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Victoire des cheminots à Sotteville après 54 jours de grève

SNCF

Lien publiée le 11 août 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.revolutionpermanente.fr/Interview-Victoire-des-cheminots-a-Sotteville-apres-54-jours-de-greve

Après 54 jours de grève, les conducteurs de Sotteville ont fait plier une direction qui se croyait toute-puissante après trois mois de bataille du rail. La direction a joué le pourrissement, mais les grévistes ont démontré que la lutte et la détermination paient ! Révolution Permanente a interviewé Stéphane Simon et Stéphane Lachèvre, deux des grévistes qui ont voulu partager leur expérience avec nos lecteurs.

Révolution Permanente : Cela fait plus de 50 jours que vous avez démarré une grève localement avec les collègues conducteurs (CRML) de Sotteville, est-ce que vous pouvez nous expliquer les raisons de votre grève ?

Grévistes : Le conflit a débuté avec la modification de nos roulements en juin. La direction, nous croyant épuisés par la grève nationale qui avait duré plus de trois mois, a lancé une forte attaque pour augmenter notre productivité. En parallèle nous avons appris qu’elle dénonçait 8 accords locaux ,dont certains impactaient fortement notre rémunération (- 10% de salaire par mois !). Nous avons rapidement informé nos collègues qui nous ont demandé de partir en grève reconductible le plus vite possible. Il était clairement impensable de continuer à travailler face à de telles attaques.

RP : Selon vous, qu’est-ce qui a permis, 54 jours après le début de votre mouvement local, d’arriver à faire plier la direction et obtenir cette victoire éclatante ?

Grévistes : Tout d’abord une forte cohésion entre les grévistes : 100% de l’effectif était dans la lutte. Ensuite, une équipe militante expérimentée qui a mis en place dès le début du conflit des pratiques démocratiques basées sur une assemblée générale souveraine journalière. Et aussi une très forte détermination face à une direction capable de tous les mauvais coups (notamment appel à du personnel jaune d’autres sites) et refusant toute discussion réelle pendant plusieurs semaines.

Rapidement l’attitude de fermeté calquée sur celle du gouvernement… nous a fait comprendre que nous partions sur un conflit long et hors norme. Nous avons alors décidé d’appeler à la solidarité ouvrière, même si certains doutaient que ce soit suivi d’effet avec les temps qui courent en Macronie… Mais ils se sont trompés car la solidarité, on peut l’affirmer aujourd’hui, reste une valeur qui dépasse bien le chemin de fer. Notre « cagnotte », véritable trésor de guerre, a été un élément déterminant face à la stratégie de pourrissement mise en place par la direction.

Un des autres éléments déterminants, c’est la spécificité de notre trafic qui est en majorité basée sur l’activité céréalière. Les silos ne sont pas encore vides par rapport à la campagne céréalière 2017 et les agriculteurs moissonnent depuis quelques semaines, donc nous pensons que les céréaliers ont fait pression sur la SNCF.

RP : Quel est le lien que vous pouvez faire avec la situation actuelle au sein de la SNCF, la grève contre le pacte ferroviaire et les conséquences pour l’ensemble des cheminots ? Comment voyez-vous l’avenir des cheminots dans la prochaine période ?

Grévistes : L’attaque que nous avons subie est en lien direct avec la grève nationale, nous faisons juste partie de la 1ère vague d’attaques que la direction compte mener établissement par établissement, secteur par secteur. Il y a fort à parier que les attaques, sur les accords locaux notamment, se multiplient un peu partout dans l’entreprise. Dans ce cadre, il nous paraissait impératif de résister pour enrayer la machine infernale de casse mise en place par le gouvernement et la direction de l’entreprise.

Pour l’avenir, il est à espérer que nous ne soyons qu’au début d’un vaste mouvement de contestation face à une politique globale en tout point déplorable, qui dépasse complétement le cadre de la SNCF. Une grève générale est à souhaiter pour stopper la casse des acquis sociaux de l’ensemble des travailleurs en France.

RP : Que pourriez-vous dire à ceux qui se battent ailleurs qu’à la SNCF ?

Grévistes : Tout au long du conflit, nous n’avons cessé de penser aux copains postiers du 92 dont le nombre de jours de grève est bien supérieur au nôtre. Mais également à la situation du personnel hospitalier, notamment au Havre où les grévistes ont campé sur le toit de leur établissement plus de 15 jours, en plein cagnard, pour obtenir satisfaction. Le nombre de conflits semble immense bien que peu visible dans les médias. Il nous faut continuer à lutter, en premier lieu pour le respect, car au vu du pouvoir nous ne sommes plus rien… Sauf, n’en déplaise à ces grands seigneurs « en marche », lorsque nous nous arrêtons de travailler « bah » ils s’aperçoivent que sans nous la machine à billets s’arrête ! 
Donc continuez à lutter car lutter c’est vivre !