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    Italie: communiqué du PCL après l’effondrement du pont de Gênes

    Italie

    Lien publiée le 21 août 2018

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Traduction du communiqué du PCL daté du 15 août.

    http://www.pclavoratori.it/files/index.php?obj=NEWS&oid=5997

    Gênes : la vie et le profit

    De quoi nous parle l’effondrement du pont 

    L’effondrement du pont de Gênes n’est pas un triste accident. La seule malchance c’est celle qui concerne chaque victime de cette tragédie. La chute de Gênes  c’est l'indicateur de la dégradation générale qui affecte les ouvrages publics en Italie (et pas seulement) attribués au secteur privé. Il s’agit d’un des réflexes de la société capitaliste, où ces sont les profites qui prévalent, pas la vie.

    Vingt-sept concessionnaires, Autoroutes pour l’Italie (Autostrade per l’Italia, Aspi) en tête, gèrent le réseau autoroutier. La grande famille Benetton, à travers le contrôle d'Atlantia, détient le contrôle d'Aspi. Ses profits ont grimpé au cours des années, grâce à l’augmentation du prix des péages : rien qu'en 2017, elle a réalisé 2,4 milliards d’euros de bénéfices sur 3,9 milliards des recettes totales.

    Un taux de profit supérieur à 50 % ! Cependant, en même temps, les investissement d'Aspi en Italie ont chuté (de 718 à 556 millions), et des milliers d’emplois (de préposés au péage) ont été détruits. Mais le groupe Atlantia réalise ses affaires à travers le monde : avec le même argent économisé sur la manutention et accumulé avec les péages, il a acheté l’aéroport de Nice, la société de contrôle des autoroutes espagnoles (Albertis) et une partie du groupe sociétaire qui gère l’Eurotunnel. D'excellentes affaires privées, octroyées par les pouvoirs publics.

    Octroyées

    L’État pourrait profiter de la gestion publique des autoroutes en termes des ressources importantes à investir par exemple dans la manutention ; au contraire, il a privatisé le réseau autoroutier il y a désormais vingt ans, afin d'offrir au secteur privé un très gros gâteau. Le centre gauche de gouvernement a été l'auteur de l’opération ; ce n’est pas par hasard que la famille Benetton était et reste toujours à l’heure actuelle parmi ses soutiens traditionnels.  

    Mais pas uniquement

    L’État a assuré à la famille Benetton et à tous les concessionnaires privés des accords secrets, c'est-à-dire des accords cachés au public et à son contrôle, sans que personne ne crie au scandale. Il a renoncé à gérer en propre toute l’activité de monitorage relative à la tenue du réseau autoroutier, en la donnant totalement en gestion au secteur privé, qui l’a considérée comme partie intégrante de la concession. En fait, ni les collectivités locales ni l’État n'interviennent de ce côté avec leurs propres techniciens et spécialistes. Les seuls techniciens sont ceux payés par Autostrade per l’Italia. Ainsi, l’État a mis les vies dans les mains du profit en termes strictement techniques, pas seulement économiques. L'effondrement de Gênes nous parle aussi de cela.

    Après la tragédie, toute la presse nationale se plaint, comme toujours. CorriereRepubblicaLa Stampa, même Il Sole 24 ore, tous champions des privatisations au nom du libre marché et du progrès, versent des larmes de crocodile. « Tous savaient » (Corriere), « état de dégradation dans nos ouvrages publics » (La Repubblica), « urgent plan de monitorage national » (Il Sole). Mais où étaient tous ces gardiens de l’intérêt public quand les gouvernements qu'ils soutenaient donnaient les autoroutes en gestion aux Benetton ? Du côté des Benetton, naturellement, comme de tous les grands actionnaires.

    Si aujourd’hui ils jouent les éplorés et les indignés, c’est seulement car ils doivent vendre, en concurrence qu'ils sont sur le marché de l'information. Car l’information, comme tout le reste, constitue un marché dans la société bourgeoise.

