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Fichage chez FO : Pavageau sur un siège éjectable
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Pavageau s'est fait porter pale... mais pas de bol, le bureau confédéral s'est réuni sans lui !
Cela commence à sentir le roussi pour lui...
La polémique monte après la révélation de l'existence d'un fichier des cadres de Force ouvrière, rédigé par des proches du secrétaire général, élu il y a six mois. Une réunion des dirigeants du syndicat, ce mercredi, pourrait aboutir à son départ.
Cette semaine pourrait bien être décisive pour l’avenir de Pascal Pavageau à la tête de Force ouvrière. Elu secrétaire général du syndicat le 27 avril seulement, le patron est déjà poussé vers la sortie après une affaire de fichage qui fait désordre. Le Canard enchaîné a révélé la semaine dernière l’existence d’un fichier interne répertoriant 126 cadres du syndicat rédigé par des proches de Pavageau, au moment où ce dernier faisait campagne pour prendre la direction de FO. A côté des noms de certains fichés figureraient des commentaires plus que douteux : «ordure», «collabo», «mauvais», «niais», «complètement dingue», «trop intelligent pour entrer au bureau confédéral» ou encore «détourne de l’argent»… La vie amoureuse, ainsi que l’orientation sexuelle ou les opinions politiques des dirigeants des unions départementales et des fédérations y seraient aussi mentionnés.
Pascal Pavageau n’a pas nié l’existence de ce fichier. «Pour moi, c’était un mémo, de l’ordre de la prise de notes, mais je n’avais jamais vu ni avalisé le résultat, qui est truffé d’âneries, de raccourcis», a-il immédiatement répondu à l’hebdomadaire satirique. Avant de concéder dans la foulée une «grave erreur» et une «belle connerie»… Dans un mail adressé mercredi aux responsables de l’organisation, il écrit : «Après enquête, je ne chercherai pas à nier l’existence de ce document.» Pour autant, la faute ne serait pas sienne, mais celle d’une de ses deux collaboratrices proches pour lesquelles il aurait prononcé quelques jours de mis à pied. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) s’est saisie de l’affaire et a effectué un contrôle «sur pièce et sur place» des ordinateurs, vendredi, au siège du syndicat, avenue du Maine, à Paris.
«Impardonnable»
Mais la réaction rapide de Pascal Pavageau n’a pas suffi pour autant à calmer les cadres de l’organisation. Vendredi, déjà, dans un entretien à France Inter, le secrétaire général de la puissante fédération de la métallurgie de FO, Frédéric Homez, avait assuré : «On va lui demander de s’expliquer : pourquoi ce fichier a été fait ? Il doit rendre des comptes.» Avant d’asséner : «La meilleure solution, en fonction de ce qu’il se passe en interne et avec ce fichier qui est impardonnable, c’est que lui prenne de lui-même la décision de démissionner.» Un discours tenu aussi en interne, peu avant le début de la traditionnelle réunion hebdomadaire du bureau confédéral qui devait se tenir ce lundi. La plupart des cadres joints par Libération reconnaissent attendre de voir «comment la situation va évoluer», mais ils souhaitent aussi que Pascal Pavageau prenne ses responsabilités. «C’est un fichier qui a évolué dans le temps. Apparemment, c’est une erreur qui a perduré, puisqu’il existe deux versions du fichier», remarque ironiquement l’un d’entre eux.
L’ancien secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, s’est lui dit «sidéré» par les révélations du Canard enchaîné : «C’est sidérant à la fois sur le principe, constituer un fichier, sans parler des annotations qui y figurent. On me dit que je suis traité d’homophobe, ce qui m’a fait sursauter», a-t-il réagi sur RTL. «Je crois qu’il y a un malaise avec le secrétaire général de FO, mais ça lui appartient […]. Lorsqu’on n’est pas conforme à l’éthique qu’on s’est fixée, il faut partir», a tranché de son côté le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, sur France Info ce lundi. La veille, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, s’était dite «choquée et scandalisée par cette histoire de fichier indigne», sans pour autant aller jusqu’à réclamer la démission de Pascal Pavageau. «Cela ne représente pas le syndicat français […] Cela ne correspond pas à Force ouvrière, qui est un des trois plus grands syndicats en France, a-t-elle réagi. Je peux travailler avec FO mais pas avec des méthodes comme ça.»
«Arrêt maladie»
Une autre réunion, cruciale et plus élargie de la commission exécutive confédérale de FO, qui compte 35 membres, doit se tenir ce mercredi. Elle pourrait bien sceller le sort de Pascal Pavageau. Reportée par le secrétaire général au 29 octobre, selon les Echos, elle pourrait tout de même se tenir «sans Pavageau s’il le faut», selon une autre source FO interrogée par l’AFP. «La grande majorité des membres va demander sa démission», assure-t-elle, «probablement dès mercredi». Des proches du secrétaire général ont indiqué de leur côté que Pascal Pavageau était actuellement en «arrêt maladie»… Mais Frédéric Homez, de la fédération métallurgie, qui est un proche de l’ancien secrétaire général Jean-Claude Mailly, et Hubert Raguin, secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement, connu pour être le chef de file des trotskystes-lambertistes au sein du syndicat, se sont fendus, lundi, d’une déclaration commune pour exiger le maintien de la réunion de mercredi.
Un éventuel départ du secrétaire général serait un coup dur pour FO, en campagne, comme les autres grands syndicats, pour des élections cruciales en décembre dans la fonction publique, dont est issu Pascal Pavageau. Des négociations clé doivent par ailleurs s’ouvrir avec le gouvernement sur la réforme des retraites et le secrétaire général de FO risque de ne pas être en position très confortable aux côtés des autres leaders syndicaux. Les révélations du Canard ont, en tout cas, ravivé les divisions propres à FO : d’un côté les défenseurs d’une ligne «réformiste», basée sur la concertation avec l’exécutif, celle défendue par Jean-Claude Mailly, l’ancien numéro 1 du syndicat ; de l’autre, les partisans d’une ligne plus offensive, mise en avant par Pascal Pavageau, adepte de manifestations et d’alliances avec d’autres organisations syndicales comme la CGT. Si Pascal Pavageau était contraint au départ par ses troupes, l’intérim serait assuré par le bureau confédéral, selon les statuts, a expliqué une source FO.