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    Compte-rendu de la première semaine de mobilisation chez Deliveroo

    Lien publiée le 18 octobre 2018

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://paris-luttes.info/compte-rendu-de-la-premiere-10899

    Voilà une semaine que beaucoup de choses semblent s’agiter en France chez Deliveroo. Contestant les nouvelles politiques de tarification qui conduisent à de fortes baisses de revenus, des livreurs de toutes les villes de France se sont regroupés dans de nombreuses applications de discussion (groupes facebook, Telegram, etc.) pour organiser localement des actions et tenir informés les autres de ce qui se fait et de ce qui peut se faire.

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    Des premiers rassemblements spontanés et déterminés :

    Plusieurs rassemblements très locaux ont donc été organisés ces derniers jours : vendredi 5 octobre c’étaient 25 livreurs de la zone PNO (Paris Nord Ouest) sur l’avenue Niel qui se sont rassemblés à midi. Puis dans la soirée du dimanche 7, à Paris, une quarantaine de livreurs des trois zones s’étaient regroupés à République : PNO, PN (Paris Nord) et PCRG (Paris Centre Rive Gauche, rassemblés initialement à Montparnasse partis en départ commun vélo et scooter jusque République). Un autre rassemblement d’une vingtaine de livreurs avait eu lieu le même soir à Rennes, ces derniers avaient même réussi à faire crasher l’algorithme. Ayant eu vent de l’agitation sur les réseaux, Deliveroo avait décidé d’instaurer une prime pluie que nous n’avions plus vue depuis des mois (… alors que le temps était parfaitement sec). En faisant cela, l’idée n’était pas tant de dissuader les livreurs de faire une grève dont Deliveroo savait qu’elle n’aurait que peu d’impact (pour le dimanche soir) mais de créer de l’animosité entre livreurs déjà en grève et ceux ayant continué de travailler, et du coup d’empêcher le mouvement de prendre de l’ampleur.

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    Première visite au bureau :

    Passé le premier stade de rassemblement, indispensable pour permettre aux livreurs de se rencontrer et se retrouver, il est devenu essentiel de planifier la suite des événements et de passer à des actions concrètes. Deliveroo ayant décidé de fermer les locaux censés nous accueillir en cas de problème juste avant l’annonce de la baisse de prix, nous avons donc décidé de passer rendre une petite visite à la direction prévue pour le vendredi 12 octobre.

    Avec un pré-rencart à 14h place de la République qui a réuni une cinquantaine de livreurs, un départ commun a été lancé à 15h vers la rue des petites écuries (Paris 10e) où se trouvent les bureaux de Deliveroo. Une fois arrivé à l’intérieur du bâtiment, nous nous sommes vite retrouvés face à une porte close : nous avions oublié de prendre rendez-vous ! Le bureau était fermé en plein après-midi d’un jour de semaine : nous ne saurons jamais si la direction s’était offert un weekend de trois jours en apprenant notre venue ou si elle s’est barricadée puis enfuie par une porte dérobée en entendant notre arrivée. Malgré plusieurs appels de notre part, cette dernière ne nous a offert aucune possibilité de la rencontrer, ou ne serait-ce que de mener une discussion téléphonique, nous promettant de nous rappeler par la suite (promesse non réalisée contrairement à celle faite aux journalistes nous accompagnant).

    La direction a en effet jugé plus utile de nous répondre via la presse en affirmant ne pas être impressionnée par un rassemblement de 50 livreurs alors que leur flotte en comporte 10 000 (dont seulement 4 000 ayant pu se connecter pour au moins une heure la semaine passée). C’est pourquoi nous avons décidé de reconduire le mouvement pour la semaine suivant (vendredi 19 octobre à 14h place de la République) et de revenir plus nombreux et toujours plus déterminés. A Lyon une action similaire avait elle aussi réunit une dizaine de livreurs place Antonin Poncet pour aller aux bureaux, ce rassemblement devrait également être reconduit.

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    Carte des principales villes représentées sur les groupes de discussions

    Le défi de l’organisation :

    Un des enjeux important des prochaines semaines sera d’accroître cette dynamique et de prendre confiance dans nos modes d’action et notre capacité à peser dans le rapport de force : notre salut ne dépendra pas du bon vouloir des plateformes ou d’une « grève des consommateurs » (boycott). Si certains modes d’actions tels que la « déconnexion massive » (l’idée de rassembler la grosse majorité des livreurs et de se déconnecter conjointement de la plateforme en espérant faire crasher l’algorithme) nous apparaissent comme infaisables dans une ville comme Paris réunissant plus de 1000 livreurs pour une seule plateforme, d’autres modes actions beaucoup plus efficaces sont encore à tester et à améliorer. Ces rassemblements statiques et souvent organisés de manière spontanée, ne semblent réunir que peu de livreurs et ne pas déboucher sur des résultats concrets. Ils restent néanmoins essentiels comme première étape pour établir le maximum de contacts entre livreurs, et de permettre de décider collectivement des suites d’une mobilisation. Chaque rassemblement, si petit soit-il, permet alors de structurer le mouvement et d’envisager des actions commune avec différentes villes de France et d’Europe.

    Il apparaît ensuite que la force de nos mobilisations tient tout d’abord grâce à un travail d’organisation en amont permettant de faire circuler les infos auprès de livreurs qu’on a souvent du mal à atteindre (par le biais d’applications de discussion, d’organisation de sessions de tractage, etc.). Mais surtout notre avantage sur le terrain tient grâce à notre mobilité et notre capacité à cibler les points faibles de l’algorithme, de frapper les points chauds où se concentrent la majorité des commandes et donc les principales sources de revenus des plateformes. Ce type d’actions nécessitent alors de travailler conjointement avec tous les travailleurs des plateformes (Deliveroo, Uber Eats, Stuart pour les trois principales), mais aussi avec le personnel des restaurants (serveurs, cuisiniers) — dont les conditions de travail se dégradent également avec la multiplication des livraisons — et le soutien de militants extérieurs. Nous aurons besoin d’un maximum de solidarité sur les piquets de grève !

    Texte initialement publié sur La Rue est notre usine.
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    P.-S.

    Prochain rendez-vous Vendredi 19 à 14h place de la République