    Pas moins hypocrites sont les dirigeants du nouveau gouvernement jaune-vert

    Salvini (ministre de l'Intérieur, Ligue du nord), Toninelli (ministre des Transports et Infrastructures, Mouvement 5 étoiles), Conte (président du Conseil des ministres) sont allés jusqu'à promettre la punition des coupables, la révocation des concessions à Autostrade. Toninelli parle d'un « grand plan de monitorage et de manutention de l'entièreté du patrimoine national public. »

    Bien, bravo, bis ! Le même Mouvement 5 étoiles qui en 2013 défendait la maintien d'Autostrade et disait que « le pont Morandi durera encore cent ans » parle maintenant du retrait de la concession à Autostrade parce qu'elle est indigne de confiance. Possible. Dire tout et son contraire pour gagner plus de voix, c’est depuis toujours la politique de Grillismo (fondateur du Mouvement 5 étoiles).

    Mais qu'en est-il du « grand plan » de Toninelli ? Pour un grand plan comme celui qu'il promet, il faut plusieurs centaines de milliards d'euros. Peuvent-ils les trouver, ceux qui s’engagent à concéder aux grandes fortunes le cadeau fiscal le plus grand de l’après-guerre avec la flat tax (taux unique d'imposition, mettant fin à la progressivité de l'impôt) ?

    Pis, le jour-même où l'ex-gendarme Toninelle proclamait sur les chaînes nationales son plan, le secrétaire d'État Stefano Buffagni, figure émergente du Mouvement 5 étoiles, promettait solonemment au journal de la Confindustria (MEDEF italien) que « l'Italie ne trahira pas les créditeurs. » Il ajoutait le 15 août à Il Sole 24 Ore : « ce gouvernement n'a aucune intention d'écarter les engagements pris avec les créditeurs du pays. » Il revendique avec fierté l'excédent budgétaire le meilleur d'Europe. Mais cet excédent budgétaire le meilleur d'Europe est mesuré en prenant en compte l'épargne publique (manutention incluse) et le paiement des intérêts de la dette. Les engagements pris avec les créditeurs consistent à continuer à payer aux banques la dette publique avec des intérêts à taux pleins (de 70 à 80 milliards d'euros par an, qui plus est en augmentation) afin de la réduire progressivement. Comment ? Avec de « nouvelles privatisations » assure la dernière note conjointe des ministres de l'Économie et des Finances, Tria, du Développement économique, Di Maio, et de Salvini, afin de tranquilliser les marchés.

    Est-ce cela le gouvernement du changement ? D’un côté il promet la révocation de la concession aux Benetton avec l'oeil sur les sondages électoraux, de l’autre il assure de nouvelles privatisations pour payer la dette aux banques et détaxer les profits !

    La vérité c’est que tous les gouvernements bourgeois, jaune-vert inclus, administrent les règles du jeu dictées par le profit ; et les règles du profit sont celles qui produisent l’effondrement des ouvrages publics, qui transforment les tremblements de terre en hécatombes, qui causent l’instabilité hydrogéologique de la grande partie du territoire.

    Pour réaliser un vrai tournant il faut renverser la dictature du profit

    Il faut récupérer le contrôle public sur les œuvres sociales, sur la viabilité, sur les moyens de transport. Il faut révoquer toutes les concessions faites au privé (pas seulement aux Benetton) en matière d’autoroutes et de routes. Il faut nationaliser la grande industrie, sans indemnisation et sous contrôle des salarié-es, pour garantir la sécurité publique, investir un grand volume de ressources publiques pour le monitorage, la manutention, la reconstruction d’une bonne partie du réseau autoroutier, en récupérant les moyens de la seule manière possible : en abolissant la dette publique envers les banques, et donc en les nationalisant sous contrôle social, et en imposant une taxation progressive sur les grands patrimoines, profits, rentes, qui ont prospéré durant des décennies sur l’exploitation des salarié-es et sur le saccage du territoire.

    Il s’agit d’un programme exactement opposé à celui de Salvini et Di Maio, comme à celui de tous les gouvernements précédents. C’est un programme que seul un gouvernement de travailleurs-ses, fondé sur leur force et sur leur organisation, pourra réaliser.

    Hors de cette perspective, il n'y a d'espace que pour le mensonge. Et pour les morts.

    (15 août 2018).