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Force ouvrière : «Mon père tenait un petit carnet noir sur les cadres» du syndicat
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Gino Sandri, 65 ans, fils de l’ancien bras droit d’André Bergeron, une des figures historiques du syndicat, révèle de très anciennes et discutables pratiques.
La crise fait rage chez Force ouvrière suite à la révélation le 10 octobre dernier, dans le Canard Enchaîné, d’un fichier rempli d’informations sensibles sur les cadres dirigeants de FO et tenu par des proches du numéro un, Pascal Pavageau (voir encadré). Du jamais vu dans l’organisation ? Non, si l’on en croit le témoignage exclusif du fils de Roger Sandri, l’ex-bras droit d’André Bergeron.
Gino Sandri, lui-même militant FO et ancien délégué syndical, a bien connu les pratiques au sommet du syndicat lorsque son père, Roger, était le numéro deux, de 1973 à 1984, de Bergeron, patron historique de FO. Il révèle que son père, décédé il y a deux ans, ne se séparait jamais d’un petit carnet noir dans lequel il notait toutes sortes d’informations, y compris les plus personnelles, relatives aux cadres du syndicat.
Ces pratiques visant à consigner dans un fichier occulte des renseignements sur les cadres de FO vous surprennent-elles ?
Gino Sandri. Je ne commenterai pas ce qui se passe actuellement. En revanche, cette démarche ne m’étonne pas. Mon père Roger Sandri, qui a été dix ans numéro deux au côté d’André Bergeron, jusqu’au moment où il a quitté ses fonctions en 1984, avait toujours sur lui un petit carnet noir. Il contenait les informations professionnelles et des renseignements intimes sur l’ensemble des secrétaires généraux des Unions départementales et des Fédérations de l’époque, des hommes comme des femmes. Lorsqu’il a rendu son mandat, il a aussi remis ce carnet, comme d’autres éléments confidentiels, à André Bergeron. Lui aussi possédait un carnet noir où il conservait tous les résultats détaillés des élections. Mon père l’avait évoqué une fois, dans une interview, après son départ. Et personne n’avait réagi à l’époque.
Cela peut s’apparenter à du « flicage ». A quoi était-ce destiné ?
Sur le principe, c’est une pratique normale de la vie syndicale qui a toujours existé chez FO, comme ailleurs. Les politiciens font la même chose dans leurs communes, leurs circonscriptions… Dans les entreprises aussi. Cela fait partie, comme disent les Anglais, du métier. A ce niveau de responsabilités, vous avez besoin de savoir sur qui vous pouvez vous appuyer. Bergeron était au courant de l’existence du carnet de mon père. D’ailleurs, ils échangeaient régulièrement sur leurs deux carnets.
Conserver des informations sur les gens, cela peut choquer. Et c’est aujourd’hui beaucoup plus encadré que par le passé…
Il ne s’agissait pas pour mon père de ficher les gens, mais simplement de savoir qui ils étaient. Il connaissait chaque personne intimement. Sur la vie privée, cela concernait surtout les questions familiales. Il était au courant parce que les cadres se confiaient à mon père et faisaient appel à lui pour régler les problèmes, quand il y en avait. Par exemple, s’il y avait un souci pour les études des enfants, mon père arrangeait les choses. C’était un soutien fraternel.