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Emirats arabes unis : "Toute la lumière doit être faite dans l’affaire Lila Lamrani"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Emirats arabes unis : « Toute la lumière doit être faite dans l’affaire Lila Lamrani »
Lettre ouverte, Le Monde, le 4 octobre 2018
Tribune. Nous tenons à faire part de notre sentiment d’indignation face au traitement injuste et injustifié infligé à notre collègue Lila Lamrani, chercheuse en philosophie.
Le 19 juillet 2018, Lila Lamrani s’est présentée à Paris à l’audition pour le poste de directrice du département de philosophie et sociologie de Sorbonne université Abou Dhabi (Emirats arabes unis). Elle a été classée première, décision qui a été validée par le conseil d’administration de Sorbonne université Abou Dhabi. Le 29 juillet, elle signait la promesse d’embauche pour trois ans, renouvelables.
Ce faisant, elle renonçait comme le font souvent les enseignants-chercheurs à cette période, aux autres postes qu’elle avait obtenus, en l’occurrence une bourse pour un stage à l’université de la Manouba à Tunis, et un postdoc[torat] à l’université de Fribourg, poste pour lequel elle a été contrainte d’abandonner les démarches.
Sorbonne université Abou Dhabi lui a notifié par un courriel daté du 14 août 2018 que le poste lui était retiré car les démarches administratives auprès des autorités émiraties n’auraient pas abouti, sans autre explication. Devant son insistance pour obtenir de plus amples informations, Eric Fouache, vice-chancelier de Sorbonne université Abou Dhabi, a promis une enquête pour régler la situation, ou, à défaut, lui faire parvenir des explications.
Entre-temps, Lila Lamrani a reçu l’accord pour son visa grâce aux démarches faites par la New York university Abu Dhabi, où son conjoint a obtenu un poste pour la suivre, avec leurs deux enfants, préinscrits dans des établissements scolaires d’Abou Dhabi. Pourtant, le 4 septembre 2018, M. Fouache a confirmé la décision de retirer le poste à Lila Lamrani, sans aucune explication. Cette décision contrevient donc à celle qui a été actée par le conseil d’administration hors de toute démarche régulière. Tout porte à croire qu’elle a été le fruit de pressions extérieures à l’université.
Ne serait-il pas tout à l’honneur de Jean Chambaz, président de Sorbonne Universités, et de M. Fouache de faire la lumière sur cette décision unilatérale plutôt que de l’appuyer par leur silence ? Peut-on accepter ainsi le règne de l’arbitraire dans une université qui brandit fièrement la marque de fabrique française, connue pour la liberté académique, l’égalité de traitement de son personnel, et un recrutement scrupuleux, aveugle aux origines, aux convictions religieuses et politiques ?
Une institution universitaire française peut-elle légitimement se laisser imposer un tri au sein de son personnel élu sans la moindre explication ? N’est-ce pas là une entorse grave à la méritocratie républicaine dont la Sorbonne est censée être l’incarnation en France et à l’étranger ?
Dans un contexte de raréfaction des postes et de compétition acharnée entre enseignants-chercheurs d’excellence, comment accepter l’absence de justification à cette décision alors que Lila Lamrani avait tout préparé pour son expatriation et celle de sa famille ? Comment accepter que Paris se plie à la décision arbitraire d’Abou Dhabi, alors que Sorbonne Universités est seule responsable de la qualité scientifique et du recrutement des enseignants ? Doit-on poursuivre cette coopération au prix de la liberté académique et du respect de l’indépendance universitaire ? La vocation de l’enseignement supérieur français est-elle de former des esprits éclairés ou de contribuer à perpétuer des logiques répressives ?
Ce sont ces mêmes questions que se sont posées les enseignants de la New York University Abou Dhabi, en novembre 2017, lorsque deux des leurs ont connu le même sort en se voyant opposer des refus administratifs non motivés à leur venue. Un grand nombre d’universitaires américains avait alors appelé à un boycott de l’institution d’Abou Dhabi, jusqu’à ce qu’elle cesse de pratiquer ces discriminations, notamment envers les collègues dont les familles sont d’origine iranienne, arabe ou de religion musulmane, ou dont les recherches et les écrits portent sur le Moyen-Orient.
Car la liberté d’enseignement et de recherche ne peut être garantie dans ces conditions. Sorbonne Universités, en tant qu’elle défend ces valeurs et refuse toute discrimination d’ordre sexiste, raciste, religieux ou politique, peut-elle dès lors poursuivre sa coopération universitaire avec des Etats qui ne s’y reconnaissent pas ? Ce n’est qu’à la condition de se prononcer clairement contre ces pratiques et de refuser de s’y soumettre que le nom de la Sorbonne pourra conserver son prestige et son rayonnement international.
Monsieur le président de Sorbonne Universités, Monsieur le vice-chancelier de Sorbonne université Abou Dhabi, nous, enseignants et chercheurs, demandons que la lumière soit faite sur cette affaire et exprimons tout notre soutien à notre collègue Lila Lamrani ainsi qu’à tous nos collègues victimes d’arbitraire et de censure dans leurs activités d’enseignants-chercheurs.
Liste des signataires:




