques avec les partis politiques, en essayant de tromper la communauté internationale en lui faisant croire qu’Ortega-Murrilo ont adopté la voie démocratique. Tout cela a permis à Ortega de maintenir son intransigeance et de ne rien négocier.

26.- A ce jour, la population aux cours des diverses mobilisations continue d’exiger des élections anticipées et le départ du gouvernement Ortega-Murillo. En même temps, elle demande une grève générale de plusieurs jours. Elle vise a bloquer les routes principales pour rendre difficile la circulation des véhicules. Elle veut stimuler des mobilisations mobiles départementales échelonnées (dans un endroit un jour, dans un autre, le jour suivant) pour éviter la répression. (Managua, 1er août 2018; traduction A l’Encontre)